Le violon, cet instrument de musique classique très noble et bourgeois qui a accompagné les plus grandes symphonies jamais composées, en passant par Mozart, Beethoven jusqu’aux Quatre Saisons de Vivaldi, traversant plus de trois siècles d’histoire de la Renaissance à notre Ere Contemporaine. Quant on croise ce bijou d’orfèvrerie avec notre chère musique urbaine qu’est le Hip Hop, c’est un peu le choc des cultures, la rencontre de deux mondes radicalement opposés. Mais c’est le pari qu’a osé la très ravissante Miri Ben Ari, métisse d’origine israélienne et virtuose de l’instrument à corde. Vous avez sûrement pu déjà écouter ses talents de violoniste sur ‘College Dropout’, le premier album de Kanye West, ou l’apercevoir dans le clip de Twista, « Celebrity Overnight ». C’est pourquoi Jay-Z et Wyclef Jean l’ont surnommée – à juste titre – The Hip Hop Violonist.
Note : et en plus elle est trop belle. Un ‘volume II’ était prévu pour 2008 mais il n’y a jamais eu de suite…
Artiste accomplie, elle co-produit ce disque avec brio grâce à ses compositions mélodieuses et efficaces qui s’ajoutent aux instrumentaux (dont le terme prend plus de sens) de divers producteurs peu connus mais doués. Certes cet album solo prend plus des allures de compilations au regard de la liste d’invités prestigieux et variés qui ornent le tracklisting. Parmi eux, le premier qui trouve sa place est bien évidemment Kanye West qui produit deux morceaux, à savoir « Fly Away » feat Musiq et Fabolous et le superbe « New Symphony » avec Pharaohe Monch. Parmi l’une des grosses réussites question mélange des styles, mode repeat sur « Star Spangled Banner », une sorte d’impro jouée s’inspirant de l’hymne anglais, pourquoi pas, avec un beat box signé Doug E Fresh. C’est top originalité et créativité, et cela change beaucoup des boucles de violons samplées, parfois limitées dans l’usage.
Ce qui frappe, c’est que le mélange des genres fonctionne d’autant plus lorsque les artistes s’investissent pleinement sur leurs morceaux respectifs, quel que soit leur style de prédilection. En effet, les limites sont d’autant plus repoussées lorsque Miri Ben-Ari fait poser des membres qui viennent d’horizon divers, comme le style Dirty South notamment. Exemple avec les membres des Cash Money Millionnaire, Lil Wayne et Baby, sur « 4 Flat Tires ». Il est surprenant de voir les deux rappeurs s’essayer sur un beat loin d’être sudiste avec du violon qui plus est. Un autre cas est celui du single « Sunshine To The Rain » en compagnie du chanteur Anthony Hamilton et la légende vivante qu’est Scarface. Le reggaeton est à l’honneur aussi pour suivre l’effet de mode dira-t-on, sur le remix de « Jump & Spread Out » avec Fatman Scoop et Pitbull entre autres.
Bien que certains morceaux dérivent légèrement vers du r&b, dont il est inutile de préciser que ça reste de qualité comme l’atteste « I’ve Been Waiting On You » avec Consequence et John Legend, on reste quand même dans un contexte hip hop sur le fond et la forme, avec son petit lot de morceaux bien streets dont le meilleur reste « We Gonna Win » de Styles P. Malgré l’aspect compilation de ‘The Hip Hop Violonist’, il y a toujours l’exception à la règle avec le solo « Chilin’ In The Key Of E », et à moindre mesure « Lord Of The Strings ». En définitive, c’est vivement conseillé à tous ceux qui revendiquent le Hip Hop comme une musique à part entière.