Il s’est passé treize ans depuis Napalm, son septième opus. C’est une longue période d’absence, tellement longue qu’on se demandait si le rappeur californien n’avait pas mis à terme à sa carrière solo… Puis à la surprise générale, voilà que Xzibit signe sur Greenback Records, le label fondé par le champion d’UFC Conor McGregor… Et ce n’est pas qu’un effet d’annonce, les vingt (!) morceaux de Kingmaker étaient destinés à marquer le putain de retour de Mr X to the Z.
Xzibit s’est donné les moyens et l’énergie pour ce Kingmaker, avec un certain esprit de vengeance. Il s’est entouré d’une armada de producteurs réputés, comme Dem Jointz (le joker de Compton de Dr Dre), Focus et DJ Khalil, tous trois issus de la garde rapprochée de Dre, mais aussi DJ Battlecat (pour l’outrageusement funky « Shut Your Mouth » avec Butch Cassidy), JasonMartin (anciennement Problem), Big Duke… Tous avaient le même objectif autour du rappeur vétéran californien : suer et faire du très lourd pour avoir un véritable album d’Xzibit cru 2025 comme s’il était encore signé en major. La seconde partie de « Been a Long Time » prend véritablement tout son sens ici, autant que sur son blockbuster Restless qui contient le titre d’origine. A croire que le mantra de Dr Dre, dont l’ombre plane sur ce Kingmaker, et son sens du perfectionnisme ont inspiré X, qui se considère lui-même comme un de ses disciples. D’ailleurs il a écrit un couplet très hardcore pour le docteur Young qui pose et co-produit « Leave Me Alone » (avec Ty Dolla $ign au refrain).
Et que c’est bon d’entendre la voix rauque d’Xzibit en 2025, encore plus dangereux avec l’expérience qu’il a cumulé au fil des années. « Play This At My Funeral », « History » montrent un rappeur plus introspectif qu’il ne l’a jamais été, avec des lyrics à la fois gangsta, conscients, hardcore et réfléchis. Ses critiques sur l’Amérique contemporaine visent juste également (« American Idols »). Et je n’ai pas entendu cette année 2025 de banger aussi puissant que « The Moment » avec Busta Rhymes (co-produit par Focus et JasonMartin). L’instrumental de « Crash » correspond parfaitement à ce qu’on peut imaginer d’un titre portant ce thème, avec un Royce Da 5’9 en bonne forme (et croyez-moi c’est mieux qu’Eminem). Le beat de « For The Love » avec Ice Cube rappelle forcément « Quiet Storm » des Mobb Deep et ce qui frappe de manière général sur cet album c’est de réaliser à quel point il est très bien travaillé. Touchant d’entendre Tre Capital, son fils, poser sur « End of the Day », lui qui n’a pas connu de figure paternelle.
Aucun titre n’est à jeter, même s’il y aura sûrement certains que l’on préfère à d’autres. Sûrement que la jeune génération ne prêtera pas attention à ces énormes rencontres comme sur « Notified », avec les vieux briscards Cold187um et King Tee, qui a été l’un des premiers à donner sa chance à Xzibit au milieu des années 90. Le trio de blunt smokers formé avec Redman (qui a vraiment une pêche d’enfer) et B-Real sur « Higher » va vous embrumer dans un épais nuage de fumée. La petite surprise est probablement « Success », un exercice spoken-word d’Xzibit sur une prod jazzy signée… Will.I.Am. Décidément ! Avec une telle matière, il est vraiment injuste de constater que Kingmaker n’ait pas obtenu l’attention qu’il mérite, car c’est vraiment un huitième album massif, à l’image du bonhomme. C’est assurément, à mon sens, le gros album rap le plus slept-on de 2025.
LA NOTE : UN TRES SOLIDE 16/20


Postez vos avis!