Rien qu’avec un titre comme NY’s Finest (Nature Sounds), une liste de featurings alléchante et cette pochette typée Blaxploitation (inspirée de celle de Hell de James Brown), beaucoup de puristes attendaient de pied ferme un retour en bonne et due forme de Pete Rock, tel un messie venant raviver la flamme du Hip Hop (dira-t-on d’un air théâtral). « New-York n’a pas eu un album comme ça depuis trop longtemps », avait-il déclaré sur cette prometteuse sortie. Mais à l’arrivée, nos espérances s’ébranlent : c’est la désillusion, la magie s’est comme dissipée…
Depuis 2006, Pete Rock a subsisté aux travers de productions dispersées parmi les albums de Ghostface Killah (avec le solide « Be Easy » qui déboîté pas mal de nuques), Talib Kweli (sur son Eardrum) ou encore Redman (le down-tempo « Gimmie One »). Seul ce dernier a donné son consentement mutuel sur ce NY’s Finest en rendant la pareille par un couplet de feu sur l’instru de « Best Believe », en compagnie d’un LD inconnu au bataillon mais tout aussi doué au mic.
Dans ce regroupement d’artistes rappeurs qui ont fait battre le cœur de la Grande Pomme, on retrouve le crew des Dipset représenté par les ennemis intimes Jim Jones et Max B sur le laid-back « We Roll », et celui du D-Block avec Sheek Louch et Styles P pour représenter le « 914 ». Soient deux collectifs Eastcoast en perte de vitesse.
Pour le plus grand plaisir des puristes, le Chocolate Boy déterre des reliques du siècle passé afin de créer un semblant de jubilation chez les plus nostalgiques de la période dorée. Des retrouvailles certainement plaisantes si…seulement c’était sorti dans le contexte d’il y a dix, quinze ans auparavant. Hormis le très lourd « Questions » des Royal Flush, bien accompagné par une grosse basse oppressante, les présences de Chip-Fu (ancien Fu-Schnickens) et Renée Neufville (ex-Zhane) sur « Ready Fe War » ne convainquent pas des masses, pas plus que cet ersatz de riddim reggae qui sert d’instru. Les Lords of the Underground et Doo Wop non plus ne méritent pas spécialement l’engouement suscité.
Mis à part l’entraînant « That’s What I’m Talking About » avec le chanteur Rell (la figure r&b qui a finit dans les placards de Roc A Fella) et le superbe « Made Man », la vibe soulful caractéristique de Pete Rock, élément essentiel de sa musique, semble éteinte. On retrouve à la place une humeur froide, terne, sans étincelle, à l’image d’un Hip Hop new-yorkais en berne si l’on veut. L’instru oppressante de « Till I Retire » témoigne de cette ambiance peu chaleureuse et Pete Rock livre des souvenirs de son glorieux passé pour vanter son indispensabilité dans le rap game. Et la plupart de ses couplets débouchent sur ce genre d’égotrip et des trucs à la ‘back in the days’ plutôt que de se consacrer pleinement à sa MPC.
Heureusement, sa culture du samples demeure intacte, et la manière dont il exploite le « Summer Madness » des Kool & The Gang sur « We Roll » en est la remarquable preuve, de même pour cet échantillon de « Take Time To Tell Her » de Jerry Butler utilisé sur « Made Man ». Quel plaisir de se passer « The PJs » en compagnie de Raekwon et Masta Killa qui déballent leurs flows sur cette basse smooth à souhait, bien que ce titre soit disponible depuis deux ans (sur la compilation Natural Selection mais c’est un détail). Idem pour le fédérateur « Bring Y’All Back » avec les intrus des Little Brother, les MCs les plus Eastcoast de la Caroline du Nord.
Hélas, NY’s Finest s’achève sur la piètre prestation de Papoose. L’éternel jeune premier (dont tout le monde pensait qu’il s’agissait du ‘next big thing’), scande « I’m the mixtape artist of the year » et « I’m the male rapper’s favorite female rappers » à qui pourrait le croire.
Cette impression que le Soul Brother essaie de survivre à sa légende, à une époque où le Dirty South règne outre mesure dans le rap game, procure à peu près le même effet que de voir – par exemple – Stallone de retour à l’affiche avec Rocky Balboa et John Rambo, à l’ère du cinéma numérique gavé aux effets spéciaux. Sauf que concernant ces deux films, c’étaient peut-être les meilleurs de leur franchise (selon les critiques), à l’inverse de cette livraison décevante de la part d’une légende vivante comme Pete Rock, signant là les beats les moins inspirés de toute sa carrière.
Ce retour dans les bacs manque cruellement de réalisme. Peut-être que Pete Rock aurait simplement dû faire du bon vieux Pete Rock, et nous régaler avec un Soul Surivor 3 ou un alors un disque purement instrumental.
Slt a toi!bonne chronique,je suis d’accord avec toi sur l’ensemble des titres mis a part le morceau avec Lord of the Underground que je trouve pas mal du tout,mais surtout je te trouve très très dur a propos de « Ready fe War »,qui pour moi est une des meilleurs pistes de l’album.C quand meme le riddim de « Welcome To Jamrock » que tu viens de descendre mrd!non j’rigole (enfin jaune).en tout cas super site,beaucoup de chroniques justes contrairement a d’autres…
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Salut, d’accord sur quelques points mais c’est toujours au dessus de la moyenne des sorties actuelles…
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