Beanie Sigel « The Solution » @@@


Beanie Sigel

 La sortie de prison de Beanie Sigel au début 2005, en plus de la médiatisation du divorce entre Jay-Z (devenu président de Def Jam) et Damon Dash (qui l’a gardé sous son aile en créant immédiatement son éphémère label Dame Dash Music Group), avait favorisé le buzz pour son 3e album, The B.Coming, qui s’est soldé à l’époque par des chiffres effarants : plus 200 000 copies au compteur dès la première semaine de sa commercialisation. Mais le vent a très vite tourné pour B.Mack – comme il aime se surnommer – puisqu’il s’est retrouvé du jour au lendemain sans maison de disque après la faillite subite de DDMG (et celle de l’amour-propre de Dame Dash). C’est là que son mentor Jigga, dans un élan de charité, lui propose le jour de la fête son anniversaire (le 6 Mars 2007 pour être exact) de rejoindre l’écurie qui l’a vu, Roc A Fella Records pour y sortir son 4e LP. Prévu pour s’intituler Return of the Bad Guy, Beanie s’en est finalement tenu au traditionnel titre nominal, qui est cette fois The Solution. Beanie Sigel justifie ce titre en parlant d’un point de vue personnel comment il a vécu le déchirement du Roc fin 2004 et ce qui l’a poussé à redevenir le bras droit de Jigga (le gauche étant réservé à Memphis Bleek).

 

Cet album a une connotation particulière parce qu’il contient des textes écrits après sa libération. On aurait pu s’attendre alors à un opus de l’acabit de B.Coming, ou alors un album empli de haine et de vengeance. Et bien on s’est mis le doigt dans l’œil. Sans remettre en cause son indéniable talent de lyriciste et un flow des plus acérés, la première partie d’album est risquée, mitigée et peu ambitieuse malgré le single « All of the Above » feat R Kelly et produit par The Runners, le chanteur r&b qui n’a visiblement plus d’amertume envers Jay-Z depuis le bide de leur tournée en commun. Si on s’attendait à des thèmes plus inspirés, ce n’est pas trop le cas, et en ce qui concerne les beats, Beanie n’a pas trouvé chaussure à son pied. Entre le hardcore « Go Low » (feat Rock City) aux accents ragga, l’irracontable « Bout That » servi par les Cool & Dre et le « Pass The Patron » entièrement gâché par le refrain chanté de Diddy (malgré une prod bouncy de Rockwilder et les caméos de Ghostface et Peedi Crakk), il n’y a pas de quoi prendre son pied, pas même l’intervention de Jay-Z qui ne déploie que le minimum syndical sur « Gutted ». « You Ain’t Ready » est la copie carbone de la track du même nom (produite par Dame Grease au passage) présente sur le Super Gangster de Styles P avec qui il partage l’affiche, le bémol de trop. 

À partir de « I’m In » à l’âme soul/r&b signé Chad West, les choses commencent à s’améliorer vaguement. Toute la seconde moitié de The Solution est produite par Dre & Vidal, un duo de producteurs à la renommée discrète, à l’exception de « Rain (Bridge) » laissé à Reefa, un morceau reconnaissable (façon de parler) grâce à la présence imposante de Scarface et du crooner Raheem DeVaughn, qui lui se permet de repasser sur « Prayer » en fin d’album. Les yeux sont écarquillés en face de « Jugement Day » et « Dear Self », en feat avec respectivement le papy rockeur Ozzy Osbourne et James Blunt. Les yeux oui, mais pars les oreilles, qui détectent une part de mensonge : ils sont juste samplés pour l’occasion (on reconnaît facilement « No Bravery » de James Blunt),, pas de véritables duos manigancés par les maisons de disque comme avec Sinik. Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir crédité Jay-Z pour avoir été scratché à outrance sur « What They Gon Say To Me » ? Pas très honnête comme démarche. Donc pour résumer, à part trois, quatre titres à garder, il n’y a pas assez de pièces à se mettre sous la dent. Le MC de Philly a peut-être les crocs, mais il rogne les mauvais beats. 

 

Malheureusement, The Solution ne laissera pas de traces indélébiles dans nos mémoires, si ce n’est le souvenir d’un album correct, ce qui est insuffisant pour un MC de cette trempe. Rien de mauvais globalement, loin de là, ça paraît juste décevant à l’écoute. Tout comme le dernier Freeway, ce quatrième album de Beanie Sigel aurait pu bénéficier d’une durée de vie plus conséquente s’il était construit du même bois que ses anciens disques, à savoir avec les producteurs de la maison Roc A Fella et non pas des fournisseurs sudistes. Pourquoi ne pas avoir gardé Just Blaze à la place ? C’était la meilleure solution pour entériner sa carrière, reste à savoir s’il gardera cette option pour son 5e album, afin d’honorer comme il se doit son contrat chez Def Jam.  

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