Wu-Tang Clan « Wu-Tang Forever » @@@@©


Récapitulons. Après le boom de Enter The Wu-Tang, Method Man, ODB, Raekwon, GZA et Ghostface Killah ont sorti chacun leurs albums, échelonnés sur trois ans, cumulant wu-bangas, wu classics, dont deux classiques indiscutables, des disques d’or et des renommées internationales, chacun sur des labels différents, chacun affirmant son style, son égo, sa technique. On a très bien compris que ce sont les meilleurs d’entre eux qui ont pu avancer sur l’échiquier, sous le contrôle du monomaniaque RZA bien entendu.

Définitivement, The Abbot est la pièce maîtresse du jeu, celui qui envoie son armée sur le champs de bataille en développant stratégie, avec un droit de regard sur tout, le tout en avançant à leurs côtés : c’est bien lui le roi. Et cette stratégie a admirablement fonctionné, le Wu-Tang a ainsi conquiert la planète, une vague puissante qui est venue s’échouer jusque sur nos côtes méditerranéennes avec IAM.

Rétrospective écrite en Octobre 2016

Plus les albums se suivaient, plus cette question revenait : à quand une réunion  du clan tout entier ? Parce que comme vous le savez, comme le dit la devise belge : l’union fait la force. Et il fallait en faire une nouvelle démonstration, sachant que les membres pesaient plus lourd encore. La réponse fut donnée en 1997, la Terre a ralenti quelques instants avec la sortie événement du double-album Wu-Tang Forever. Forever ever. Forever ever… Forever ever ??? Telle est la question.

Le CD1 glisse dans le lecteur, et s’ensuit la loooongue introduction qu’est « Wu Revolution » avec Popa Wu et Uncle Pete pour ce message envoyé au monde, le tout sur un fond d’orgue désuet au possible. Puis vient enfin « Reunion », avec dans l’ordre GZA, ODB, RZA, Method Man et… c’est tout. La grande réunion n’est pas pour tout de suite, un peu de patience… En attendant, les membres du Wu qui brillent le plus, ce sont bien Inspectah Deck (qui produit « Visionz »), Masta Killa et même Cappadonna (qui sera considéré comme le 10e membre du Wu-Tang), ceux qui jusqu’alors étaient les moins exposés sont montés de plusieurs crans pour arriver au niveau des vedettes du clan. Leur heure de gloire arrive sur « For Heaven’s Sake », « A Better Tomorrow » ou bien la bombe « It’s Yourz », offrant de grands moments de bravoure. À côté, la suite de «  C.R.E.A.M. » (« Cash Still Rules/Scary Hours (Still Don’t Nothing Move But The Money) ») avec la triplette Meth/Ghost/Rae semble bien pâlichonne bien que « As High As Wu-Tang Get » s’en tire avec les honneurs.

Le CD2 démarre de nouveau par une intro, un blabla de RZA qui décrédibilise le r&b (ce qu’il appelle rap’n bullshit) et vante les qualités lyricales des fines lames du groupe, arguments d’un ‘vrai hip hop’. Mais le cerveau productif a trop forcé le trait dans sa volonté de produire un son ‘streetcrade’ pour garder de la streetcrèd’. Musicalement, Wu-Tang Forever sonne très différemment du premier classique du crew. Moins de samples de films d’arts martiaux, moins de refrains tous ensemble, les infrabasses ont remplacé les murmures bluesy et le grondements saturés des samples, des orgues tout sales font leur apparition, d’autres petits détails qui n’ont l’air de rien comme prises de voix de qualité inégales… Le choix artistique est radical. RZA assume. Toutefois on ne retrouve plus son coup de génie de 36 Chambers et la supériorité des prods qu’il a fourni pour ses généraux. Bref Wu-Tang Forever semble être né « vieux ».

Mais voilà « Triumph », cette réunion au grand complet, au sommet, et encore une fois Ins The Rebel se met en avant en lançant les hostilités avec ce couplet culte qui commence par « I bomb atomically / Socrates’ philosophies and hypotheses / Can’t define how I be dropping these mockeries/ Lyrically perform armed robbery/ Flee with the lottery, possibly they spotted me… » Pour l’anecdote, Brett Ratner a réalisé le clip avec l’invasion d’abeilles tueuses. Les samples ne manquent pas sur cette partie (devinez avec facilité ceux de « Little Ghetto Boy », « This City »…) et quelques tueries sortent du lot (« The M.G.M. » produite par True Master, « Hells Wind Staff »…) à côtés de titres plus douteux (« Black Shampoo »), voire scabreux comme le délire pipi-caca « Dog Shit » d’ODB qui frise l’auto-caricature Pour en finir avec le 2e CD, il faudra deux morceaux pour l’achever (« Second Coming » puis « The Closing »).

Si Raekwon et Ghost restent bien souvent inséparables, Wu-Tang Forever commençait à donner cette impression d’être en face d’une équipe de vedettes qui jouent perso et font le spectacle, des vedettes qui semblent en retrait, ou fatiguées, même Method Man qui pourtant tâche de répondre présent dès qu’il peut. La starification n’a pas eu que du bon et la volonté de RZA d’établir une égalité entre chaque membre semble fragile, mais pas l’unité. Son pouvoir de contrôle allait être discuté.

Wu-Tang Forever a de nombreuses tares dont on a préféré fermer les yeux dessus pour en rester à cette unité de façade tout à fait crédible. Peut-être qu’il est préférable d’en rester à cette image positive plutôt que tout ce qui ne va pas. À raison. Quatre fois platine, après avoir écoulé sur le sol américain plus de deux millions de disques (multiplié par deux…), le succès était mathématiquement au rendez-vous. Ce second album a eu le mérite de cristalliser cette épopée du Wu-Tang Clan. Les cadres allaient connaître encore de belles heures heures devant eux et les autres aussi mais… quant aux prochaines échéances du groupe, il n’y aura plus de miracle.

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