Chronique d’une déconfiture annoncée depuis trois ans. 50 Cent et son G Unit ont connu la gloire internationale depuis qu’ils ont bien établi leur bizness en 2005, avec des tas de produits dérivés comme une ligne de vêtements, un jeu-vidéo, le film de 50, une réédition de The Massacre avec un DVD bourré de clips amateurs, on parlait même de vendre des godemichés…
Mais l’aiguille de la balance avait déjà commencé à pencher vers la pente descendante à la sortie de l’album de Tony Yayo (Thoughts of a Predicate Felon) lorsqu’il annonçait orgueilleusement qu’il vendrait 700 000 disques la première semaine. C’est tout ce qu’il aura écoulé au final, c’était le premier signe avant-coureur d’une chute imminente de l’empire G Unit. Puis il y a eu les signatures à la chaîne des Mobb Deep (pas pour l’honneur), Mase (alleluia), Spider Loc (ex-Death Row), Hot Rod (c’est qui lui?) et M.O.P. (une hérésie) qui ont juste servi à la bande-son du film semi-autobiographique de ce narcissique Fifty (Réussir ou Mourir), quoique les Mobb Deep ont eu l’aubaine de pouvoir sortir un disque pas si fameux.
Ensuite, Young Buck et Lloyd Banks ont cru engranger des seconds succès en solo mais la semi-déception les guettaient de près, ils ont peiné à atteindre le disque d’or. Puis, le château de carte a commencé à s’écrouler : The Game lance sa campagne « G Unot », leur secrétaire particulière Olivia s’est fait la malle (alors qu’elle était à deux doigts de sortir son album), Young Buck commence sa crise d’indépendance, les M.O.P. font chou blanc (pour la 2e fois après leur passage à vide chez Roc A Fella, la poisse) et s’en vont avec rien, Mase et Hot Rod sont retombés dans l’anonymat, Spider Loc ne voit pas encore son LP officiel dans les bacs, et après des joutes verbales médiatisées dignes des grands matches de boxe, le suspens tombe : 50 Cent se mange un uppercut par Kanye West le 11 Septembre 2007. Mauvais joueur, 50 ne s’avoue pourtant pas KO de cette comédie lucrative et chose incroyable, il va jusqu’à avouer sur MTV que Curtis était un bide (à plus de trois millions de disques vendus dans le monde). En fin de compte, après des mois de tumultes, Young Buck se décide enfin de se tirer du G Unit pour de bon, et c’est tant mieux pour celui que beaucoup (dont moi) considéraient comme étant le meilleur membre de l’unité (très dissoute). Voilà une bonne chose de faite. Tout a régressé au point que le G Unit retrouve aujourd’hui sa conformation originelle (50, Banks et Yayo), à l’époque où ils faisaient leur buzz sur le marché des mixtapes de Southside Jamaïca. Enfin pas exactement, puisque Sha Money XL, leur producteur et manager, a préféré faire son biz de son côté, en ne manquant pas d’affirmer que Buck The World était meilleur que Curtis (et toc).
Mais sinon, la situation du Gorilla Unit est similaire à leur période pré-Power of the Dollar, à part que maintenant ils sortent leurs mixtapes gratuitement sur leur site Internet (dont je ne ferai pas la publicité) pour soi-disant satisfaire les fans du monde entier (50 a réalisé qu’ils avaient un public au Kosovo et en Afrique du Sud). Le hic, c’est que Lloyd Banks et Tony Yayo, tout le monde s’en tamponne. Ils ont trop de copains dans le rap game et personne en dehors de leur quartier du Queens ne veut les inviter en featuring. Non, en réalité, les autres rappeurs ne veulent pas d’eux deux parce qu’ils n’ont pas de réel talent. Ça encore, c’était pas trop le problème majeur, il fallait choisir un nouveau titre pour leur second album : Shoot To Kill ou Lock N Load ? Ni l’un ni l’autre, ça sera Terminate on Sight. Ouais, délions nos langues et terminons-les à vue.
Les voilà qui déboulent en se prenant pour les N.W.A.sur « Straight Outta Southside ». Stop, je vous arrête là. D’une, seul leur ennemi juré The Game peut légitimement se targuer de porter leur héritage ; deuxièmement, ils ressemblent plus à une bande de fake MCs en colère qu’à des gangsters intimidants. Le beat de Ron Brownz claque bien, c’est important de le noter, mais les trois G Unit doivent parler fort pour se faire entendre. J’espère que vous en avez bien profité car dès la deuxième piste, ça ne sent plus le pétard mouillé mais la vieille crotte, un machin qui ressemble à rien s’intitulant « Piano Man » (c’est un manchot qui scratche ?). C’est pas un diss envers Scott Storch comme avait fait Timbaland (si vous en voulez, allez voir sur « You So Tough » si T.I. y est), ça aurait mieux fait de l’être pour avoir quelque chose d’autre à dire que continuer de faire croire aux plus naïfs qu’ils sont reals. Le couplet de Young Buck est l’unique raison d’écouter ce titre, et je ne dis pas cela par favoritisme (quoique). 50 Cent lui a autorisé quatre apparitions malgré sa déloyauté, précédées du mot clé ‘featuring’ sur la tracklist pour rappeler qu’il a été diligemment évincé du G Unit, à moins qu’il l’ait vraiment fait de son propre chef. C’est Young Buck le mec encapuchonné qui tourne le dos sur la pochette ? À mon avis non, c’était juste une bête remarque. Ceci dit, Buck ne figure pas sur le clip de « I Like The Way She Do It », mais sur l’album oui. De toute façon, je vais pas m’éterniser sur ce son destinés aux strip-clubs, idem pour « Close To Me », « Kitty Kat » et -insère les morceaux de ton choix-.
Bordel, qu’est-ce que c’est chiant comme disque… Au bout de « Casualty of War » (la 4e track), il me faut un effort de volonté surhumain pour ne pas passer à la piste à la suivante au bout de vingt secondes (qui risque peut-être d’être pire), je me force à subir ces tissus d’âneries. Vite, une boisson énergisante saturée en glucides ! Je me suis mis à prier pour un banger dancefloor commercial pour me divertir ne serait-ce qu’un minimum. J’arrive sur une track au titre évocateur, « Party Ain’t Over ». Une daube infâme. Je zappe le « Kitty Kat » alors je vais sur « Get Down » avec l’espoir que Swizz Beatz me fasse bouger sur mon siège. Trop plat, très faiblard. Bon sang c’est quoi ces beats de cave moisis l’intérieur, totalement apathiques, inertes et d’une pauvreté sans nom. C’est carrément à chier quoi, c’est dit. Bah désolé mais quand ça pue, c’est moche, c’est infect, abject et que c’est impropre à la consommation, c’est simplement à chier. Pis j’ai pas forcément envie d’y mettre mon nez dedans pour y chercher des bouts de faux-diamants de montre Rolex tunée. Je crache dans la soupe fadasse que je mange pas, c’est une réaction normale. Des fois on a l’impression d’halluciner en les entendant gémir et gueuler des adlibs en fond pour donner l’impression que les prods sont travaillées. L’un des rares morceaux qui à mes oreilles dépasse le niveau de ‘moyen’, c’est « Let It Go » feat Mavado (l’unique invité extérieur). 50 Cent est hyper radin faut l’avouer. Il a beau se targuer d’être la 2e fortune du rap (selon le magasine Forbes), il n’est pas fichu d’appeler des gros producteurs et préfère justifier le fait qu’il pose préférentiellement sur des sons streets bien crados en amenant des beatmakers débutants inconnus, chanceux (?) et sous-payés (pas la peine de les citer, voir la liste de tags). Par contre, pour faire couler le champagne à flot, faire venir des bimbos dans leurs vidéos, leurs bagnoles tunées, ils sortent les liasses de dollars systématiquement. Avec l’argent à qui ? Le nôtre (et ceux de leurs sponsors).
Le point commun entre Terminate on Sight et Beg For Mercy, c’est qu’il n’y a apparemment pas de vrai single. Si on me parle de « Rider pt 2 » (produit par Rick Rock), je vais rigoler sérieux, en plus c’est tiré d’une de leurs mixtapes, c’est dire la piètre qualité. Fifty qui aboit comme un chiot et se met à chantonner avec l’autotune, c’est ridicule au possible et à mourir de rire ! Et comme pour l’autre single, Young Buck n’apparaît pas dans la vidéo. C’est pas avec de tels extraits qu’ils vont vendre des cents et des milles pendant un mois, croyez-moi. Surtout que… où sont les beefs hein ? Ils ont réglé le compte de Fat Joe avec leur mixtape Elephant in the Sand et c’est tout. Ah mais si, sur « You So Tough », ils font allusion à l’arrestation de T.I. pour recel d’armes, mais seulement allusion, ça manque de piquant et de controverse messieurs les soldats. Enfin bon, pour ce qui du contenu lyrical d’une vacuité affligeante et les thèmes, sur une échelle d’originalité de 1 à 10, ça tombe dans le négatif. Rien que « Money Make The World Go Round », le dernier titre, pas besoin d’être vif d’esprit pour deviner le truc bateau de chez bateau. L’anti-créativité atteint son plus haut point. Les rappeurs y sont forcément pour quelque chose dans cette ignominie. On commence par la spécialité de 50, ses refrains chantonnés entendus et réentendus, il ne manque plus qu’il se mette à monter dans les aigus. Ah non, trop tard, il a déjà osé (sur « Casualty of War » tiens). Même Lloyd Banks tente de singer son sergent général sur « Close To Me ». Dans un rap game où le G Unit régnait telle une dictature communiste, il aurait pu être un bon MC, comme Tony Yayo, qui maintenant nous remet nos jugements en question quand on le trouvait super en featuring en 2004/2005. Leur niveau n’a pas évolué d’un poil de bite, ils s’est rabaissé sous la barre de la médiocrité. Ils ont juste de la chance de pouvoir rapper aux côtés de 50 Cent. Là, ils sont devenus grotesques, limite ‘wack-trash’. Banks, l’autoproclamé Punchline King (oulala maman j’ai peur) serti de son flow guttural surjoué à donf, entre en action : « I fuck like a rabbit, shit like a dinosaur ». Impressionnant… de connerie. Et Yayo qui se vante sans arrêt du fait qu’il possède plein de thunes, de grosses caisses qu’on aura jamais (HHAAAA HHAAAA HAAAAA), des pétasses gratos et qu’il a les fédéraux au cul… Pas seulement je le crains. Difficile de s’écouter par exemple « I Don’t Want to Talk About It », même en laissant son cerveau sur la table. En résumé, ils baignent dans des dollars flottant sur un océan de chattes. Une amélioration toutefois, pas forcément audible : Fiddy articule mieux depuis qu’il s’est fait refaire les dents de devant.
Pffffff, j’ai rarement entendu un album aussi mauvais, depuis… oula, Bravehearted des Bravehearts. BFM comparé à TOS passe pour un classique du G Unit. Certaines choses n’ont pas changé avec eux, le groupe suscite encore beaucoup débat en ce moment dans l’opinion publique (pour pas grand chose), mais plus souvent en mal (la preuve avec cette grosse pâté que je viens de taper pour une bouse pareille). De toute façon, l’ogre Lil Wayne attire toute l’attention des médias donc eux sont passés en second plan. Les haters vont pouvoir s’en donner à cœur joie de descendre Terminate on Sight. Nos trois G devraient songer à troquer leurs guns contre des tractopelles pour finir de racler le fond. Hormis 50 Cent qui contractuellement nous doit un 4e album (au titre présager Before I Self-Destruct), ses assistés Banks et Yayo viennent officieusement de sonner le glas de leurs carrières de rappeurs.
Je finis par une petite blagounette afin de dissiper mon venin et détendre l’atmosphère : quelle est la différence entre une mixtape et T.O.S. ? Aucune, sauf la pochette, mouahaha. Je sais que c’est pourri mais moins que cette vaste plaisanterie qu’est Terminate on Sight. Gardez votre monnaie pour le Busta Rhymes à venir, le Nas ou LAX de The Game fin Aôut. Faut arrêter de se moquer de nous, ça ne vaut pas le coup d’écouter ce skeud, encore moins de le télécharger par curiosité sauf si vous aimez vous infliger des punitions auditives. Le G Unit est bientôt terminé.

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