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Ghostface Killah « Supreme Clientele 2 » @@@@


Après le moyen Emperor’s New Clothes de Raekwon, next, un gros morceau : Supreme Clientele 2. Comme Muddy Waters too de Redman ou Missionnary de Snoop Dogg, cela faisait partie des nombreuses suites de classiques annoncés de longue date. Fantasmés, espérés, mis de côtés, relancés, au point que leur sortie, toujours trop tardives, c’était ‘ça passe ou ça casse’. Cette suite du classique Supreme Clientele préparée depuis 2021 devait être produite par Kanye, mais depuis qu’il a triplé son ‘K’, c’est tombé à l’eau, et c’est plutôt un soulagement sincèrement. Mais quand est sorti Set The Tone en 2024 chez Mass Appeal, c’était la douche froide, et vu la sortie de Raekwon juste avant… La prudence était de mise.

Après une présentation de Redman (qui omet de citer les sorties indés de la discographie de Ghost), voilà notre flamboyant « Iron Man » de retour sur scène et avec un speech qui interpelle (« Fake Democrats, boondaggers blowin’ at Trump/ I put weight on so many bodies, you can call me a plump »). On comprend pourquoi ça a capoté avec Kanye, tant mieux. « Sample 420 » avec les M.O.P., c’est juste pour nous rendre heureux. L’album rassure très rapidement avec un Ghostface Killah qui revient tel le performer qu’il était était il y a 25 piges (admirez-le sur « Windows » sur ce sample de Tom Jones, cette fulgurance), sur des instrus dans leur jus, jusqu’à utiliser des classiques de la soul parfois archi-connus samplés jusqu’à la moelle comme matériaux bruts. Cela pourra paraître trop faciles, voire basique à certains égards, mais ça colle avec la philosophie de l’album. « 4th Disciple » est le seul titre avec une touche du Wu, produit par 4th Disciple (le 4e disciple de RZA après Allah Mathematics et True Master?).

Ghostface prend le risque de faire un retour dans les années 80 qui démarre avec ce sample de « Georgy Porgy » de Toto sur le titre du même nom, et qui l’inspire au point de pousser la chansonnette. « Break Beat », « Beat Box » (coucou Doug E Fresh) et « Rap Kingpin » (sample de Eric B & Rakim en plus de « Mighty Healthy » de votre serviteur) nous maintient dans cette faille spatio-temporelle avec notre rappeur qui a retrouvé la flamboyance de ses trente ans avec des textes qui nous en mettent plein les yeux. Cette succession de titres sont co-produits par Ghostface, montrant à quel point il a mis la main à la patte pour que cet album voit le jour. Pour la réunion partielle du Wu, direction le palais de justice sur « The Trial », mis en scène avec Raekwon, GZA, Method Man mais aussi Reek Da Villain et Pills. Les skits, nombreux et ça paraît logique vu qu’on parle de Supreme Clientele 2e du nom, sont aussi réussis, particulièrement « Sale of the Century » avec Dave Chappelle, et cet humour ghetto bien lourd(ingue). La présence de Stypes P et Conway sur le très bon « Curtis May » sont bienvenus. Petit coup de coeur pour « Metaphysics » également.

Supreme Clientele 2 se conclut classiquement pour un album de Ghostface, avec « The Zoom » sur un sample soulful sans retouche et de manière sympathique avec ce « You Ma Friend » avec Mr Mef. Rien de bien original, c’est la critique principale, mais une suite réellement fidèle à l’esprit du premier, entouré de ses fidèles collaborateurs et de ses meilleurs vinyles, bien qu’il manquait l’ingrédient principal pour donner de la superbe/du sale à Supreme Clientele 2 : RZA. Le producteur manque à l’appel, pour rajouter cette touche du Wu qui a fait de Supreme Clientele le classique qu’il est, ça ne fait pas de doute.

LA NOTE: 15,5/20

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