FAF Larage « C’est ma cause » @@@@@


Jeune frère de Shurik’n, Faf Larage a fait ses classes rapologiques dans l’ombre du groupe IAM pendant la tournée d’Ombre est Lumière, au sein du collectif des Soul Swing N Radikal (composé de lui, Def Bond et K-Rhyme Le Roi. Ce sont eux qui ont sorti l’EP culte Le Retour de l’Ame Soul, sans pour autant éclater sur la scène hexagonale.

Ce n’est que vers 1997, avec la compilation Chroniques de Mars, que Faf le Stormbringa se lance en tant qu’artiste solo et laisse éclater ses dons de MCing au grand jour. Imhotep l’avait pris son sous aile en le signant préalablement sur son label Kif Kif Production. Il a même droit à un passage remarqué en radio avec « La Garde meurt mais ne se rend pas » aux côtés de son aîné. L’année suivante, Faf montre une autre facette de lui avec le personnage « Le Fainéant » sur Sad Hill de Kheops, plein d’humour et de dérision. 1999 est l’année du grand saut, C’est ma Cause vient bousculer les sorties rap français avec un Hip Hop 100% aux normes marseillaises.

(Chronique écrite en 2007 rééditée en 2016)

Démarrage avec ce morceau-titre par des notes de violons avant que Faf Larage libère son flow imparable sur ce plaidoyer qui témoigne de son engagement entier pour sa passion, sa vocation même : le hip hop. Les choses sérieuses commencent juste après, les faux MCs se font laminer et traquer sans merci sur « Putain d’bouffons », « Naze !!! » (scratchant une phrase d’Akhenaton) et la course-poursuite « Mission : Pas d’Faux », raconté sous un angle comique. Comique est d’ailleurs un adjectif qui correspond au style de Faf, doté d’un humour décapant qui balance avec son côté sérieux et impliqué, pour ne pas dire sans pitié. On retrouvera la suite des aventures de notre flemmard préféré et sa meuf dans « Le Fainéant à la Mer », toujours aussi hilarantes, et les tribulations du blaireau moyen qui passe une « Putain de soirée de merde ». Les histoires et la narration sont les gros points forts de Faf Larage, nous immergeant dans ses trips en créant des images et des situations grâce à ses textes très bien écrits. Il a de surcroît le sens de la formule et des phrases chocs, capable de dramatiser de simples faits de la vie de tous les jours (« A cet instant précis »), des choix difficiles (comme c’est le cas d’un cruel « Dilemme »), d’autres « Délires en vrac »…

Faf est aussi catégorie poids lourd en ce qui concerne les attaques verbales et l’art de la rime létale, à chaque fois bien accompagné lorsqu’il déploie ses frappes chirurgicales. Les renforts Def Bond, Rockin Squat et Monsieur R viennent armés pour un « Assaut Lyrical » de haute volée. Quant il s’agit de porter un message politico-social, les IAM débarquent au complet pour « J’Accuse », un titre emblématique qui n’est pas sans rappeler la lettre à Felix Faure écrite par Emile Zola un siècle plus tôt. Pour le refrain qu’il faut, l’appel est lancé à Jacky et Benji des Neg’ Marrons lorsqu’il « Faut Savoir Anticiper ». Un dernier détail dont on n’a pas encore parlé et pourtant primordial : le flow. Sa meilleure démonstration se trouve sur l’évident « Freestyle Flow », les deux mots expliquant bien le concept de ce morceau. Dans l’ensemble, question flow, impossible de prendre Faf en défaut.

Pour tout vous dire, Faf Larage possède la panoplie complète du MC idéal, sans compter ses très bons instrumentaux qu’il réalise lui-même, quand ce n’est pas Imhotep qui l’assiste derrière les machines. C’est Ma Cause est un éventail des multiples talents de Faf, son manifeste hip hop. Dommage qu’il ne se pris pas suffisamment au sérieux le restant de sa carrière…

 

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