Il semblerait que la ville de Houston (Texas) semble vivre un second souffle par les temps qui courent, notamment grâce à des personnalités comme Lil Flip et la clique de chez Swisha House. La démocratisation du type “screwed & chopped” fait partie des facteurs à l’origine de la réémergence de la scène rap de H-Town. Cette figure emblématique qui se plait d’être considérée comme le President of The South, a participé à un nombre incalculables d’apparitions sur divers albums de Beanie Sigel à Chamillionnaire en passant par Lil Kim, histoire d’imposer au mieux sa présence dans le rap game. C’est pourquoi le Underground King Bun B, moitié du groupe mythique des UGK, profite de ce tremplin pour lancer sa première aventure solo, ‘Trill’ (chez Rap-A-Lot), la première depuis quinze ans de carrière au moins.
Note : Le membre des UGK Bun B clôt une année 2005 riche en sorties en provenance de Houston avec Paul Wall, Chamillionaire, Slim Thug et Mike Jones. Tout un symbôle, à double titre. C’est lui d’ailleurs qui a démocratisé le terme ‘trill’ avec ce premier volet de sa trilogie. Peut-être à force de représenter en cumulant un nombre important de featurings… sans s’arrêter jusqu’à aujourd’hui !
Le rappeur se présente lui-même sur « Bun », dont le martèlement redondant du beat ne fait qu’impressionner l’auditeur. Bun B possède un statut de “living legend”, il lui fallait donc bien une entrée triomphale pour démarrer son album. Pour mieux continuer de cerner le personnage, il suffira d’écouter « What I Represent (UGK) » sur une fantastique production signée Mannie Fresh. Ce titre colossal vient resituer le groupe phare en tête de liste, en manquant pas de faire au passage une dédicace à Pimp C, actuellement en prison. « The Story » raconte justement l’histoire de groupe, une performance de plus de cinq minutes sans refrains reprenant leur parcours, s’arrêtant sur des étapes clefs de leur carrière comme leur apparition sur « Big Pimpin’ » de Jay-Z, révélant le groupe sur la scène internationale. En somme, trois démonstrations de la souveraineté de Bun B sur tout le Texas.
‘Trill’ est composé d’un nombre d’invités assez conséquent (Baby, Juvenile, Young Jeezy par deux fois, son groupe MDDL FNGZ, Scarface, Too $hort, T.I., et ce n’est pas fini) et de tueries en puissance signées Mannie Fresh (« I’m Fresh »), Jazze Pha (« I’m Ballin ») entre autres. Même Travis Baker, ex-membre du groupe punk/rock Blink 182 (considéré qui plus est comme le meilleur batteur de sa génération), vient poser le beat de « Late Night ». Bun B et Ludacris crachent des couplets de feu sur le terrifiant « Trill Recognize Trill », et Jay-Z plus son comparse Pimp C en personnes viennent poser sur « Get Throwed » avec des flow off-beat sur le refrain. Mais la grosse tuerie à ne louper sous aucun prétexte est le remix de « Draped Up », un immense hommage à DJ Screw avec la nouvelle génération des H-Town All Starz au grand complet : Slim Thug, Paul Wall, Mike Jones, Lil Keke, Z-Ro, Lil Flip, Chamillionnaire, la liste est longue… Bun B pose un couplet plus long sur la version originale sinon.
On reconaît la patte de Mr Collipark sur « Git It », utilisant le même kit de beats que « Wait » des Ying Yang Twins, que l’on retrouve aussi sur ce morceau dancefloor et incendiaire. S’ajoute « Hold U Down » avec Baby, Mike Jones et le chanteur Trey Songz pour les quatre minutes minimum réglementaires accordés aux sons r&bisés, effet de mode oblige. Devant une telle pléiade de personnalités et de tracks, on en oublierait presque le flow limite lassant de Bun B, dont ses rimes sont maintes fois répétées afin de compenser un phrasé répétitif et cette impression de hacher chaque syllabe de façon monocorde. Mais un gros gros disque sudiste.