On peut se permettre de taxer Drake de suiveur, à trop adapter son style de rap en fonction des tendances du moment, ce serait en revanche de la mauvaise foi de ne pas reconnaître que lui et son fidèle acolyte (cerveau ?) le producteur Noah « 40 » Shebib ont mis en place un bel élevage d’artistes canadiens pour créer ce OVO Sound. Y sont signés les PARTYNEXTDOOR, ILoveMakonnen, le producteur Boi-1da et ce duo Majid Jordan qui vient de sortir ce premier album homonyme.
Ce serait une erreur d’identifier à premières vue/écoute les producteurs du single « Hold On, We’re Goin’ Home » de Drake comme les homologues des Disclosure portant la coupe de cheveux de Jim Carrey dans Dumb & Dumber. Les Majid Jordan ne jouent pas tout à fait dans un registre similaire, bien que l’électro fasse partie de l’ADN de leur musique. Leur créneau se situe plus dans un hipster’n’b imprégné de rythmes pop 80s (« Shake Shake Shake » est le parfait exemple de cette synthèse). Pour résumer, c’est de la musique urbaine contemporaine particulièrement lisse et douce qui glisserait bien dans une playlist de soirée, entre The Weeknd et James Blake.
Les Majid Jordan versent de l’amour comme s’il en pleuvait (pour reprendre ce célèbre vers de Francis Cabrel), pas de larmes mais des petites perles comme « Love Is Always Here« , « Learn From Each Other » et « Every Step Every Way« . Aucune fausse note pour le chant, ni subterfuge correctif de voix (autotune et compagnie vous m’avez compris), le binôme fait les choses comme il faut, dans les règles et très proprement. Leur sensibilité ne fait pas défaut même si on pressent des douleurs cardiaques à travers leurs chansons comme sur « My Love » (« I am not your trophy »). Drake, en featuring sur ce morceau justement, a rendu OK pour des rappeurs d’avoir du chagrin à cause des femmes mais cela passe quand même mieux avec un fond de r&b.
Cet album des Majid Jordan est la bande-son parfaite de la Saint-Valentin pour ceux qui ne veulent pas la passer seul(e). Leur approche artistique intéressante, néanmoins relativement prudente, reste un bon exercice de style de néo-romantisme.