C’est foutu pour King Uncaged. A peine le roi libéré de prison qu’il y retourne en Novembre dernier pour violation de sa période de probation. Il a tout juste eu le temps de rentrer chez lui prendre une vraie douche, préparer une grosse mixtape, enregistrer une soixantaine de titres en studio, en clipper quelques extraits, faire la promo du film Takers (dans lequel il joue aux côtés de Paul Walker et Hayden Christensen), sortir en soirée début Septembre à Los Angeles avec sa femme sous l’emprise produits illicites pour se faire pécho en voiture par la LAPD. Conséquence directe : retour à la case prison pour 11 mois, l’obligeant à boucler à la va-vite son 7e album dont le nom changera en No Mercy.
Jusque le rockeux « Big Picture » (produit par son producteur fétiche DJ Toomp), le rappeur d’Atlanta ressort la même artillerie lourde qu’il s’est faite confisquer. Au démarrage de la lecture, le beat carabiné de Kanye West de « Welcome to the World » met le feu aux poudres, T.I. délivre un flow assassin tandis que Kid Cudi s’empare brièvement du refrain. Ensuite c’est un autre roi, Scarface, qui se présente sur le dernier couplet de « How Life Changed » sur un instru orienté Houston (on s’en serait un peu douté) de Lil C. Le single « Get Back Up » feat Chris Brown (produit par les Neptunes) adoucit les moeurs avant que T.I. reprenne les choses sérieusement avec « I Can’t Take It » feat Rocko et « All She Wrote » avec un Eminem plus en forme que lors de leur première collaboration (« Touchdown », NdR). Enfin, « No Mercy » (produit par la paire The-Dream & Tricky Stewart) revient sur le chapitre vécu par T.I. pendant son aller-retour en prison.
C’est après que le boss de Grand Hustle retombe dans ses habitudes avec des midtempos trap muzik efficaces certes mais trop répétitifs en copiant TI vs TIP et Paper Trail, les gros hits en moins. Les Neptunes (« Amazing » feat Pharrell), Jake One (« Salute ») et Danjahandz (« Everything On Me ») tentent d’élever le jeu mais sans prise de risque, ni nouveauté. T.I. va même jusqu’à opter pour une collaboration purement commerciale avec Drake sur « Poppin Bottles ». Il n’y a que « Lay On Me » produit par Rico Love & Jim Jonsin avec son sample électro de Cybotron (le même utilisé par Missy Elliott sur « Lose Control ») qui change significativement, sans pour autant correspondre au style du roi sur le déclin.
En 2004 lorsque T.I est fraîchement sorti de prison, il avait réalisé un come-back vengeur avec le très réussi Urban Legend après quoi il s’est assis sur le trône du Dirty South. Et je m’attendais à ce que King Uncaged, enfin, No Mercy, soit une machine de guerre du même acabit, au lieu de se reposer sur ses lauriers en présentant cet album manquant de relief, d’ambition et de hargne. Quelle ironie d’intituler le titre final « Castle Walls » (feat Christina Aguilera) quand on imagine Tip enfermé entre les quatre murs bétonnés d’un cachot de 6mètres carré à tourner en rond, comme sur ses derniers disques.

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