BJ The Chicago Kid « In my mind » @@@@


Beaucoup d’attente autour de BJ The Chicago Kid. D’abord parce qu’il a su prendre son temps pour nous faire languir, entre ses superbes extraits diffusés sur Internet depuis cinq ans et ses apparitions remarquables en featuring sur (une liste longue comme ça) des sorties rap et r&b les plus marquants de ces dernières années. Mais la principale raison de cette attente est probablement parce qu’il est, à 31 ans, l’un des meilleurs chanteurs soul/r&b de sa génération.

Aussi loin qu’on puisse remonter dans sa biographie, BJ baigne depuis tout jeune dans le milieu de la musique et notamment depuis le début des années 2000 en collaborant (en tant que backeur ou auteur) avec Mary Mary, Stevie Wonder ou bien Kanye West sur la BO Mission Impossible III. C’est plus tard qu’il décide de prendre son indépendance en s’emparant d’Internet pour diffuser ses propres chansons en auto-production sur le marché dématéralisé des mixtapes. Jusqu’à cet opus. En théorie, In My Mind est le second album de Bryan James Sledge, mais il s’agit bien de son premier album en major chez Universal, puisqu’il est signé chez le prestigieux et historique label Motown. Hé oui, ça en dit long sur son profil.

Dans la tête de ce prodige se rassemble une foule de pensées, d’influences et de sentiments. Ce qui en sort sur ce bien nommé et personnel In My Mind prend la forme d’un mélange de styles (soul, r&b, rap, gospel), d’ancien et de moderne, d’amour et d’humain. Très bien, BJ The Chicago Kid sait gérer tout cela avec facilité. Il fait partie de cette génération d’artistes aussi doués que polyvalents. Comme Anderson .Paak, il compose ses morceaux (avec l’aide de son frère Aaron Sledge), écrit et chante avec spontanéité, dit des choses crues comme des jolies choses, dégage beaucoup de pureté et de fraîcheur et garde sa foi proche de lui grâce à ses influences gospel. Et BJ, lui, inspire et expire un grain de voix qui peut prendre différentes saveurs. Ce sont ces qualités qui distinguent les grands artistes, des autres.

Pour continuer les comparaisons, et avec des grands noms tant qu’à faire, le kid de Chicago se situe quelque part entre D’Angelo et R Kelly. Pourtant c’est avec des morceaux possédant des empreintes hip-hop très contemporaines que débute l’écoute (« Man Down » et « Church » qui se délectent comme un spiritueux), même le titre soul « Love Inside » contient du screwed and chopped (technique visant à ralentir la voix pour la prendre plus grave et lente). Le protégé de Pharrell, le rappeur Buddy, ainsi que Chance the Rapper qu’on ne présente plus sont à l’office sur ces tracks. Mais la soul reprend ses droits et s’installe sous différentes formes : pop (« Waiting Til the Morning« , « Heart Crush« ), nu ou néo (« Crazy« , « Turnin’ Me Up« ) et vintage (« The New Cupid« , « Woman’s World« ), pour atteindre le firmament avec « Jeremiah/World Needs More Love » et cette puissance spirituelle et musicale émanant de ses racines gospel.

BJ The Chicago Kid nous a habitué plusieurs fois à faire des reprises ou à utiliser des instrumentaux connus. Pour son single « The New Cupid » il n’a pas hésité à reprendre l’instrumental aux relents vintage « Oh Girl » de Raphael Saadiq. Une bonne idée qui aurait pu être réservée pour une mixtape si Kendrick Lamar n’avait pas béni ce morceau d’un couplet. « Woman’s World » est logiquement un slow à l’ancienne inspiré de « Man’s World » de James Brown. Autre époque, « The Resume » (avec le sudiste Big K.R.I.T.) fait usage d’un outil bien eighties, le talk-box (l’ancêtre du vocoder et autotune). Utilisé pour les chants en back, il accentue l’intimité autour des paroles poétiques (« can I work that body like it’s a 9 to 5 »), déjà que l’émotion est purifiée par des claquements de doigts.

 

Alors oui, pour tout ce qui vient d’être écrit, BJ The Chicago Kid a les épaules, il a en lui la soul pour être un représentant de la Motown dans ce XXIème siècle. Il en a le pedigree et de nombreux talents et il en réalise la démonstration avec brio. In My Mind est une belle confirmation. Une critique toutefois, avant de crier trop vite au classique : avec une telle présence dans le milieu rap et r&b, on aurait aimé des chansons qui se démarquent nettement plus de ce qu’il nous a habitué jusqu’ici. Mais les critiques, vous savez hein, ça se balaie.

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