Le rachat de Death Row par Snoop Dogg a été vécu comme une surprise, une façon de prendre une revanche sur la vie vis-à-vis d’un label qui a martyrisé ses artistes. L’occasion maintenant d’ouvrir un nouveau chapitre en passant du rouge au bleu (vous avez la ref’), sans Suge Knight qui croupit en prison, sans sortir un album posthume de 2Pac si possible… Pour relancer la machine, Snoop a priorisé le nouvel album du Dogg Pound . Et quelle bombe !
Années 2020, le retour des vieux schnocks diront les mauvaises langues. Ce serait dommage de se priver de raclées qu’ils foutent à une jeunesse paresseuse qui ne voient que dans le rap une pompe à fric grâce au streaming. Sans attendre, Daz, Snoop (toujours le 3e homme du groupe et présent sur quasi trois quarts de l’album) et Kurupt lancent un avertissement sur « Smoke Up », sur un banger signé Rick Rock, le producteur de la Bay qui ne prend pas de rides après 25 ans d’activité. Le petit air ‘tu-lu-tu’, les moogs et les synthés créent une accroche imparable pour attirer notre attention sur les lyrics furieux des trois rappeurs qui ne sont pas là pour déconner et contrer les rumeurs à leur endroit. Ils doivent aussi à Rick Rock un autre banger ultra-efficace « Favorite Color Blue » avec ses accents P-Funk (ces halètements de chiens en fond, aboiement sur le refrain), montrant un Daz bien agile comme à son habitude et Kurupt dont les variations de flows fait de ravages. Pourquoi prendre sa retraite avec un tel talent passé 50 ans?
La majorité des productions sont entre les mains de Mike & Keys (ex-Futuristiks) qui proposent un habillage sonore moderne et fidèle au son du DPGC. Assez laid-back dans l’ensemble comme sur « Need Some Space » (qui parle de relations toxiques), « Inside of Her » encore plus explicite (et un Butch Cassidy qui n’a rien perdu de sa superbe) ou à l’inverse « Grown Up », sur lequel les membres du D.P.G. réalisent leur âge (certains sont grands-pères hein). Le titre calme et soulful préparé par l’ami Soopafly sur « The Week-End » est même romantique je dirai. Mais comme s’il fallait le rappeler, « Imma Dogg » (conçu par le trop sous-estimé Battlecat) remet les pendules à l’heure. Les notes graves de piano très typiques du son DPG se retrouvent sur « Always On My Mind », un touchant mémorial aux artistes disparus, notamment Nate Dogg dont l’absence n’a pas été comblée.
W.A.W.G. est plein de tracks vraiment hyper cool, comptez aussi le funky « House Party » et même le contemporain « L.A. Kind Of Love », avec ce côté ensoleillé et vivifiant comme l’air frais de la plage. Et la voix non-créditée de… Will.I.am. Content d’entendre aussi les Eastsidaz, plus vieux parrains que jamais, se dérouiller sur « We All We Got », un titre poids lourd signé Jelly Roll. D’ailleurs, je ne serai pas du tout mécontent qu’un troisième album du duo Goldie Loc et Tray Deee chez Death Row, voilà là un pieux souhait. Le morceau final « Who’s The Hardest » est un défi lancé par DJ Premier : qui est le plus fort du DPGC parmi le Dogg Pound, Snoop, Lady of Rage et RBX? Pas loin d’un combat de boxe dans un EHPAD vu la moyenne d’âge, après, comme on dit souvent, mieux vaut tard que jamais. Spoiler : c’est évidemment Kurupt le meilleur.
W.A.W.G. est très facilement leur meilleur album depuis Cali Iz Active sorti été 2005, ça fait une paie. L’absence a été longue mais le grand retour réussi, quel tour de force ! Par contre, Daz commence à saouler à critiquer déjà Death Row pour des histoires de ronds encore… Certaines choses ne changent pas non plus.
LA NOTE : 17,5/20


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