Après son nouveau classique Tha Last Meal, Snoop Dogg a quitté No Limit, le label de Master P, et sort son premier album à son propre compte sur Doggystyle Records. Comme le dit le titre de l’album, il en a payé le prix, bavé même. Et cette fois, pour ce défi de taille, il se débrouille de nouveau seul, sans l’apport de Dr Dre (!). Snoop est devenu un ‘boss’ et ne partage plus ses os à moelle. ‘Paid Tha Cost to Be Da Boss‘ marque aussi la tournure vers un Snoop plus ‘pimp’ que ‘gangsta’, et une ambiance sonore inédite de sa part. Mais les choses n’ont pas très bien commencé pour lui, puisque des copies pirates non-définitives ont commencé à circuler des mois avant sa sortie en Novembre 2002.
Rétrospective écrite en Septembre 2004 revue en Décembre 2015.
C’est donc dans une ambiance mafieuse que commence l’album avec une sorte de double intro « Don Doggy« / »Da Boss Would Like To See You« . Snoop s’essaie dans une revisite de son style et renoue avec ses premiers amours : le funk, comme l’attestent « Stoplight« , « Hourglass » (avec ses chiens fidèles Goldie Loc et Kokane) et « Paper’d Up« , samplant respectivement Parliament, Dennis Edwards (la basse ultra-samplé de « Don’t Look Any Further« ) et Cameo. On reste cependant bien loin du G Funk classique, puisque ces morceaux sont mus par une certaine maturité artistique, pour ne pas dire indépendance musicale. La trentaine est un âge de raison, et Snoop Dogg tente tant bien que mal une patte sonore plus personnelle. Il faut savoir prendre des risques dans la vie, c’est ce qu’il fait sur PTCTBDB (abrégeons).
Ses nouveaux copains The Neptunes signent les deux hits dont « From Da Chuuch To Da Palace » et l’immanquable tube de l’été 2003, « Beautiful« . Cette collaboration marque aussi un tournant dans la carrière de Snoop, l’éloignant une fois de plus de ce quoi les fans rêvent depuis des années et dont on avait espoir depuis ‘Tha Last Meal‘, c’est à dire un autre ‘Doggystyle‘, son premier grand classique.
D’autres bons morceaux s’ajoutent à la liste : « Lollipop » (feat Jay-Z) produit par Just Blaze (bien vu le sample de flûte), « From LB 2 Brick City » (avec ses comparses du 213 et Redman, produite par FredWreck) et « The One & Only« , à l’aise sur un beat de DJ Premier! A ce niveau d’écoute, on remarque implicitement une baisse d’implication dans le style californien pour préférer se tester sur des productions variées et osées. La présence de Jay-Z, Primo et Redman vaut pour acceptation définitive de S-N-double-O-P sur les terres new-yorkaises après des années de farouche rivalité. Le sud est à l’honneur par le biais du très populaire Ludacris sur « You Got What I Want« .
Mais le chien s’est un peu ramolli sur « I Believe In You » (sauf pour la sublime Latoya Williams), et traîne des pattes sur « Ballin » avec les Dramatics et l’assoupissant « Boss Playa« . Le tiercé « Suited’N Booted« / »You Got What I Want« / »Batman & Robin » (pourtant avec Lady of Rage, RBX et produit par DJ Premier sur le thème original du cartoon Batman) est une pâtée peu appétissante. On évite « Wasn’t Your Fault » pour passer sur « I Miss That Bitch » pour son ambiance nocturne.
‘Paid Tha Cost To Be Da Bo$$‘ est peut être l’album de l’indépendance mais l’absence de direction concrète (disons celle de Dr Dre) est marquante. Question substantielle : que viens faire l’immonde bouse avec Jamel en bonus track française sur un album déjà rempli à ras bord et pas toujours digeste ? Paie ta gamelle! Reste au final l’excellent « Pimp Slapp’d« , aux lyrics furieux, dirigés envers Suge Knight, le tout sur un sample du sacro-saint « Rapper’s Delight« .