C’est lors de mon interview de B-Real poliment accordée à Streetblogger (lire l’article) à l’occasion de la sortie de son premier album Smoke N Mirrors (lire la chronique) qu’il a lâché une info qui n’a échappé à personne : les Cypress Hill préparent quelque chose en studio, après un Til Death Do Us Part salement critiqué qui les a réduit un temps (de cinq années) au silence. Un an après ces propos du leader du groupe hip-hop latino le plus connu de la planète, leur huitième album baptisé Rise Up (Priority Records/EMI) déboule dans les bacs dans le but précis de reconquérir leurs fans. Pas une mince affaire lorsqu’ils portent sur leurs épaules un fardeau très (trop?) lourd, le poids de leur propre passé légendaire.
Grâce à la mixité de leur musique et leur historique riche en classiques, les Cypress possèdent le même point commun que des groupes de rock qui ont marqué leur temps (AC/DC, Rolling Stones, Depeche Mode, The Cure et j’en passe) avant d’épuiser leur public avec des albums qui tournent en rond, des hiatus interminables ou des querelles d’égo entre membres : lorsqu’ils sont sur le retour juste quand on se demandait ce qu’ils étaient en train de devenir tellement ça fait longtemps qu’on a pas entendu parler d’eux, tout de suite on réécoute les vieux albums indémodables, on reporte les vieux T-Shirt et on se bouge en masse sans réfléchir pour assister à leurs concerts. Sauf s’ils prennent une direction hasardeuse, retombent en stand-by et n’ont plus qu’à attendre d’être canonisés dans dix ou vingt ans.
Pour ne pas déboussoler son public, il consiste de faire comme un retour aux sources, ‘back to basics’, en apportant un peu de nouveauté pour être actuel. Tout commence par un flashback : les premières paroles de « It Ain’t Nothin’ » reprise d’un de leurs concerts nous ramène à leurs tout débuts avant de balancer la sauce en compagnie de Young De, le protégé de B-Real. Leur style n’a pas fondamentalement changé, à savoir un mélange hétérogène de rap et rock, avec leurs thèmes de prédilections comme l’herbe et les histoires de gang principalement. Pour donner un coup de neuf à leur ckeu-ro, ils n’ont pas fait appel à n’importe qui : Tom Morello des Rage Against The Machine, Daron Malakian des System of Down et Mike Shinoda des Linkin Park. Les grands coups de guitare électrique plein d’énergie de « Rise Up » et « Shut’Em Down » nous gratouillent les oreilles, sans trop nous énerver. Le bâton de dynamite se trouve sur la dixième piste, « Trouble Seeker », sur lequel B-Real et Sen Dog s’en donnent à coeur joie sur les riffs de Daron Malakian, éclipsant la chanson rock toute molle « Carry Me Away » composée par Mike Shinoda et le commercial « Get It Anyway ». C’est comme s’il fallait dépasser un seuil d’énergie rock pour booster les MCs. Les Cypress Hill accusent le coup. Il n’y a plus qu’un ersatz de révolte. Bref.
S’ils ont du mal à allumer le feu, les Cypress allumeront les spliffs et tout va mieux. Le délirant « Light It Up » produit par Pete Rock (qui reprend un sample déjà utilisé sur le premier album des Black Eyed Peas) et « Pass The Dutch » avec Alchemist et Evidence co-produit par Muggs raviveront la flamme du briquer qui igne les spliffs. L’ami Everlast se joint au groupe sur probablement le meilleur titre de Rise Up, « Take My Pain », sur une prod de DJ Muggs et DJ Khalil. Muggs qui d’ailleurs est très en retrait par rapport au reste du groupe en ne participant que sur deux des titres que j’ai cité. Quel dommage quand on connaît la qualité de son récent travail pour GZA et Planet Asia, car les instrus de B-Real, qui le remplace dans le rôle de producteur, sont complètement dépassées (« Bang Bang », « Get ‘Em Up », « K.U.S.H. » pourtant co-produit par Sick Jacken). Seulement « I Unlimited » maintient le rythme et « Armed & Dangerous », qui n’aurait pas été soulful sans la contribution de Jake One, sont d’un niveau correct.
En essayant de terminer Rise Up sur une note latine, les Cypress ont convié le fleuron de la musique latino : Pitbull et Marc Anthony (monsieur Jennifer Lopez). Et pourquoi pas Ricky Martin tant qu’on y est ? La fière et joyeuse « Armada Latina » prend une tournure pour le moins surprenante mais, force est d’admettre, loin d’être désagréable.
Mais le point sur lequel les Cypress ont surtout failli c’est de ne pas nous faire dépasser de cette impression de nostalgie, de l’image que l’on a d’eux, celle du groupe qui a traversé les années 90 avec tous leurs classiques. Rise Up n’est définitivement pas un album qui contribue à redorer le mythe des Cypress Hill, trop reposés sur leurs acquis passés, d’autant que B-Real, Sen Dog et DJ Muggs ne sont pas tous équitablement impliqués dans le projet. Toutefois il parvient tout de même à redonner une certaine impulsion à leur carrière en perpétuant leur saga. La longévité avec un peu moins de gloire.
Pourrais-je savoir quels sont leur classique?
Je connais ce groupe que de nom et j’aimerais vraiment m’y mettre.
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Teste « Temple of Boom » et « IV », c’est leurs 3e et 4e skeud et ceux qui me sont le plus mémorables. Y a Black Sunday aussi!
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Je les testerai.
Tu les as chroniqués?
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non j’les connais juste très bien
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Le premier album éponyme est génial aussi, c’est le plus funky!!!!!
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