Rarement un rappeur Westcoast n’avait connu au début des années 2000 une telle exposition, un tel buzz depuis Snoop Dogg en 1992. The Way I Am était l’un des albums Westcoast les plus attendus de ce début d’année 2004, mais le rendez-vous a été manqué. Comment en est-on arrivé là ? Retour en arrière…
chronique originale écrite en Mars 2004
Knoc Turn’Al a fait une apparition déterminante sur Chronic 2001, sur des morceaux tels que « LA Niggaz » et « Bang Bang« . Déjà être invité sur l’album de Dre est souvent synonyme de grand talent. Rebelote avec la BO de The Wash, où Dre lui laisse la chance de faire un des refrains les plus meurtriers et chaudard qui soit sur « Bad Intentions« . Quelques mois plus tard sortait son EP Knoc’s Landin, un pur concentré de son californien moderne et éclectique dont on retiendra « The Knoc » avec Missy Elliott et « Muzik » produit par le jeune débutant Kanye West. Suffisant au point d’annuler son premier vrai opus, LA Confidential, que l’on pouvait trouver uniquement en bootleg sur Internet. Bref, un CV loin des piges de stagiaire qui a fait de lui l’un des meilleurs espoirs de la Côte Pacifique.
Cela fait pas mal de points communs avec Snoop Dogg, lui aussi catapulté par le docteur, au point que beaucoup de gens et journaleux le voyaient comme comme le « futur Snoop ». À quelques choses près, que ce soit au niveau physique ou au niveau du flow. On retrouve ces deux personnages en duo sur le premier single produit par Scott Storch, qui fait aussi office de titre de l’album, « The Way I Am« , où le jeune espoir scande « Dr Dre made two Chronics/ And this is Chronic 3 ! ». Ce qui a fini par paraître très présomptueux au final… Des morceaux efficaces et typiquement californiens sont évidemment au menu comme « Love LA » ou « Click-Click« . Knoc Turn’Al confirme ses talents d’écriture sur « Peepin Tom » et « Watch Out » avec son frère d’arme Hittman (une des pièces maîtresses de 2001 également). Les deux ghostwriters de Dr Dre sur un même morceau produit par Mel Man est forcément le signe d’une track de qualité.
Une bouffée d’air frais nous envahit, un G Funk très moderne, un chouilla avant-gardiste. Knoc est vraiment à l’aise sur des beats cosmiques comme sur « I Like« , « Love Slave » et « Have Fun« , produits respectivement par de grands ténors de la prod, Dr Dre, DJ Quik et Timbaland. Preuve que le rappeur est versatile et ne manque pas de nous impressionner en faisant évoluer son flow sur n’importe quel type d’instru et sa voix particulière l’identifie du premier coup. « Change The Game » fait partie des tueries westcoast proprement dites, n’hésitant pas à être gangsta pour la bonne cause. Après, l’époque voulait aussi que les instrus aux accents latinos composés de guitare sèche étaient quasi une figure imposée, chose faite avec « Never Stop Thuggin« .
Les nombreux invités de la fête sont aussi variés que l’album-même : Xzibit, Nate Dogg, Warren G, Jayo Felony, Slip Capone, Snoop Dogg, Lil Mo,… Plus une chanson bonus en fin d’album (« Him Or Me« ). Avec Knoc Turn’Al, la grande famille Westcoast s’agrandit puisque ce premier vrai album de qualité lui permet de passer du stade de rookie à celui d’artiste confirmé. The Way I Am n’est tout de même pas à la hauteur de nos espérances. Dommage qu’il lui manque ce quelque chose qui en aurait fait un vrai Westcoast Classic.
update : la suite de sa carrière a été des plus catastrophiques, Knoc étant un artiste rongé par l’alcool. Le retour au statut de simple artiste local qui a connu son heure de gloire fut rapide et brutal, impitoyable règles de l’industrie. The Way I Am sera son seul et unique album en major.