Ze big buzz hip-hop indé, c’est eux : Slaughterhouse. Prenez le temps de voir cette dream-team de rappeurs dont le but commun est de forcer le destin ensemble et faire en sorte que chacun soit reconnu à sa juste valeur, car ils sont liés le même point commun : ils auraient pu finir dans les poubelles des maisons de disques.
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Joe Budden : Champion des mxitapes, le natif du New Jersey a connu le succès en début de carrière mais la direction de Def Jam le laisse moisir. Il revient début 2009 avec Padded Room, un album sombre et pessimiste.
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Joell Ortiz : Originaire de Brooklyn, ce digne héritier des Biggie et Big Pun est repéré par Dr Dre qui le signe un temps sur Aftermath. Il sortira un street-album en indé avant de redevenir free agent. Malgré sa réputation et son potentiel, il attend son heure.
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Royce Da 5’9 : Ce punchliner hors-pair découvert par Eminem aurait pu avoir une brillante carrière s’il ne s’était pas brouillé avec son mentor. Le temps passant, il est devenu encore plus féroce.
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Crooked I : Longtemps prisonnier puis libéré de chez Death Row, Crooked I était un des espoirs de la Westcoast. Jamais il n’a sorti un disque, ses projets ont tous été archivés puis oubliés. Mais son talent n’a pas faiblit, bien au contraire.
Alors que le projet n’était qu’au stade embryonnaire, les tractations laissaient entendre que Saigon et Nino Bless allaient faire partie des élus. Le casting définitif est tel qu’il est affiché aujourd’hui. Effet inattendu : le super-groupe de rap Slaughterhouse a réveillé les hip-hopeurs endormis qui voient en eux ZE super groupe de rap. Un événement.
C’est naturel de voir tant d’enthousiasme quand on connaît les personnalités qui forment ce groupe. Leurs premières vidéos sont très suivies sur le Net (« Move On »,…) et voir ces quatre individualités soudées au point d’en faire un album, c’est très encourageant. Laquelle est la plus forte entre les quatre sera sujet à des débats passionnés mais j’aime dire que c’est celui qui frappe en premier qui gagne et c’est Royce qui ouvre les hostilités avec une agressivité incroyable, que ce soit le flow ou les lyrics, il détruit le beat de « Sound Off » à lui tout seul. Les emcees affichent une complicité étonnantes, ce qui n’est pas forcément synonyme de complémentarité mais la compétition en interne les poussent dans leurs retranchement dès les premiers morceaux (« Microphone », « Lyrical Murderers »). Le sens des mots flow et lyricisme brillent à nouveau dans le paysage hip-hop et chaque rappeur se distingue par son style.
« The One » est le single principal de l’album, la preuve qu’on peut encore faire des vrais hits rap pour les clubs. Les instrus sont vraiment volumineux dans le sens où certains beats sont ‘big’ (« Cuckoo »). Ils sont crédités Alchemist, Denaun Porter, Streetrunner, Focus ou encore DJ Khalil. Par contre j’apprécie pas des masses la récup du beat de « Not Tonight » déjà entendu sur le dernier Joe Budden. Pharoahe Monch est un très bon invité, il sied bien au statut des Slaughterhouse sur le bluesy « Salute », un brin gospel avec ses orgues. On y trouve également des jeunes loups (K Young,…), les New Royales et Melanie Rutherford pour les hooks. Des tracks plus traditionnelles comme « Cut You Loose » ou la tuerie « Killaz » sont imparables, sauf « Onslaught » un poil gâché par le gueulard Fatman Scoop.
Sans mentir, l’album des Slaughterhouse n’est pas l’énorme boucherie-charcuterie tant espérée contrairement à ce que leur nom présupposait (« l’abattoir », NdT), la faute à deux-trois prods mal choisies. Ne crions pas trop tôt au classique. Dommage aussi que certains de leurs sons qui ont créé l’engouement sur le Net (« Move On », « Wack Mcs », « Woodstock », « Fight Club »…) ne figurent pas au tracklisting, coupé trois fois par des skits. Tout de même, les vrais groupes de rap se font moins entendre ces jours-ci et celui-ci impressionne littéralement, il n’existe aucun faux semblant puisque ce sont des compagnons d’arme (ou d’infortunes) en quelque sorte. Ce projet est une excellente initiative et les 30 000 disques écoulés sur le marché indé prouvent la force de cette organisation de tueurs au micro.

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