Les Neptunes avaient permis à LL Cool J de recouvrer une seconde jeunesse sur 10, qui devait être soit-disant le dernier album de LL chez Def Jam. Mais le sort en a voulu autrement. Cela faisait vingt ans pratiquement que James T. Smith est resté fidèle au label historique. Vingt putain d’années ! Record de longévité pour un mariage artiste rap+label. Un chèque plus tard, il appose une nouvelle signature pour deux nouveaux disques (merci Kevin Lyle), avec ce onzième album à la clé : The DEFinition. Autant profiter de sa cure de jouvence pour faire appel à un autre super-producteur de pointe : Timbaland (Aaliyah, Missy Elliott, Jay-Z,…). C’était aussi l’album de deux promesses de la part d’oncle L. La première: arrêter de faire des ballades mielleuses. L’autre pour Timbo, qui s’était juré de produire intégralement des albums. Ce fut plus ou moins ça.
LL Cool J reste en tout cas toujours dans ses thématiques favorites : les femmes, la séduction, les clubs, le sport microphonique… Toujours avec du muscle, mais avec plus de sérieux. Le G.O.A.T. (‘greatest of all time’) s’est revigoré une fois de plus, grâce aux productions très techniques et variées de Timbaland : son plus frais, flow au top, rien de tel pour mettre le feu. Car The DEFinition est une fois de plus un album de soirée, une habitude depuis Mr Smith. A la différence près qu’un niveau a été franchi, le couple LL/Timbo a fait monté la vitesse et la température d’un cran. On en avait déjà eu un avant-goût avec l’endiablé « HeadSprung » : ni crunk, ni trop bounce, un beat d’enfer, des basses lourdes et des coups de guitare électriques et funky bien secs. Même si la musique de Timbaland est une affaire goût, une chanson pareille est une excellente mise en jambe. Et c’est notamment la preuve que même à 36 ans, un rappeur peut avoir encore une carrure d’athlète pour faire enflammer la piste de danse.
Sur les onze chansons seulement (comme son nombre d’albums tiens), le producteur originaire de Virginia Beach produit en fait la grosse moitié de l’album environ. Et avec Timbaland, il faut s’attendre à une petite part de risque artistique, qui se solde par de bons uptempos (« Apple Cobbler« ), comme la rythmique de « Move Somethin » qui revoie une nouvelle fois le beat de « The Jump Off » de Lil Kim. Mais LL Cool J ne manque pas de s’appliquer pour accorder son très bon flow sur le beat. L’expérience parle. Et on danse en cadence ! La palme est destinée à « Feel The Beat« , un clin d’œil à la old school aussi bien dans les lyrics que dans la prod. Force est de constater que ces morceaux sont rudement efficace. On reprend son souffle pour une petite accalmie avec une pointe tribale (« Rub My Back« ), ou une ambiance sirupeuse (« Every Sip« ), au choix. Là, c’est peut être un peu tard pour dire que ceux qui n’aiment pas Timbaland iront voir ailleurs, les autres pourront prêter une oreille pour en effet constater un retournement de style chez LL. Quand bien même ce n’est pas Timbo aux commandes, les autres producteurs comme Dame Grease et N.O. Joe font du Timbaland. Ce dernier réalise la rythmique de « Move Somethin » qui s’inspire fortement du beat de « The Jump Off » de Lil Kim. Mais LL Cool J ne manque pas de s’appliquer pour accorder son très bon flow sur le beat. Et on danse en cadence !
Dommage que la chanson de R Kelly vienne casser le rythme (sur « I’m About To Get Her« ). Petit mid-tempo joué à la gratte sèche dont le chanteur nous a trop habitué depuis « Fiesta« . Sauf que ce ne sont pas les Trackmasters qui en sont responsables mais… Teddy Riley. Mh. Néanmoins cette collaboration reste exclusive, dans la mesure où le crooner r&b de Chicago et le rappeur à femme du Queens accouchent de leur premier morceau ensemble. Depuis le temps ! Enfin bon, ça reste collé dans la même veine que Best Of Both Worlds. L’autre intrus s’intitule « Hush » feat 7 Aurelius. Franchement, on reste perplexe, confus, mais ça a connu son succès en single. Le calme « Can’t Explain It » fera vite oublier ces petits dérapages pour revenir plus sur le sujet et la vibe de DEFinition grâce à Timbaland. On termine par un « 1 In The Morning » servi par Dame Grease, très nerveux, et puis couvre-feu. Place à la nuit… mais là il faudra mettre un autre disque.
La paire Timbaland/LL Cool J répondent presque à leurs promesses respectives. Ladies Love Cool James reste et restera un rappeur à tubes. Mais il coupe court avec son côté ‘lover’ mais pas totalement, ça lui colle trop à la peau. On retiendra que The DEFinition est album destiné à faire monter l’ambiance des débuts de soirées jusqu’au milieu de la nuit, mêlant futurs hits dancefloors et incartades plus langoureuses. Et si en plus vous aimez les exercices de style de Timbaland, n’hésitez pas.