« DJ KHALEEED !!! WE TAKIN OVER !! WE THE BEEEST !! THIS FOR THE HOOOD !! THIS FOR THE GHETTO !!! LISTENNN ! » Mais putain tu vas la fermer ta putain de gueule !!! Bon sang, il est insupportable ce type, une vraie plaie. On a vite compris que DJ Khaled était un pro de la méthode Coué dans le street-marketing de masse. Et le pire, c’est que ça marche.
We The Best (Terror Squad/Koch Records) en chiffres : 12 titres seulement avec l’intro et un skit ‘skippable’ (sans compter les trois bonus iTunes), 24 groupes/MCs et 6 producteurs/team producers différents (dont DJ Khaled). Dans le classement du nombre d’apparitions, ce n’est pas Lil Wayne qui figure en tête de liste (non, sans blague) en en cumulant ‘que’ trois contre cinq pour Rick Ross. À égalité avec Lil Wayne, il y a Trick Daddy, Fat Joe puis les rappeurs présents deux fois, ex-aequo Jadakiss, Birdman et Dre. Côté production, les Cool & Dre produisent quatre morceaux, les Runners deux, comme DJ Khaled dont on se demande à quoi sert ce gros fainéant, à part hurler sur les toutes les pistes de sa compilation (peut-on sincèrement parler d’album ?). La track qui contient le plus de featurings est « Bitch I’m From Dade County » avec sept invités au total, c’est moins que le remix de « I’m So Hood » qui en réunit neuf (!) en rajoutant Big Boi, Ludacris et Busta Rhymes au compteur. Pour en finir avec les chiffres, We The Best s’est écoulé à plus de 350 000 disques aux US (avec un contrat en indépendant, je vous laisse estimer les royalties obtenues), ainsi qu’un disque d’or pour les 500 000 sonneries « We Takin’ Over » téléchargées.
Et c’est parti pour du lourd avec « We Takin’ Over » feat T.I., Rick Ross, Fat Joe, Birdman & Lil Wayne, où Akon s’y met avec son gimmick à la noix en annonçant Konvict Muzik, alors que ce n’est même pas lui qui produit la track mais Danjahandz, lui fait juste le refrain facile. « Brown Paper Bag » s’en tire pas mal, grâce à des apparitions remarquées de Young Jeezy et Juelz Santana entre autre, mais c’est Lil Wayne qui fait le show en livrant un très bon couplet. Fat Joe y fait un peu de figuration, embarqué dans l’histoire parce que DJ Khaled est le seul membre des Terror Squad encore en activité. Quand ce n’est pas Akon qui joue les monsieur hook, c’est T-Pain qui s’y colle sur « I’m So Hood », encore un banger catapulté par les Runners et la clique de Slip-N-Side, Trick Daddy, Plies et Rick Ross. Le remix est bien plus impressionnant, car avec Lil Wayne, Birdman, Busta, Luda, Big Boi, Jeezy et le gros Joe, dommage qu’il ne figure pas sur la tracklist. Ensuite on passe au remake de « We Are The World » en mode ghetto rap avec « I’m From The Ghetto » featuring The Game, Jadakiss et Trick Daddy, représentant tour à tour la ouest, l’est et le sud. Touchant avec les chœurs d’enfants au refrain. Miami est le centre névralgique de cet album-compile, d’ailleurs on retrouve la dream presque au complet sur « Bitch I’m From Dade County » : Trina, Pitbull, Trick Daddy, Ross, C-Ride, Flo Rida, Brisco et Dre des Cool & Dre (fallait-il le préciser). Houston est dans la place avec Bun B et Paul Wall sur « Hit’em Up » et forcément la Nouvelle-Orléans avec couple père-fils (pour de faux) Baby Birdman et Weezy réunis une seconde fois avec « ‘S’ On My Chest », sur un instru de Kane Beatz. Après tout, c’est grâce à eux que DJ Khaled s’est fait connaître, il leur doit un fière chandelle.
La Eastcoast s’incruste minusculement dans ce gros sac de beats sudistes à la gloire de la Floride, à commencer par Beanie Sigel qui fait la promo de The Solution, une préview servi par un uptempo de Khaled qui ne présageait rien d’encourageant. La présence Bone Thugs N Harmony réduits à l’état de trio créent la surprise en posant sur « The Originators » sur une prod des Cool & Dre, les producteurs qui avec les forces conjointes de Fat Joe, Ja Rule et Jadakiss, nous refont ensemble un hymne au retour de « New-York » sur la map. Le hic, c’est que ça ne sonne pas vraiment new-york, comme les derniers disques de Fat Joe.
Au final, on a droit à une suite – non sans prétention – de facture plus ou moins identique à Listenn… The Album, utilisant les mêmes matières composites. DJ Khaled a le chic de sortir ses compilations avant l’été avec des bons bangers pour s’assurer un pic de ventes, mais il a oublié que l’Europe, ce n’est pas Miami, et que la durée de vie de We The Best se dégrade après la belle saison. Son seul mérite est de pouvoir combiner les rappeurs les plus hype du moment, car entre nous, un disque de DJ Khaled serait moins irritant sans DJ Khaled.
(écrit le 11 Aout 2008 )