Comme vous j’ai fait de grands yeux ronds lorsque je me suis rendu compte que l’apparition du californien et ex-présentateur de Pimp My Ride Xzibit dans une pub pour la marque Skoda n’était pas une hallucination. Ceci coïncidait pas si étrangement avec la sortie de son septième album Napalm fin Octobre après six années d’absence.
Mister X to the Z n’a jamais quitté le rap game mais on peut dire qu’il revient de loin, surtout après nous avoir laissé en 2006 sur le décevant Full Circle. Un passage à vide qui l »a conduit à rassembler efforts et moyens, ses mots et ses couilles pour ce bombardement sans préavis. Immédiatement le MC nous tient un briefing avec « State of Hip Hop vs Xzibit » qui met un coup de pression, dans la lourdeur, avant de reconquérir ce qui lui appartient de droit sur « Everything« , histoire de rappeler son grade dans le rap game. Il est intéressant d’observer qu’Xzibit dévoile davantage sa vie personnelle sur cet opus, plus spécialement sur « 1985« . Sur ce morceau, Alvin Joiner s’adresse à sa mère Trena décédée cette année-là et dont on peut l’entendre à travers de vieux enregistrements. L’homme prend le pas sur le rappeur, en commençant son texte par « I had to write, this is blood/because the ink wouldn’t stick ». Il ne fait pas qu’évoquer la perte de sa mère lorsqu’il n’avait que 9 ans, il revient aussi son émission de tuning sur MTV et le mauvais impact que cela a eu sur sa carrière dans le premier couplet.
Autrement, c’est du Xzibit. Il pousse ses rimes comme des altères avec sa voix légendaire voix rocailleuse entre gangsta-rap westocast (l’excellent « Gangsta Gangsta« ), ogives à message politiques (« Napalm« ) et autres bangers efficaces (Rick Rock est en bonne forme, notamment sur « Up Out The Way » feat E-40). X ne craint pas non plus de naviguer dans des séquences mainstream. Les tracks concernés comme « Forever a G » (avec juste ce qu’il faut de Wiz Khalifa au chant) et « Stand Tall » feat Slim tha Mobster sont réussies, X reste quoiqu’il arrive connecté à la rue, oualors ce « Meaning of Life« , pour son témoignage poignant du Sergent Shale Harris. Cette belle production ainsi que « Stand Tall » sont signées S1 (Kanye West, Little Brother…) et M-Phazes (un nom connu dans le milieu hip-hop indé).
Parmi les autres moments forts, on retient naturellement le morceau-titre-single 100% métal-rap inflammable « Napalm« . Avec Sid des Slipknot aux scratches et Travis Barker à la batterie, monstrueux. Ce n’est pas une anecdote non plus d’évoquer le fait qu’Xzibit s’est rendu sur place en Irak auprès des G.Is pour enregistrer son clip et réaliser des clichés que l’on peut apercevoir dans le livret du CD. Impossible de passer à côté de « Louis XIII« , réunion tant souhaitée du Likwit Crew, Alkoholiks et King Tee, sur une production de Dr Dre s’il-vous-plaît. Tellement dommage que le bonheur soit de courte durée! Le dernier couplet d’X sur « Movies » (sur un bon instrumental fourni par Akon) aussi est mémorable, créant des rimes uniquement à partir de titres de films. En contrepartie, il n’est pas rare de tomber sur des loupés, comme cette rencontre avec Prodigy sur « Something More » et ce « Enjoy The Night » (avec David Banner et Wiz Khalifa) qui tombe ridiculement, comme si on passait de Platoon à Tonnerre sous Tropiques avec Ben Stiller.
Le finish se déroule en deux temps, avec le thriller « I Came To Kill » (avec en option la voix mythique de RBX et un beat d’Illmind de série) suivi du drame du psychopathe « Killer’s Remorse » (prod Focus), featuring B-Real des Cypress Hill et Bishop Lamont l’ex-protégé du docteur, rien que ça. On ne peut que constater qu’Xzibit est bien entouré de gangsta-rappeurs, là Bishop et RBX, également Slim da Mobster (aussi un ex-membre d’Aftermath), Game, Crooked I… La Westcoast est dans la place!
C’est navrant de voir à quel point Napalm est passé hors des radars et c’est un tort. On parle du meilleur album d’Xzibit depuis Man vs Machine pour ceux qui l’avaient kiffé, sinon Restless.