Young Jeezy « The Recession » @@@


La tournée de Young Jeezy en Europe durant le mois de Mars a été soudainement annulée. Motif : enregistrement de son troisième album, The Recession. Motivation, inspiration, maintenant la crise économique, un sujet très d’actualité qui hérisse les cranes peu chevelus des politiciens. En ce qui concerne ce nouveau disque de Jeezy, cet intitulé paraît justifié lorsqu’on scrute de près les crédits : cinq featurings (et pas un membre de son groupe USDA, de Rick Ross ou même un petit Lil Wayne), peu de chers producteurs en vogue mais on en compte quatorze différents (dont une grosse moitié d’anonymes),… Comparé à The Inspiration, son LP le plus mainstream à ce jour (mais qui a paradoxalement moins fonctionné que le premier), c’est carrément la restriction budgétaire. Qui a dit régression ?

J’avoue que cet album ressemble étrangement au Let’s Get It : Thug Motivation de ses débuts, un opus qui m’a laissé sur une mauvaise impression. Ce que j’en ai retenu ? Un pénible marathon de beats trap-muzik pendant plus d’une heure, ajouté d’une dose de ad-libs à outrance. Sur Recession, idem de la piste 2 (un « Welcome Back » plus que correct) à la piste 9 : un trèèèès long up-tempo qui varie à certains moments donnés (en général ça indique que le morceau a changé), dont il inutile de citer le nom des tracks. Il ne faut pas mélanger la notion d’homogénéité et d’uniformité, nuance, comme il ne faut pas mélanger Anthony Hamilton avec Lil Boosie sur la même chanson (« Everything »). Je dirai dans ce cas que cette première partie d’album est trop uniforme, surtout après l’introduction triomphatrice certifiée DJ Toomp. Le point qui a évolué depuis Thug Motivation, c’est le flow du Snowman. J’aimais bien le surnommer ironiquement le « Cam’Ron sudiste » à l’époque, mais son phrasé anesthésié s’est – relativement – vivifié. Par contre, lyricalement, ce n’est pas encore un modèle du genre. Je n’irai pas jusqu’à le mesurer à Mike Jones niveau répétitions (pour que ça rentre bien dans le crâne), bien qu’il s’en rapproche de quelques centimètres. Mais dans un pays où la hype, le buzz et l’apparence prime par-dessus tout le reste, en l’occurrence celle d’un guide (de survie) pour hustlers copinant avec Usher, Mariah Carey et MTV… L’image et la personnalité de Young Jeezy sont des concepts en soi, un ersatz de charisme.

Pas de Cool & Dre, The Runners, Jazze Pha, Polow Da Don ou d’autres ‘productocopieurs’, Young Jeezy a choisi Drumma Boy pour son single « Put On » featuring Kanye West, qui lui rend la balle pour lui avoir piqué ses ad-libs sur « Can’t Tell Me Nothing ». C’est le commerce échangiste habituel du « je fais un feat pour toi, tu en fais un pour moi, comme ça on se ramasse des thunes ensemble ». La prestation est médiocre de la part de Kanye, et à mon avis, elle ne risque pas d’être la dernière… La honte, T-Pain l’a contaminé avec l’autotune, à moins qu’il s’agisse de Lil Wayne… Peu importe, je préfère de loin le couplet hallucinant de Jay-Z sur le remix. Je dois dire sinon que l’extrait « Vacation » donne un bon ordre d’idée du contenu… Par rapport à The Inspiration, ce disque est sensiblement moins approvisionné et diversifié. Enfin, il y a des morceaux soulfuls tels que « Circulate » produit par Don Cannon ou alors « Word Play » des Justice LEAGUE, un instru dans un registre similaire à celui de Rick Ross pour Trilla. Ce qu’il y a de vraiment anecdotique par ailleurs – outre les ad-libs dont on finit par faire abstraction -, c’est l’apparition de Trey Songz. On pourrait penser qu’il est devenu un chanteur r&b intérimaire. En conclusion de ce troisième opus, Young Jeezy a fait appel à Nas pour soutenir leur candidat Barak Obama sur « My President » (prod. Tha Bizness). Nas connaît son sujet par cœur puisqu’il nous a déjà huilé avec « Black President » sur son dernier LP éponyme. Cette invitation laisse oublier le fait que Jeezy l’avait critiqué pour Hip Hop is Dead, mais que voulez-vous… Bizness never personnal.

Young Jeezy nous fait croire qu’il revend de la came de qualité mais c’est nous mettre la poudre (blanche) aux yeux… C’est vrai que je n’y ai vu que du feu au départ, mais je ne suis tout de même pas dupe à ce point, hors de question que je me laisse rouler dans la farine. Pour faire court, la progression artistique du « rappeur » a ‘déévolué’, The Recession est passé en un Thug Motivation plus… digeste.

À réserver aux fans du bonhomme (de neige).

3 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Lubbykko dit :

    Good site! Interesting information.. )

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  2. Encore un skeud dont je ne comprends pas l’éffervesence que cetains ont pour celui-ci.
    J’trouves l’album beaucoup trop homogene à un point ou par moment j’ai l’impression que j’écoutes le même morceau. Les prods se ressemblent beaucoup trop, aucune diversité. Puis qu’est que c’est chiant d’avoir un Young Jeezy tout le long :(
    Là ou on attaque certains rappeurs avec leur album surchargé de featurings, lui en manque cruellement.

    Son album le moins bien pour ma part

    13/20

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  3. Kév dit :

    Je n’ai pas tout écouté mais je suis emballé par les 8 premières tracks à titre de comparaison j’ai aimé sans plus le II Trill alors que visiblement il est bien noté, comme quoi la critique restera toujours trop subjective..

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