Avec Deeper Than Rap, Rick Ross a trouvé le style sur-mesure qu’il lui fallait, du gros son rap soulful et chic. Et comme il gagne en puissance à chaque nouvelle sortie, cette fois il cache sous les habillages de la J.U.S.T.I.C.E. League, les producteurs qui définissent le mieux son type d’instru de prédilection, un gilet à l’épreuve des balles. Vu son statut, la protection rapprochée des Triple C ne suffit plus.
De ce fait, en plus de porter le nom du célèbre mafieux Freeway Ricky Ross (qui lui a collé un procès au cul dernièrement) ou encore celui d’Albert Anastasia, il se permet de reprendre le nom emblématique de Teflon Don, l’autre surnom de John Gotti, dont la familia veut aussi interdire l’appellation au rappeur floridien. Raison de plus de se prémunir de cette réalité qui rattrape la fiction.
Comme pour son précédent LP, Rick Ross a mis les billets et sa réputation sur la table pour composer avec une impressionnante liste de Various Important Performers : Jay-Z, John Legend, Cee-Lo, Ne-Yo, T.I. Jadakiss et Styles P (séparément), Gucci Mane, Drake… et même l’élite de la Soul moderne comme Raphael Saadiq et Erykah Badu. Sans oublier le fait qu’il a engagé Diddy comme manager, le roi du hip-hop champagne en costard-cravate, qui se limite à balancer quelques vrai-faux messages de pub sur Twitter.
Malgré le succès et son emprise sur Miami, Ricky Rozay (son dernier sobriquet en date) joue la carte de la (fausse) modestie en clamant « I’m Not a Star », à fond dans son personnage de hustler ghetto-richard-mafioso qui prend de plus en plus à coeur son rôle de rappeur. L’instru est un pétard à mèche-courte fabriqué par la J.U.S.T.I.C.E. League pour cet avertissement. Son ancien boss Hova, en bon multi-millionnaire qui se respecte, le rejoint sur « Free Mason » (prod. The Inkredibles) avec John Legend au refrain. Et là on va encore crier au complot d’Illuminatis en croyant lire ‘francs-maçons’… C’en serait presque risible au point que Ricky laisse couler « Tears of Joy » (prod. No I.D.) assisté de Cee-Lo Green, qui renforce le caractère Soul de ce très bon morceau mêlé de guitare bluesy et d’orgues.
Dans la série des « Maybach Music », je voudrai le troisième volet avec cette fois les rappeurs T.I., Jadakiss et la divine Erykah Badu, toujours du très haut de gamme. Plus loin sur Teflon Don, Rick Ross continue d’exploiter le filon avec « Aston Martin Music » featuring Chrisette Michelle et Drake au chant, dont sa partie est ‘tunée’ par son ingé du son personnel Noah ’40’ Shebib. Même s’il est question d’un modèle de voiture plus sportive, Rick Ross conserve le même rythme de croisière que sa musique pour palace roulant nous conduisant du casino au yacht, entre Cannes et Monaco. « Super High » feat Ne-Yo traduit également sa lifestyle sur ce beat de première classe, smooth et fly, où le flow de Rick Ross s’appuie sur une épaisse ligne de basse. Mais ne croyez pas non plus qu’il se pavane tranquillement, « Live Fast, Die Young » résume cette philosophie de vie : en profiter au max. Bizarrement, c’est la track la plus longue de ce 4e album et c’est Kanye « back by unpopular demand » qui la co-produit, qui chante le refrain et qui pose un couplet tant qu’à faire. Parce que dans la vie de Ricky Ross, l’argent vient, l’argent repart tout aussi vite (« Blowin Money Fast » feat Styles P), ou la vie qui va avec.
Comme toute personne gagnant son argent avec les intérêts, Rick investit dans les clubs avec « N°1 », un banger dancefloor pas eurodance signé Danjahandz, partageant son carré avec Trey Songz et Diddy pour boire une bouteille de rosée. En revanche quand il s’agit de réhabiliter le nom de « MC Hammer » dans le game, il n’aurait pas du choisir Gucci Mane pour le seconder, sa perf est à oublier (comme celles du vrai MC Hammer). Puis comme il lui restait de l’argent dans sa poche intérieure droite, il s’est payé les services de Raphael Saadiq qui use au plus de 5% de son immense talent sur le titre final « All the Money in the World ». C’est sur cette dernière mise au point qu’on revoit tout le chemin de Rick Ross depuis « Hustlin’ »…

Répondre à Sagittarius Annuler la réponse.