Chez les McFerrin, on connaît surtout Bobby, l’auteur cette chanson culte du jazz-vocal « Don’t Worry Be Happy« . Maintenant on pourra compter sur son fils Taylor qui publie chez Brainfeeder un superbe premier essai, Early Riser.
Bienvenue dans une dimension parallèle où le free-jazz a fusionné avec le glitch-hop de Flying Lotus, la soul alternative d’un Thundercat et un fond spirituel de J Dilla. Early Riser s’élève avec « Postpartum » telle l’aube matinale où les rayons du soleil font renaître perpétuellement la splendeur d’un paysage rafraichi par la rosée de matin au-dessus duquel des astres continueraient de briller (« Florasia« ). La nature complexe et cosmique de la musique de Taylor McFerrin vit sans aucun paradoxe physique tellement son esthétisme semble facile et évidente.
Il prendrait plus d’heures que la durée d’écoute de l’album (d’une quarantaine de minutes seulement) pour explorer les moindres recoins et détails de cet album d’une richesse et d’une beauté à en suspendre le temps. Plutôt que cela, on préfère voyager indéfiniment dans la bulle de Taylor sur l’enchaînement « 4 PM« , « Stepps » et « Already There » accompagné de la basse alien de Thundercat et des claviers de Robert Glasper. Ou alors traverser le voile glacé de « Decisions » (feat Emily King) et « Place in my Heart » jusqu’à ce que la lumière reviennent dissiper la brume et resplendir à nouveau, quand les oiseaux gazouillent avec « Visible / Invisible » en trio avec son père Bobby McFerrin (aux vocalises) et le pianiste brésilien Cesar Camargo Mariand qui apporte une ineffable touche de classe.
On assiste là à la naissance d’un grand artiste.