“Y’all chicks didn’t even know the name of my band!”, c’est D12 bon sang! Le groupe à Eminem, avec d’autres rappeurs de Detroit comme Bizarre, Proof, Kon Artis, Swift et Kuniva. C’est le boys band le plus hardcore du monde, impossible de se tromper. Em’ le leader de la bande ! Tout de même satyrique comme chanson, contrastant bien avec la mélodie un peu bal musette. Le finish salsa, c’est bien fendard quand même ! Ils pètent tous un câble sur cette track, quelle bande de déconneurs ceux-là… Une bonne manière de re-présenter le groupe black (?) trash. Cool!
Chronique originale écrite en Avril 2014 sur Rap2K
Mais c’est qui les D12 ? Ils avaient sorti un premier album bien ficelé qui s’appellait ‘Devil’s Night’, et il était franchement pas mal avec des bombes comme « Purple Pills », « Ain’t Nuttin But Shit Music » et « Fight Music ». Là c’est ‘D12 World’, le monde des Dirty Dozen ! En tout cas elle est un peu moche la pochette, avec cette grosse main d’orc là, beurk… Au fait ça devait pas s’appeller ‘Halloween’? Bon bref, ça fait un moment qu’on parle de cet album en tout cas, tout le monde se demandait s’il allait être bien. Eminem est toujours producteur executif et a composé la moitié des instrus, normal, et Denaun Porter, le nom de producteur de Kon Artis, participe aussi activement. Le reste se partage entre d’autres architectes sonores bien nommés que je citerai au fur et à mesure. Mmh mmh…
J’aime bien aussi leur 2e single « 40 Oz », un hymne à la bière produit par les Trackboyz, c’est pour ça qu’elle sonne south cette chanson, limite crunk. Elle s’inscrit dans la lignée d’un « Get Low » de Lil Jon, genre le volume à fond en bagnole. Ah tiens, « 6 In The Morning », ça fait un moment qu’on l’entend, mais le beat est franchement pas mal, ça reste une bonne track. Et tiens, « Keep Talking » en bonus, ça fait toujours plaisir. Par contre j’suis déçu que « Census Bureau » n’y figure pas, tant pis…
Maintenant on va peut-être parler de l’album un peu plus en détail. Eminem ouvre le bal sur « Git Up », avec un beat travaillé et un nouveau flow, histoire de bien marquer le coup. Mais le blondinet n’est pas présent sur toutes les chansons, c’est sympa de sa part de s’effacer sur certains tracks pour laisser profiter ses collègues. Par contre côté featuring $hady/Aftermath, on trouve Obie Trice dans une bonne forme mais pas un seul membre des G Unit. Soit…
Le trio Proof, Eminem et Kon Artis assurent sur « How Come, » profitant au passage pour lancer une ou deux rimes à Royce Da 5’9. Denaun est le moins bon des trois, c’est sûr, mais bon, il produit des morceaux assez bons quand même, sonnant un tantinet westcoast (« I’ll Be Damned », « U R The One »). Mis à part Eminem qui augure des nouveaux flows, deux autres rappeurs se démarquent vraiment de leur comparses: Proof, celui aux dents de lapins là, il change de flow sur presque tous les morceaux, déjà qu’il rime super bien; et Bizarre quand à lui, le gros plein de soupe trash qui rappe comme il parle, il lâche toujours des couplets de dégénéré congénital. Kuniva et Swifty ont bien amélioré leurs flows et assurent bien, leur gratifiant d’une présence honorable. Certes!
N’empêche que le Bizarre, il a le luxe de poser lui tout seul sur un skit bien crado et sur un autre beat de Hi Tek avec « Just Like U ». Une instru bien puérile qui correspond bien au style décalé, des fois un peu pipi-caca, du groupe. C’est vrai qu’ils sont un peu tarés des 6 larrons. Mais ils forment une identité très cohésive, bien plus que des formations comme le euh… Wu Tang ? Il suffit d’écouter la bombe « Get My Gun » pour en être convaincu, ou encore la suite de « American Psycho » (plus B Real), produite par Dr Dre celle-là.
Ce qui m’a un peu déboussolé, c’est Kanye West qui produit la chanson-titre « D12 World » : l’instru inversée n’est pas mauvaise mais loin d’être excellente aussi, les rappeurs posent très bien dessus et c’est ça qui est le plus important. La dernière chanson « Good Die Young » a le mérite d’être la plus belle, elle est très touchante et pis la prod est superbe. Dédicace aussi à Bugz, membre des D12 décédé en 1999. Ouais sinon il y a deux-trois chansons un peu bof quand même, faut l’avouer, dont l’interêt est de se rattrapper lyricalement par moment.
Mmmh de la à dire s’il est mieux que leur premier album, il serait plutot judicieux de dire que les D12 ont bien évolué depuis ‘Devil’s Night’ (vive la langue de bois). On retiendra surtout que les rappeurs ont tous progressé au niveau du flow et des lyrics, surtout Eminem, Proof et Bizarre. Côté production aussi, Em’ soigne plus ses beats et Kon Artis commence à peser lourd.
Sinon, quand t’as vu c’que j’en dis, on peut dire que c’est un bon gros album, hein, franchement. Fuck D12 ! Euh, qu’est-ce que je raconte moi… Et pis bah si t’aime pas tant pis, que veux-tu que j’y fasse…