2003 et 2004 ont été les plus glorieuses années de Roc A Fella : la bombe Philadelphia Freeway a marqué les esprits, Jay-Z a sorti son ‘dernier’ album (avant sa fausse retraite anticipée…), Memphis Bleek a opéré son retour dans les bacs avec M.A.D.E., Kanye West a sorti son premier classique College Dropout, en attendant que Cam’Ron sorte son Purple Haze. Il y avait aussi les M.O.P., ODB, NORE et Beanie Siegel qui allaient bientôt entretenir cette pluie de missiles à leur tour… Ou pas du tout. Car comme vous le savez tous, 2004 a été le début de la fin de la dynastie Roc A Fella Records, tout l’empire s’est écroulé puis dilapidé entre Jigga et Dame Dash. Triste chute… Les Young Gunz étaient parmi les derniers à profiter de la suprématie du label.
Alors que tout allait pour le mieux pour Roc A Fella Records et que leurs rappeurs portaient fièrement les sappes Rocawear, sortait Tough Luv, le premier album des Young Gunz, espoirs très prometteurs originaires de Philadelphie remarqués sur la compilation ‘State Property Vol 2‘ et rameutés par Jay-Z depuis 2001. Ce duo est composé de Young Chris et Young Neef, deux jeunes rappeurs d’à peine 20 ans (à l’époque), déjà très précoces au niveau lyrical et flow. A la production de Tough Luv, on retrouve donc les producteurs attitrés du ROC, à savoir Just Blaze, Chad Hamilton, Bink, etc…
Pour faire la promo de leur album, ils ont tout d’abord remixé leur tube « Can’t Stop Won’t Stop » avec un couplet de Chingy en plein buzz, histoire de faire monter la mayonnaise, par conséquent on leur pardonnera ce choix pour ces motifs. Et pour montrer d’une certaine manière qu’ils n’ont pas l’intention de faire des pseudos déclarations d’amour sur leurs chansons, autant le dire avec le single « No Better Love » feat Rell : Young Neef ajoute d’entrée « I’ve only got two love/My family and music ». Dommage car on voyait plutôt Young Chris percer en solo contrairement à lui. A l’heure où est réécrite cette chro (Juin 2008), la sortie du solo de Chris reste hypothétique, ça tarde sérieusement, on sent qu’il va raccrocher… Bref!
Dès la première piste, le ton est donné avec « The Future Of The Roc« , un titre ambitieux pour ces deux jeunes rappeurs qui en ont dans le ventre, en charge de représenter leur crew. Maintenant qu’on voit bien que Roc A Fella n’est plus l’équipe soudée d’antan et ne subsiste qu’à travers Jay-Z et Kanye West… on se dit que les Young Gunz ont été le futur à très, très court terme, jusqu’en 2005. De quoi nous rendre nostalgique de cette période faste avec toute la dream-team du ROC et State Property, comme ceux qui figurent sur ce disque (Jayhovah, Cam’Ron, Beanie Sigel, Freeway, Sparks, Juelz Santana,…), les sons maisons qui faisant l’empreinte de Roc A Fella… Soupir. Ça ressemblait à ça quand Roc A Fella était un des labels les plus puissants du rap game. Bref !
Cet album était prometteur car il avait du potentiel avec des tracks comme « ROC U« , « Look In Your Eyes« , le superbe « North Of Death » (Young Chris en solo), « $$$ Girls » ou encore la tuerie « Never Take Me Alive » produite par Scott Storch avec Jay-Z pour parrainer les louveteaux. Chris & Neef ont apporté un peu sang neuf au sein du Roc et ça se ressent sur ce premier album. Ils sont aussi déjà très doués en ce qui concerne les refrains meurtriers et accrocheurs (comme celui de « Can’t Stop Won’t Stop« ), la façon de poser sur le beat, résultant de leur talent inné pour la rime. Les hymnes streets sont aussi de la partie comme « Friday Night » qui ne manquera pas de nous faire jumper, ou encore « Grown Man » un tantinet électro.
Malgré quelques erreurs de jeunesse, Tough Luv fut un bon premier album, très honorable et encourageant toutefois, que les aficionados de Roc A Fella ont su apprécier.
Je n’ai pas eu d’autre choix que de réadapter cette chronique publiée en Mars 2004 sur Rap2K, car maintenant l’actualité de Roc A Fella étant pauvre (Jadakiss, Kanye et Jigga), ça aurait créé un décalage.