Curren$y sort des projets à un rythme industriel et celui qu’il présente maintenant, The Stoned Immaculate, est selon ses propres dires son « premier vrai album », accessoirement son second chez Warner Bros après Week-end at Burnie’s paru l’été 2011. S’il entend par « vrai album » un « album mainstream », okay, dans sa configuration, c’en est bien un. Et il tient très bien la route, le rappeur de la Nouvelle-Orléans a su négocier son virage sans perdre sa trajectoire initiale, à savoir faire du rap pour l’autoradio.
Le premier à avoir la parole est… Wale, qui se lance sur « What It Look Like » et squatte le refrain. Et seulement après, voilà enfin Curren$y qui pose avec son flegme habituel et les choses vont beaucoup mieux. Pas que j’ai pensé deux minutes m’être trompé de disque mais ce n’est pas le genre de morceau introductif auquel je me serai attendu. Ceci dit, c’est pas mal et ça va en s’améliorant sur les morceaux qui suivent. Sous l’effet de la fumée de weed, Spitta nous envoie dans des altitudes stratosphériques pour effectuer des vols hyperboliques (« Armoire » avec les refrains de ses co-pilotes Trademark et Young Roddy, « No Squares« , « Showroom« , « Chasin’ Paper » feat Pharrell). Entre temps, il nous redescend voguer entre les grattes-ciels. On aéro-plane confortablement en première classe sur « Chandeliers« , « Privacy Glass« , « Capitol » feat 2 Chainz, ou encore « Take You There » et « That’s The Thing » (toutes deux produites par la compagnie J.U.S.T.I.C.E League), bien aidés par deux hotesses de charme, Marsha Ambrosius et Estelle respectivement.
Vous avez maintenant l’assurance que Curren$y est demeuré fidèle à sa musique de pilote. Même Pharrell Williams, représentant des Neptunes, s’est mis au diapason en sortant de son registre habituel. Au point même de truquer sa voix avec de l’autotune, ce qui ne sera pas au goût de tout le monde j’en conviens. Reste que l’instru de « Chasin’ Paper » est trippant à souhait. Tout ses instrumentaux ont été choisis avec soin de toute façon (parmi les producteurs, citons Tone P, Monsta Beats, Sean C & LV,…), collant à son flow un brin flemmard qui lui permet de se limiter à deux couplets maxi par titre. Particulièrement ceux de « Privacy Glass« , « Armoire » et de « Sunroof » (feat Corner Boy P) qui sample et rejoue du Verocai, et c’est trop bien fichu. La présence de Daz Dillinger, une légende vivante de la Westcoast tout de même, est très appréciable sur « Fast Cars Fast Women« , titre qui rappelle que Spitta adore l’herbe, l’argent mais aussi les belles automobiles. Le morceau final réunit deux autres fers de lance de la nouvelle génération de rappeurs sudistes, Big K.R.I.T. (qui signe le hook et la prod gonflée avec des infrabasses comme on aime) et Wiz Khalifa, qui lui livre un bon couplet, meilleur que celui de « No Squares« .
Ce n’est pas mon projet préféré de Curren$y mais sûrement le plus abouti de sa collection, et ça s’entend. Toujours est-il que c’est parfait comme rap pour écouter en bagnole, c’est là qu’il s’apprécie le plus. On abaisse le dossier, démarrage, Ray Ban sur le nez check, un coup dans le rétroviseur check, passage de la première, la seconde, et c’est parti pour une longue route, Spitta Andretti s’occupe du cruise control.
J’avoue m’être fait la même réflexion que toi concernant l’intro de l’album, c’est vrai que ça fait bizarre pour un album « solo »!
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