Je me rappelle quand j’ai vu U-God, c’était dans un hôtel parisien, à la rentrée 2007. Le Wu-Tang entamait leur tournée européenne pendant laquelle ils commençaient la promo de leur cinquième album 8 Diagrams. On attendait à l’entrée, les journalistes des divers magasines, de choper les grosses têtes de files du Wu pour une interview juteuse. Sauf Method Man qui a loupé son avion, ni Raekwon qui a mystérieusement disparu après l’appel des journalistes hip-hop. Certains chanceux ont pu avoir RZA, Ghostface, GZA ou Inspectah Deck.
Et personne n’a demandé U-God. Parce que c’était le vilain petit canard du groupe ? Toujours est-il que je garde en mémoire cette image de lui, en train de manger un bout tout seul dans le salon de l’hôtel, sans que personne y prête attention, comme un parfait inconnu. Sauf pour moi bien entendu. Parmi tous les membres du Wu-Tang Clan, U-God a sûrement la plus mauvaise discographie. Quand Mathieu (alias Raging Bull) m’avait fait écouter « Jenny », tiré de son second album : affreux de chez affreux cet espère de morceau bâtard qui ressemblait à de l’électro-pop de cave.
C’est avec méfiance – je crains les otites – que j’ai été écouté Dopium (Frank Radio/ Babygrande) mais c’est presque en rigolant que je vous dirai que ce disque est relativement bon ! La troisième c’est la bonne, c’est écoutable et même mieux, appréciable. Sérieux !
Plein d’éléments de Dopium donnent du crédit à son concepteur : la présence de divers membres du clan (Method Man, Ghostface Killah, Raekwon, GZA) et affiliés (Cappadonna, Killah Priest), des featurings bien choisis (Slaine de la Coka Nostra, Sheek Louch et Large Professor) répartis sur les meilleurs titres du disque, un U-God ‘raw’ comme à son habitude et une bande de producteurs surprenants, Teddy Ted & J. Serbe, qui sans imiter parfaitement les RZA, Allah Mathematics, True Master ou Bronze Nazareth, font les @@@ de la note. Voyez des tracks comme « Train Tussle » avec Ghost et « Coke », tout trouvé pour Rae et Slaine, le mini-hymne « Wu-Tang » avec Meth ou la reprise de « New Classic » de Large Pro (avec Large Pro), on en attendait pas moins d’un membre du Wu.
Ce qui fait que la note ne dépasse pas les @@@, ce sont les bizarreries et erreurs grossières qui sont caractéristiques des albums de U-God. On compte le « Lipton » pas rafraîchissant avec Mike Ladd, on aime un peu ou on déteste, et le dégueulasse « Hips », un soit-disant banger qui ressemble plus à un machin glauque et douteux avec des synthés qui puent le rance. La présence sur Jim Jones sur « Magnum Force » est fortement discutable, y a pas débat, Sheek et U-God le relèvent haut la main. Pour faire court, tous les morceaux où U-God se trouve seul ou avec une personne dont le nom ne vous dit rien (Scotty Wotty, Lethaface) – excepté le très réussi « Dopium », du U-God à son top sur un instru soul ‘roots’ qu’il pourra accrocher à son mur de trophées – sont archi-mauvais ou ce sont les instrus qui sont foireux.
On aurait aussi très bien pu se passer totalement des trois remixes techno (oui vous avez bien lu ‘techno’, comme la musique boom boom avec des synthés) dégradés par Yuksek et Felix Carter entre autre. Ces pistes témoignant allègrement du cruel manque de sens artistique de U-God quand il se décide de vraiment pourrir notre ouïe permettent juste au CD d’atteindre les 50 minutes règlementaires.
Voilà pourquoi je n’ai mis que @@@ à Dopium, à cause des remixes pourraves et trois-quatre titres complètement moisis.

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