Travi$ Scott « Rodeo » @@@@


Qui est Travi$ Scott? Le nouveau boyfriend temporaire de Rihanna que l’on peut voir avec elle sur la campagne Puma. Gros raccourci je l’accorde, surtout qu’ils ont démenti l’info. Maintenant que j’ai votre attention, regardons brièvement son CV. Ce rappeur-producteur originaire de Houston est entré dans le giron de Kanye West qui l’a intégré dans sa branche Very GOOD Beats alors qu’il préparait Cruel Summer. Travis voit la vague se former et se lance avec sa mixtape Owl Pharaoh et voit son nom crédité sur des projets GOOD Music dont le fameux Yeezus en 2013.

En coulisse, le portrait du jeune homme n’est pas joli-joli. Selon un de ses anciens associés, Travis Scott est « un voleur, un menteur et un manipulateur ». Sur scène ce n’est pas folichon non plus, ses concerts peuvent rapidement tourner au vinaigre (il s’est fait éjecter de la scène de Lollapalooza après 5 minutes de set par exemple). Peu importe, le type est béni par la hype et c’est dans cet état de grâce qu’il sort son premier album Rodeo chez Grand Hustle, le label de T.I.

Travis Scott a un don certain pour le polymorphisme.

C’est d’ailleurs T.I. qui se colle à la narration de l’album, comme Common l’avait fait pour Man on the Moon de Kid CuDi. CuDi est d’ailleurs une source d’inspiration pour Travis, ce n’est pas tellement un secret, mais pas seulement (j’y reviendrai). Une grosse fraction de l’album est très axée trap music (la bonne première moitié), avec à la production Metro Boomin (qui est l’instigateur du carton de l’été DS2 de Future), Allen Ritter, Southside, Sonny Digital… Les guests qui accompagnent le mouvement pleuvent : 2 Chainz et Future sur le single « 3500« , Quavo des migos, Juicy JSwae Lee des Rae Sremmurd, Chief Keef (plus drill que trap mais ça passe), l’indescriptible Young Thug

À ce niveau-là, la trap n’est plus une mode, Rodeo est une preuve flagrante que le phénomène s’est démocratisé. Un élément très important, pour ne pas dire indispensable, parvient à nous convaincre de s’y convertir : Mike Dean. Cette légende de Houston (et proche collaborateur de Kanye depuis Graduation) est la codéine dans ce cocktail qui rend accro et trouble la réalité. Comment expliquer l’efficacité de « Nightcrawlers« , « Oh My Dis Side » (avec une ambiance groove à-la-Drake dans la seconde partie) ou l’aussi improbable que réussi « Maria I’m Drunk » avec Young Thug et la superstar Justin Bieber? Ce côté obscur spleenesque et ces distorsions dans le mixage, ce sont quelques-unes des nombreuses touches de Travi$ Scott, omniprésentes sur Rodeo, qui créent cette illusion d’être sous l’influences de diverses drogues puisque le rappeur en fait souvent allusion dans ses textes. Un de ses traitements les plus parlant est sur « 90210 » qui aurait pu être presque un titre r&b, mais c’est plus « Pray 4 Love » avec The Weeknd, la vedette actuelle du genre.

Passons un peu sur le côté parfois sur-produit de l’album et ses chansons rap ‘2-en-1’ pour parler de Travis. Lui, étrangement, ne produit presque rien, chante souvent avec de l’autotune, puisque c’est entré dans les moeurs, et niveau style (ou swag pour son cas), c’est la grande question. Outre Kid CuDi, il sait se confondre en A$AP Rockysur « Wasted » (en plus le type de prod combinant sample de flûte déprimant, un passage de Pimp C et screwed and chopped ressemble à s’y méprendre à du A$AP Rocky), en Drake sur « Impossible » (avec cette vibe vaporeuse caractéristique), en Rae Sremmurd sur l’autre single « Antidote » (dans la manière de chanter). Travis Scott a un don certain pour le polymorphisme. Le pire, c’est que ces morceaux-là sont vraiment bons. Le tour des invités (les vrais, pas les imitations) n’est pas terminé. Saint Kanye nous fait grâce de sa présence sur « Piss on Your Grave » en adoptant un flow trap mais c’est lui qui ramène un sample de Jimi Hendrix sur l’entame. Pharrell Williams est à la production du trippant « Flyin’ High« , le genre de titre un brin psychédélique qui donne envie de se mettre debout torse nu dans un cabrio pour essayer de toucher la Toro Y Moi qui passe sur le bridge comme s’il était assis sur un nuage.

Tout ça pour dire que Rodeo est la bonne surprise de la rentrée, mais on ne sait quoi penser de ce Travi$ Scott. Il laisse cette impression d’être le gars qui était là au bon endroit, au bon moment, avec le bon entourage. Sa mixture tient la route jusque que sur la Westside, perché entre fastlife et highlife.

Un commentaire Ajouter un commentaire

  1. Teapex dit :

    Je sais pas si t’avais écouté ses projets Owl Pharaoh (2013) et Days Before Rodeo (2014), mais si c’est pas déjà fait et si t’as la curiosité du gars je te conseil d’y jeter un coup d’oreille pour justement mieux cerner sa personalité musicale (je sais pas si jai pas préféré ces tapes à Rodeo d’ailleurs). Pour moi c’est le meilleur élève enfanté par 808 & Heartbreak !

    J’aime

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