Autant commencer par la fin : MICHAEL, en lettres capitales svp, est quasiment l’aboutissement d’une d’une vie. Qui a commencé au début des années 2000 avec Outkast et la Dungeon Family, couronné d’un Grammy en 2003 pour le single « Whole World »; puis un premier album Monster plébiscité par la critique, la trilogie I Pledge Allegiance, ensuite ce run démentiel avec les Run The Jewels en compagnie d’El-P dans les années 2010, avec le top départ donné par le tonitruant R.A.P Music. A 48 ans, Killer Mike signe un sixième opus solo, celui qui sera le plus important de sa carrière.
Le ton est donné dès le premier morceau « Down By Law » : les saveurs sudistes, ces orgues, le gospel, la trap, des ingrédients qui vont nous accompagner tout le long de l’écoute, plus le chant de Cee-Lo Green, la prod de Cory Mo, l’influence de Rico Wade des Organized Noise. Les frissons. On prend conscience rapidement que rien en 2023 ne sonnera plus ATL que MICHAEL. Le producteur de Chicago No I.D. est de la partie sur cinq titres de l’album, un choix parfaitement approprié vu qu’il maitrise parfaitement les samples de soul, le gospel, et également la trap. Sur « Shed Tears », No I.D. montre qu’il sait s’adapter à la sauce southern en mettant une ligne de basse qui pourrait figurer sur les prods des Organized Noise dans les années 90. Sur « Run » (qui invite Young Thug), on a droit à la de soul-trap haut de gamme. Pour avoir de la trap plus dark, passer « Talk That Shit » avec son ambiance dark de Memphis signée DJ Paul. Sachez qu’il existe une version améliorée de ce titre encore plus terrible (« Still Talkin That Shit ») avec Projet Pat et Key Glock. Très bon prétexte pour être tout sauf poli.
La musique mais aussi les invités, leurs flows, ça respire l’air d’Atlanta. Naturellement on sera tous attirés, voire aimantés, sur « Scientists & Engineers » avec Andre 3000 (qui co-produit le titre avec James Blake, DJ Paul et No I.D.) et Future. Trois générations de la Dungeon réunis sur une track futuriste à souhait dans le pur esprit ATLiens, qui permettra à Killer Mike de rafler deux Grammy Awards en 2024. Cee-Lo Green est fantastique sur « Down By Law », on a vu aussi Young Thug, 2 Chainz est dans la place sur « Spaceship Views » (qui convie aussi Curren$y) et sur la version deluxe, T.I. et JID répondent présents sur « Maynard Vignette ». Un autre guest apporte un soutien significatif au projet, l’habitué des featurings Ty Dolla $ign, présent sur « Two Days » et le final « High & Holy », avec une grâce chez lui qu’on aimerait voir plus souvent. Le comparse El-P n’est pas oublié, il rappe et produit sur « Don’t Let The Devil », qui n’est pas du tout une track des Run The Jewels, les samples sont bel et bien soul et les beats pas du tout bourrins.
On se serait douté que MICHAEL est un album autobiographique. Le titre « Slummer » raconte ses amours d’adolescents et ses conséquences qui l’ont conduit à révéler un terrible secret qu’il a été très difficile à assumer. « Motherless » se passe de commentaire. Cet album ouvre la une boîte à souvenirs. Et toujours ces influences gospels et ces choeurs, ces basses qui donnent la juste mesure d’épaisseur et grandeur à l’album, une atmosphère dans laquelle Mike continue de nous asséner de lyrics politiques et censurables à souhait. Finalement, le Grammy Award 2024 du Best Rap Album était laaaaaaargement mé-ri-té. Et une pensée pour Rico Wade qui nous a quitté en 2024.
LA NOTE : 17,5/20


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