Après l’apocalypse de Tical 2000 – The Judgement Day, il était temps de reconstruire… Cela faisait environ depuis 2002 que le Meth’ nous promettait ce troisième opus solo, il faudra attendre deux ans de rumeurs. Le rappeur repartait de 0 avec The Prequel avec la promesse d’un album de pur Method Man. Seulement voilà, rien qu’en regardant la trackliste, le scepticisme est de rigueur, vu le nombre d’invités : environ un par morceau en moyenne. Chouette compilation ! So, how high?

Le rappeur de « Bring The Pain » comptabilise seulement trois tracks en solo. « The Motto« , dans un style Shaolin qui prête à sourire, « The Show » et « Act Right » produit par Rockwilder : c’est comme ces morceaux-là qu’aurait dû être cet album. Les autres rappeurs du Wu Tang sont évidemment les bienvenus comme Ghostface (sur le très bon « AfterParty« ) et le face à face avec Raekwon (« The Turn » produit par RZA et ça sera son unique contribution en terme d’instru). Justement, à l’origine cet album devait inclure en majorité des productions de l’architecte musical du Wu… Mais le sort en voudra autrement, Method Man perdra son bras de fer avec les DA de Def Jam pour un album plus commercial. C’était la mode au début des années 2000 de faire des albums avec des bangers, des variantes r&b et des featurings en pagaille.

Tout le reste du LP, si on veut déjà résumer, c’est passable, au mieux, défendable. Seulement Methodman se contente d’un verset ou deux sur chaque morceau, le featuring (parmi Kardinal Offishal, Chinky, Streetlife…) faisant le reste. Certains beats pourront paraître fadasses comme « Who Ya’ll Rollin With« , qui reprend le même beat du bootleg « Ain’t A Damn Thing Change » mais sans Ol’ Dirty Bastard (quelle grossière erreur de ne pas l’avoir gardé!). Le reste pourra paraître déstabilisant en dépit d’une bonne qualité. Peut-être que les néophytes ont pu apprécier cet album, mais il était concevable que les puristes cracheront dessus, ce qui s’est produit fatalement. Dommage, très dommage, parce que le premier single « What’s Happenin » avec le nouvel artiste d’Aftermath, Busta Rhymes, laissait présager un LP de bon augure.

On continue quand même? Snoop Dogg et Redman assurent juste ce qu’il faut sur « We Some Dogs » produit par Mr Porter (des D12) : du bon funk tout simplement. Missy Elliott et P Diddy s’incrustent sur le tube « Say What » et Ludacris (le roi du featuring à l’époque), lâche un couplet de malade sur le ‘timbalandien’ « Rodeo« . Et Meth dans tout ça ? Il pose ses rimes sur l’instru sans faire d’effort, son flow restant sa spécialité. A croire qu’il ne s’est pas trop trop foulé pour cet album, il est difficile de cerner sa réelle prestation vu la boulimie de featuring. Il était meilleur quand il fumait plus de beuh. A moins que ce soit la politique de Def Jam qui en ait voulu ainsi, revoir le côté artistique propre à Johnny Blaze vers un style plus… « commercial » comme je disais. Au risque de démotiver le rappeur, de peut être faire capoter les ventes de ce bon album comme celui de Joe Budden ou pire, de perdre en popularité auprès des fans du Wu.

On ne sait pas trop quoi penser de ce Tical 0. Il est moyennement bon qualitativement parlant et ne correspond presque pas du tout au style de Methodman, encore moins du Wu Tang. Il est assez varié, tant mieux, mais on a comme un lourd sentiment de déception tout à fait normal pendant l’écoute. Les featuring rongent les trois quarts de l’album, mais ceci n’a pas été un argument de vente, au contraire. Attention, n’allez pas croire que ce 3e album est très mauvais, non loin de là tout de même, mais à l’échelle de sa carrière, c’est le moins bon. Un  drôle de gâchis. Blasé Meth’ ? Fallait bien faire un album pour nourrir la petite famille et payer les factures…