La première cuvée des Jazz Liberatorz a été uninamement un des gros coups de coeur de l’année 2008 (lire la chronique de Clin d’Oeil), récompensé de surcroît par des critiques élogieuses. Et voilà qu’un nouvel album surgit dans les bacs, à notre grande surprise, s’appelant Fruit of the Past.

A faire preuve de perspicacité en zieutant attentivement la pochette et le tracklisting au dos, on se rend compte qu’il ne s’agit pas d’un millésime 2009 entièrement nouveau, mais d’un disque rétrospectif regroupant les premiers maxis produits par notre trio jazz-hop Mahdi, Damage et Dusty depuis leurs débuts complémenté avec quatre remixes, une collaboration avec Mos Def, de ravissantes parties instrumentales… Avis aux possesseurs de Clin d’Oeil, ce saut dans un passé proche est tout aussi indispensable et réjouissant !

« Music of the Mind pt 1« , et sa seconde partie située quelques pistes plus tard, est un montage sur le fil parfaitement éxécuté, comparable à un patchwork d’extraits de vinyls jazz et soul music. Ce défilé de beaux samples, qui forment les racines de leur arbre, nous introduisent dans l’univers ‘jazzlibien’, suivi d’un autre instru fait maison, « Loop Prisoners« .

C’est après ce délicieux apéritif qu’arrive « What’s Real » avec le chanteur/rappeur Aloe Blacc (des Emanon), l’un de leurs tout premier maxi sorti en 2003. Ce morceau ne fait du tout son âge tellement la fraîcheur demeure intacte et l’harmonie idéale. La piste « What’s Next To The Menu » préfigure « Music Makes The World Go Round » interprété par un autre artiste Stones Throw, Declaime, dans une version remixée par 20Syl des Hocus Pocus, pleine de bonne humeur. Comparé à l’original qui date de 2004 (présente aussi sur Fruit of the Past sur l’avant-dernière piste), c’est le jour et la nuit. Il y a Fat Lip des Pharcyde qui fait partie des collaborateurs des Jazzlib des premières heures, présent à deux reprises, sur l’obscur « Backpackers » dont l’atmosphere évoque immédiatement les belles heures de l’Âge d’Or du Hip Hop, de même que « My Style is Fly » remixé par le français Dela (en plus de sa version originale, planante mais différente dans la vibe jazzy). Le « Force Be With You » T-Love (sublime aussi bien quand elle chante qu’en mode rap), splendide dans sa version originale avec ces pianos, cuivres, violons…, se voit remixé par les Drum Brothers au même titre que le « After Party » de Wilchild, par les Jazzlib cette fois. La vedette de ce disque est sans nul doute Mos Def sur « Mountain Sunlight« , qui, malgré la sobriété de sa prestation, n’a pas fait autant plaisir à écouter depuis son classique Black On Both Sides. Et je n’exagère pas !

Les instrumentaux ont une place prépondérante sur Fruit of the Past, plus que sur Clin d’Oeil. Le groove suave de « Dark Keys » avec M’Selem aux Rhodes, la ballade « à Paris » les yeux fermés, la flûte enchantée de Rico sur « Breathing Pleasure » où le superbe « Slow Down » avec son échantillon de voix soulful, difficile de résister au charme de ces petits trésors de hip-hop/jazz. Franchement, entre ça, le projet Music’All, le nouvel Oxmo, la Classe de Musique du Klub des 7 et Change of Atmosphere de Dela, les français nous gâtent cette année.