Jake One presents « White Van Music » @@@1/2


Jake One fait partie de ces producteurs discrets qui possèdent une polyvalence leur permettant de figurer sur les crédits d’albums de rappeurs underground, indé ou mainstream. Ma première rencontre avec ce talent de la prod, ce fut en 2004 avec « Rock.Co Kane Flow » des De La Soul feat MF Doom, un instru démentiel qui variait de tempo. Puis plus tard, à force de scruter les livrets de CD, je me suis aperçu qu’il apparaissait aussi sur les albums du G Unit et Curtis de 50 Cent. Jake pratique le grand écart, c’est un fait avéré, sans jamais renier son style de base, plutôt standard (beat, sample…) mais relativement personnel musicalement. Comme Hi-Tek avec sa trilogie Hi-teknology, à son tour de briller avec White Van Music (publié chez l’indépendant Rhymesayers), un album compilant la crème de la crème en matière de hip-hop aujourd’hui. 

Si l’on attendait beaucoup de ce disque, au-delà de la pléthore d’invités de choix (que je citerai au fur et à mesure), le rendu demeure sans réelle surprise, comme si c’était prévisible quelque part. Le morceau d’intro, « I’m Coming », laisse la parole aux rappeurs/producteurs Black Milk et Nottz (qui grossissent ensemble significativement dans ma liste de tags dans la colonne de droite), une première approche qui donne une idée claire du menu qui va suivre. Freeway et MF Doom, qui fait ici son come-back après une traversée du désert, sont les deux rappeurs à s’octroyer deux tracks chacun. Freeway dans un premier temps lâche de très bonnes prestations avec « How We Ride » et surtout « The Truth » que l’on retient particulièrement à cause du couplet de Brother Ali (ça se passe de commentaires). Doom de son côté a gardé son phrasé si flegmatique, avec un ton plus agressif qu’auparavant toutefois, ce qu’on remarque sur « Trap Door » et « Get Er’ Done ». Jake One s’entend à merveille avec ces deux rappeurs, puisqu’il leur offre des beats presque sur-mesure. 

Notre producteur s’emploie à reprendre des associations de rappeurs qui ont déjà fait leur preuve, comme pour Bishop Lamont et Busta Rhymes, représentent Aftermath* sur « Dissin’ The Curb ». Pas mal, quoiqu’un instru de Black Milk leur conviendrait mieux, comme ce fut le cas sur Caltroit. Elzhi et Royce Da 5’9, les punchliners en puissance de Detroit, une autre combinaison mortelle qui nous en racontent de belles (« I make my city glow like the Billie Jean video »). Ils posent sur un instru aux reliefs soulignés, grâce à un sample seventies dans l’âme au groove prononcé. Le trinôme Evidence/Alchemist/Prodigy paraissait naturel dans la mesure où ces trois rappeurs se côtoient depuis belle lurette, dommage que P semble anémié par rapport à ses confrères sur ce « White Van ». On va finir par s’y habituer un jour ou l’autre. Par contre, voici un duo totalement inédit qui mérite notre attention : Posdnuous des De La Soul et Slug d’Atmosphere sur « Oh Really », l’un jouant habilement sur les mots avec son flow, le second véritable virtuose des métaphores. 

Au milieu de cette foule délirante se trouve Keak Da Sneak, sur le son nocturne « Soil Raps », et Young Buck, seul membre rescapé du G Unit, qui profite justement pour régler ses comptes avec son ancienne clique avec « Dead Wrong ». Sans vouloir manquer de respect à ses anciens collègues de label comme les M.O.P., eux aussi présents sur White Van Music en plage 2 (« Gangsta Boy »). Bien que la variété de personnalités soit large au possible, tout azimut on pourrait même dire, la production générale est assez homogène, voire peut-être un peu trop à mon goût. Du moins, c’est le ressenti que j’ai eu après une écoute entière. L’album se laisse apprécier à sa valeur, d’un bon niveau, néanmoins il n’y rien de transcendant là dedans, que ce soit en écoutant le titre avec les Little Brother, les M.O.P., Busta et Bishop, Blueprint, Casual,  etc… Sauf vers la toute fin d’album, après les sempiternelles condoléances envers les MCs et chanteurs de Soul disparus, il y a le soulful « Home » (feat Vitamin D, C Note, Maine & Ish), une petite merveille. 

Exercice réussi avec mention bien. Jake One est un bon producteur qui continue de faire son trou parmi plein d’autres bons producteurs.

 

*Busta Rhymes a enregistré ce morceau avant de quitter Aftermath

Postez vos avis!

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.