Les White Boiz sont un super-duo comprenant le rappeur Krondon (du Strong Arm Steady) et le chanteur-producteur Shafiq Husayn (Sa-Ra Creative Partners). Cela fait plus d’un an et demi, à peu près, que leur joint-project dans les cartons de chez Stones Throw. Lorsque j’ai eu la chance d’interviewer Krondon (parfois orthographié KRNDN) pour Now Playing Mag, ce dernier avait évoqué ce projet en Février 2014 alors qu’il était quasi bouclé.

« Certaines personnes connaissent Shafiq Husayn du collectif Sa-Ra, avait-il déclaré à l’époque. Il a travaillé avec Erykah Badu, Robert Glasper, Mos Def, Bilal… je suis fan un de ce type depuis toujours. Il est différent et très éclectique. C’était un fan de l’album Stoney Jackson. Alors on s’est dit qu’il était temps d’enregistrer quelque chose. On a créé un chef d’oeuvre de musique, on espère le sortir à la fin de l’été, ça sortira chez Stones Throw. Le nom du groupe c’est les White Boiz. L’album est prêt, je peux pas encore vous dire qui seront les featurings. » Pour relire l’interview en entier, c’est ici. En gros, ses propos annonçait une petite merveille dans le futur et le futur c’est maintenant avec Neighborhood Wonderful.

Le nom de White Boiz tient du second degré connaissant les deux personnes. Krondon est noir albinos donc ‘blanc’ et dans les visuels des extraits comme « Water Ain’t Wet« , Shafiq a le visage cagoulé avec du tissu blanc, tous deux vêtus de blanc. Avec la pochette représentant le drapeau américain en noir et blanc fortement éclairci, le concept de tient.

Comme annoncé, ce projet de Krondon et Shafiq contient de jolies pépites, à commencer par « Live From The Mothership« , un clin d’oeil à George Clinton & The Parliament rendu top psychédélique avec les folkeux des Stepkids. Cette chanson donne une idée des compositions originales du très originales Shafiq, un producteur génial qui, pour ceux qui suivent les aventures des Sa-Ra depuis le début, nous a habitué à l’inhabituel. Que la balance de Neighborhood Wonderful penche vers la nusoul lo-fi cosmique ou le hip-hop expérimentale, Shafiq Husayn arrive toujours à créer de nouveaux rythmes et à surprendre, nous laissant dans de multiples réactions. Sur « G.U.N. » il utilise un instru discontinu, pour « Freedom » des sonorités 8-Bits par exemple. Mais vous savez quand on est curieux de la inconnue beauté…

Krondon pose ses proses à moitié off-beat avec sa voix caractéristique. Ses réflexions exhalées avec des relents de weed peuvent prendre des tournures politico-sociales (« Freedom« , « Water Ain’t Wet« , « G.U.N. » feat Chace Infinite), non sans une once de spiritualité. Et toujours ce gimmick typique qui consiste à soupirer en tremblant des lèvres.

Effectivement, cet album un tantinet étrange contient, outre des des intermèdes parlés où l’on détecte en musique de fond « Freddie’s Dead » de Curtis Mayfield, de petites merveilles comme la douceur soulful « Mary’s Son » avec Blu (Krondon use un tout petit peu d’autotune sur ce titre) -Blu que l’on retrouve sur le passage « Oliver Stone« – et « Erotica Exotica » avec Kween, une chanteuse que l’on pourrait confondre avec Erykah Badu. Au milieu de cet ensemble, la palme d’or (blanc) revient à « Bloomingdales » qui réunit la révélation Anderson .Paak, Jimetta Rose et à la basse, Thundercat. Gros coup de <3 pour cette chanson, le trésor de Neighborhood Wonderful.