Quand les Slaughterhouse ont signé chez Shady Records en 2011, on s’était dit que c’était mérité pour Joell Ortiz, Joe Budden, Royce Da 5’9 et Crooked I, qu’ils ont enfin obtenu reconnaissance. C’était une très bonne nouvelle pour eux et aussi pour Eminem, qui après le démantèlement des D12, signe un super-groupe au potentiel inexploité. La question était de savoir comment il allait être exploité sur Welcome to our House.
« No fake MCs allowed », c’est l’avertissement posté à l’entrée de leur maison par les quatre rappeurs avant d’entamer le (très) long morceau de présentation « Our House » featuring Eminem, le cinquième as. Derrière le sérieux des quatre rappeurs, les productions ne suivent pas. Alors qu’ils avaient les moyens d’avoir des DJ Premier, Alchemist, Havoc ou pourquoi pas un collaborateur de Dr Dre, au lieu de ça, c’est des prods de T-Minus, araabMUZIK, Alex da Kid, J.U.S.T.I.C.E League, Boi-1da et Streetrunner qui ont été choisis, avec Eminem derrière pour ajouter la touche finale. C’est ce qui s’appelle prendre à contrepied. Les Slaughterhouse sont clairement passés de l’underground au mainstream, sans trop chercher à trouver un équilibre afin de garder quelque chose de plus traditionnel dans les prods. Ou alors quelque chose de plus typique d’Eminem, comme la bonus track « Asylum« .
C’est comme si au lieu de nous balancer de la viande fraîche et saignante dans la figure, ils nous la préparaient les pièces de viandes proprement dans barquettes avec un joli emballage pour mettre en rayon, le tout avec une hygiène et un conditionnement impeccable. À chaque fois, on retrouve un gros beat avec des samples de pop, de rock ou une couverture de synthétiseurs, venant parfois gâcher les perfs monstrueuses des quatres super MCs. On a droit à l’air du vieux tube dance « The Rhythm of the Night » de Corona chanté par Cee-Lo sur le single « My Life« , un sample pas du tout reluisant du groupe métal KoRn sur « Hammerdance« , d’autres plus affreux comme sur « Flip a Bird« , etc… Sans parler des interventions de Skylar Grey littéralement déprimantes. Le feat de B.o.B. (en bonus track) tout comme Swizz Beatz sont superflus. Cee-Lo aussi, il a mal tourné. Peu de morceaux parviennent à satisfaire nos exigences, « Coffin’ » avec Busta Rhymes, « Get Up » et « Die« .
Décidément je ne saisis pas la politique artistique de Shady Records qui pousse à sortir des albums rap aseptisé (pour ne pas dire ultra-formaté) depuis Recovery d’Em’, avec fâcheuse tendance à mouler la musique hip-hop synthétique avec de la pop et du rock pour passer en radio. C’était valable pour Yelawolf, c’était valable aussi pour Bad Meets Evil, et ce second album de Slaughterhouse s’inscrit dans cette dynamique. Musicalement, Welcome to our House est similaire à l’EP de Bad Meets Evil, avec trois rappeurs supplémentaires et le double de morceaux. C’est tout de même la quatrième déconvenue d’affilée de la part de Shady Records… Finalement cette signature de Slaughterhouse est une bénédiction et une malédiction à la fois.


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