UGK « Underground Kingz » @@@@½


En quinze années de carrière, jamais la popularité des UGK n’a décru. Au contraire, leur cote n’a eu de cesse de grimper en notoriété en partie grâce à Bun B qui a bravement porté l’étendard pendant que son ami Pimp C était incarcéré depuis 2001. Libéré sur parole fin Décembre 2005, Pimp C a revêtu son manteau de fourrure et ses chaînes en platine pour enregistrer son double-album Pimpalation en 2006, tandis que Bun B poursuivait sans interruption ses apparitions en featuring. On se souvient bien aussi du coup de gueule de Pimp C sur Hot 97, quand il en a foutu plein la tronche aux Lil Flip, Ne-Yo, Russell Simmons, Ne-Yo, Pharrell, Mike Jones, Young Jeezy,… allant jusqu’à considérer qu’Atlanta ne fait pas partie du Dirty South sous prétexte que la ville n’est pas sur le même fuseau horaire que Houston. Bien que les réactions à chaud furent vives, les victimes concernées n’ont pas osé lui répondre tellement il est « vrai », rendu intouchable par le respect sans faille qu’il inspire. Dans cette lancée, un nouvel album des UGK, le premier depuis Dirty Money en 2001, s’annonçait comme inévitable et colossale, une réunion au sommet de la gloire. Pour ce faire, les UGK ont mis les bouchées doubles pour réaliser une œuvre à la mesure de leur réputation, à la hauteur de leur statut de légendes vivantes de Houston, le double-album Underground Kingz.

En deux CDs de treize pistes chacun (à vous de faire la multiplication), le duo charismatique nous offre un contenu solide, un concentré de hip-hop texan (co-)produit par Pimp C lui-même sur une bonne partie. Il est important de la signaler car peu de gens savent qu’il est un bon producteur, avec un style de prod assez funky. Avec des morceaux de la consistance de « The Game Belongs To Me » et « Undergroung Kingz », lui et Bun B se partagent à eux deux un trône qu’ils ne sont pas prêts de léguer à qui que ce soit. Les UGK ne sont pas dans le rap game pour faire les fines bouches, ils parviennent à faire plier n’importe quel aspirant rien qu’avec le poids imposant de l’aura qu’ils ont étendu au fil d’années de travail. Toute résistance est inutile, ils se permettent de toiser les belliqueux s’approchant de leurs territoires comme des détracteurs qui dénigrent stérilement le Dirty South, leur message est pourtant clair : « Quit Hatin’ the South’ » (feat Charlie Wilson et Willie D des mythiques Geto Boys). Leur chemin est passé sans embûches par les tapis rouges des Grammy Awards, le superbe « Int’l Anthem » avec les Outkast et produit par DJ Paul & Juicy J des Three 6 Mafia (samplant un standard de la soul, « I Choose You » de Willie Hutch) s’est en effet vu nominé dans la catégorie Best Rap Performance, mais n’a pas malheureusement pas reçu le victorieux trophée. Pas grave, ça ne rendra pas leur couronne plus étincelante qu’elle ne l’est déjà, les UGK continuent à « Still Ridin’ Dirty » avec le vrai king of the south légitime, Scarface.

Parmi les nombreux invités conviés sur cet édifice, le boss de Miami Rick Ross a flairé la poudre de « Cocaine », Too Short vient revisiter « Life Is » en prenant un temps d’avance (« Life is 2009 ») et Talib Kweli apporte sa bonne conscience sur « Real Woman », un titre bien smooth exempt de misogynie, emmené par le crooner de ces dames, Raheem DeVaughn. Underground Kingz est aussi le théâtre de coopérations insoupçonnées mais ô combien valorisantes, que ce soit avec l’anglais Dizzee Rascal sur « Two Types of Bitches » ou le tandem Kool G Rap/Big Daddy  Kane sur « Next Up », pour un dépoussiérage de « The Symphony » du Juice Crew orchestré par Marley Marl. Pareil pour les producteurs, qui leur sont entièrement dévoués. Jazze Pha ramène sa garniture habituelle (« Stop-N-Go »), il faut compter sur The Runners pour livrer un instru statutaire (« Take The Hood Back » feat Slim Thug, MDDL Fingaz et Sid Vicious)  et Lil Jon qui donne un coup de crunk sur « Like That », à moins que vous préféreriez le remix de Pimp C.

Au bout de cette voie royale, au prix de nombreux sacrifices, la consécration pour les UGK les attendait avec cet ultime album éponyme, qui s’est pointé au top des charts américain la semaine de sa sortie et leur a offert un disque d’or amplement mérité. À l’heure qu’il est, les aficionados du son du Sud s’accordent à dire que Underground Kingz est déjà un classique sudiste, assurément l’une des meilleures sorties Dirty South de 2007. Une nouvelle référence en matière de rap sudiste parfaitement indispensable. Les Kings de l’Underground pour la vie, et dans la mort, qui a fauché sans prévenir Pimp C un soir de Décembre… Triste ironie du sort lorsqu’on se passe maintenant « Heaven » et « Trill Niggaz Don’t Die ».

(chronique écrite le 11 Août 2008 )

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