Après un passage en major chez Capitol, les Slum Village reviennent en indépendant avec un 4e album éponyme plus brut qu’à l’accoutumé. Donc oubliez le mielleux, mais néanmoins bon, ‘Detroit Deli’ ou la mixtape peu prometteuse ‘Prequel To A Classic’, car de toute façon ils ne pourront plus en refaire de classique tant que Baatin et les productions de Jay Dee seront absents. ‘Slum Village’ (Barak/Scenario Records), tout simplement, est un nouveau départ sur de nouvelles bases pour nos deux MC de Detroit, T3 et le prodigieux Elzhi.
Note : je précise par rapport à cette chronique d’origine que cet album était produit par BR Gunna, un duo de producteur composé de Young RJ, Fat Ray et un certain Black Milk, dont les prémices de ses productions à base de caisses claires caractéristiques se faisaient déjà bien entendre sur cet album.
Le duo Slum V aka S Villa ont pu recouvrer une certaine liberté de penser et par conséquent d’expression lyrical et artistique, comme ils le confirment sur « 05 » ou le premier morceau « Giant » en guise d’amuse bouche. La créativité a été quelque peu débridée, puisque SV s’essaient sur d’autres styles, preuve en est avec « Sergio » et sa touche latino. Plutôt un bon point surtout lorsqu’on croyait que nos deux larrons aller se coller une étiquette de rap à audience féminine. Mais non, ils frappent à grands coups de punchlines comme sur « 1,2 ».
Bon évidemment, il est inévitable de retrouver des morceaux à public féminin justement, un des thèmes récurrents qui leur colle à la peau depuis leurs débuts à vrai dire, mais un ou deux grand maximum (important de le noter). Cela dit, cela fait toujours plaisir de retrouver le chanteur nusoul Dwele (« Call Me » qui sample « Footsteps in the Dark » des Isley Brothers), ou quelques passages amoureux (« Can I Be Me »). L’esprit de Slum Village, même s’il a pas mal été trituré par les reformations, demeure et c’est ce qui importe. La fin de l’album appuie ce fait avec « Ez Up » et « Fantastic », qui n’est pas sans rappeler leur tout premier essai.
Bien qu’à ce niveau, on regrette de plus en plus les productions de J Dilla, l’album compense globalement par des instrumentaux assez jazzys et percutantes. ‘Slum Village’ est résolument plus hip hop et redonne un second souffle au groupe sans pour autant rattrapper des ‘Fantastic Vol 2’ ou même ‘Trinity’.