The Game « The Documentary » @@@@½


Rarement dans l’industrie du rap on avait vu un tel buzz pour un artiste qui n’avait pas sorti un seul disque de sa vie. Encore une fois, c’est Interscope qui se cache derrière tout ce remue-ménage, autour d’une jeune recrue au blase très emblématique : The Game, ou Jayceon Taylor de son vrai nom. Ce jeune rappeur originaire de Los Angeles et découvert par JT The Bigga Figga est devenue en deux temps trois mouvement la nouvelle recrue de Dr Dre, dont il ne manquait plus qu’un artiste natif de Compton (tout comme lui) à son roster. Pour des raisons marketing sans doute, The Game a été signé sur Aftermath/G Unit, ce qui ne fait pourtant pas lui le 4e homme de 50 Cent. Le jeune gangsta est entre de bonnes mains. Pour pimenter le tout, il s’est fait de nombreux copains dans le rap game : Memphis Bleek, Joe Budden et Yukmouth. Pour provoquer encore plus d’engouement, l’album originellement intitulé symboliquement ‘Nigga Wit Attude vol 1’, a été maintes fois repoussé toujours pour des raisons stratégiques. The Game robothug? Nous sommes le 17 Janvier et son album ‘The Documentary’ est arrivé dans les bacs et sans plus attendre, voyons voir ce que ça vaut.

Note : La chronique a été publiée peu après la sortie de l’album, en février 2005 il me semble. Bien que Documentary ait très bien vieilli, j’ai encore du mal à le considérer comme un classique… Un album toujours très solide en tout cas et mémorable.


A première vue, un documentaire aux allures de super productions hollywoodiennes se cache derrière un boitier très sobre, surtout quand on sait que Dr Dre et 50 Cent gèrent l’executif. The Game était soi disant destiné à redonner un gain d’interêt de la Westcoast, en se considérant presque comme un fils spirituel des NWA avec un flow eastcoast. Pour ce disque, les gros moyens sont de mises, et Dr Dre n’a pas hésité même à créditer ses co-producteurs fétiches et autres associés tels que Scott Storch, Mike Elizondo, Mark Batson et un nouveau du nom de Focus. « Westside Story » retrace un peu l’histoire de la Westcoast ainsi que le parcours de notre jeune premier, qui ne manque d’ailleurs pas d’égo (« Westcoast never fell off / I was sleeping in Compton »). Histoire d’amener un peu de crédibilité west, « How We Do » mettra tout le monde d’accord malgré le présence de 50 Cent. Le beat est old school et banger à la fois, et passe super bien en boîte ou en voiture. The Game montre aussi qu’il sait jouer avec son flow sur le superbe « Start From Scratch » et le crooner Nate Dogg redonne quelques couleurs sur « Where I’m From ». Le gros morceau reste « The Documentary » produit par un inconnu, Jeff Bhasker, tout en ne manquant pas de faire de nombreuses références à des albums classiques ou reprend des rimes connues (ceci est valable pour presque toutes les chansons mais particulièrement celle-ci, « Westside Story » et « Dreams »).

Car si le flow très clair du bonhomme est discutable, les lyrics du ‘rap’s MVP’ sont souvent imprégnés de nombreux name dropping, en oubliant jamais de faire une dédicace à Dr Dre sur chaque morceaux. Il faut dire aussi que The Game est le résultat d’un patchwork entre Kool G Rap, Nas, Notorious BIG, Eazy-E, etc… donc ces influences ont tendance à rendre son style parfois impersonnel, même si le caractère de Chuck Taylor est bien trempé. Cette tendance à se répéter se vérifie lorsqu’il ressasse sans cesse que c’est un blood de Compton avec un casier judiciaire de gangsta, et qu’il a arrêté de trimer pour se mettre au rap il y a deux ans à peine. Des erreurs de jeunesse dira-t-on.

N’en déplaisent aux amateurs de son de la côte ouest, ‘The Documentary’ n’est pas du tout un album Westcoast proprement dit, même si Dr Dre en donne une certaine teinte. Avec une liste de producteurs comme Havoc, Timbaland, Kanye West, Just Blaze, Buckwild… et quelques chanteuses qui viennent adoucir l’album (Mary J Blige, Marsha des Floetry et Faith Evans), il est clair et net que le disque se veut plus universel et ouvert à un large public. Mais après tout, le but n’est que de représenter Compton et mettre les spotlights sur la west. Encore quelques tueries, comme « Runnin » et son instrumental funeste. Tony Yayo lache un couplet remarquable au point de voler la vedette de son dauphin. Timbo quant à lui largue un banger redoutable (« Put You On The Game »), tuant l’album à lui tout seul et The Game remonte le niveau de son flow pour se mesurer à Eminem sur (« We Ain’t »). Dédicace à la old school avec « No More Fun And Games » (produite par le génial Just Blaze), incrémentant un refrain des NWA (« Gangsta Gangsta »). Pour en revenir aux performances de Game, se référer au paragraphe précédent.

‘The Documentary’ est comme promis le gros album de la rentrée 2005, très varié au détriment d’un manque de personnalité. Ce n’est ni un disque westcoast donc, ni un classique, ni le disque de l’année, juste un bon gros disque. Pas la peine de crier au génie de ce phénomène marketing dont le mérite est d’avoir été honnête de bout en bout. Dommage aussi qu’il n’ait pas laissé une place pour ses complices du BlackWallStreet. Mais pour un premier essai, The Game a su exploiter tous les atouts légués par Dr Dre et 50 Cent, même si on a l’impression que ça le dépasse un peu. Un doc à écouter avec modération.

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