Dreddy Krueger s’est inspiré du slogan de la firme Apple ce projet avec ‘Think Differently Music’, dont l’emblême est le signe du W aux couleurs arc-en-ciel. Le concept de ‘Wu-Tang Meets The Indie Culture’ est alléchant pour ne pas dire excitant et n’a rien d’une compilation anodine: associer des membres du Wu-Tang Clan, et autres affiliés du Wu, avec la crême des rappeurs undergrounds et indépendants pour en faire des combinaisons redoutables (comme ci-dessus sur le sondage), le tout sur des instrumentaux signés par le maître RZA et son disciple Mathematics. Bien que la majeure partie du Wu-Tang n’ait pas répondu présente (Raekwon, Method Man, Ghostface, Masta Killa et Inspectah Deck out), ce qui importe c’est de voir quel mélange de couleurs rendra le meilleur contraste.
Note: probablement le side-project le plus intéressant du Wu encore à ce jour.
La premier duo formé est celui du genius GZA avec Ras Kass (« Lyrical Swords »), et autant dire que c’est un choc des titans croisant le fer: un sabre samouraï contre une lame à double tranchant. C’est la rencontre de deux lyricistes d’exception à la technicité exemplaire que tout sépare, car sur des côtes opposées (est et ouest) et deux styles entiers radicalement différents. Et le résultat est à la hauteur de l’attente. On retrouve nos deux guerriers un peu plus tard en compagnie de LA The Darkman et Scaramanga Shallah sur « Verses », un très bon morceau. L’autre paire qui mérite toute notre attention est celle de deux MC/ producteurs dont le génie n’est plus à prouver : le RZA et MF Doom. Lorsque l’architecte musical et leader du Wu-Tang s’unit avec le prolifique vilain masqué, l’alchimie sur « Biochemical Equation » est réussie, avec un petit bémol toutefois puisque Metal Face Doom ne pose qu’un seul couplet. Exit les membres du Wu, notre coup de coeur revient « Preservation » de Aesop Rock, en grande forme, et un Del Tha Funky Homosapiens toujours aussi trippant. D’ailleurs on retrouve ce dernier en solo en train de pousser la chansonnette sur le faux slow-jam « Fragments ».
Humeurs maussades et mauvaises mines, c’est le cocktail de Sean Price, U-God, C-Rayz-Walz et Prodigal Sunn avec « Still Grimey ». Des flows et des lyrics bien nerveux pour un quatuor pas très content qui se satisfont d’une atmosphère sombre et mélancolique. Parmi les autres collaborations à retenir, celles de Bronze Nazareth, Solomon Childs (du Theodore Unit) et la rappeuse Byata pour « Street Corners » sur un instrumental triste, et puis J-Live et RA The Rugged Man pour « Give It Up ». Et bien plus encore avec Tragedy Khadafi, Vast Aire (des Cannibal Ox), Timbo King (des Sunz Of Men), Rock Marciano (The UN), Casual, Littles, Planet Asia, J-Live, R.A. The Rugged Man, Bronze Nazareth, LA The Darkman… Autant de noms qui mettent déjà en éveil notre sens auditif pour se préparer à des attaques verbales dignes de de ce nom servis sur des instrus typiques du Wu: beats rocailleux, samples de voix et boucles poussiéreuses très mélodiques.
Un petit paragraphe consacré aux quelques interludes qui viennent s’intercaler dans les 19 pistes. D’habitude, c’est le genre de choses qu’on zappe très vite car souvent inutiles mais ça n’est pas le cas ici. Le premier « Skit » reprend par exemple un extrait de Bruce Lee dans ‘Opération Dragon’, et les deux philosophiques « Infomercial » narrée par Jim Jarmusch parlent de musique, de chao et de l’origine des symétries. Et puis il y a aussi l’hommage de DJ Noyze rendu au regretté Ol’ Dirty Bastard, décédé fin 2004, et dont on attendait un album posthume qui ne sortirai jamais.
Charmante compilation que voilà, et tout le monde sera unanime sur le choix du casting. Dans une période du rap game où le formatage crée de plus en plus de pression sur l’artistique au détriment de l’originalité et de la créativité, ‘Wu-Tang Meets The Indie Culture’ vient bousculer les règles avec un concept frais et innovant qui fera le plaisir autant aux aficionados du Wu-Tang que les amateurs de hip hop underground.
Excellent album, j’adore, j’adhère.
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