Comment démarrer la présentation de cette chronique sans s’attarder un temps soit peu sur la « dispute violente » avec sa petite copine de chanteuse. Stupeur dans le monde de la musique : Chris Brown, surnommé le nouveau Michael Jackson, son idôle absolue, est devenu le fils spirituel d’Ike Turner.
Pour résumer ses derniers mois en quelques mots : presse à scandale, mea-culpa, procès médiatisé, évocation de son passé trouble, service communautaire (un éboueur modèle selon les colonnes de potins), interviews au compte-goutte, insultes de la part de ses fans, « blackboulage » par sa maison de disque, fermeture du compte Twitter… Dure la vie d’artiste quand on est à ce point humilié. Les conséquences de ces quelques secondes d’excès de sang sur sa (jeune) carrière sont désastreuses, à moins qu’il sauve les meubles avec Graffiti, son troisième album.
Graffiti était prévu à la base pour le Printemps 2009 mais ce fameux incident ont mis le projet au point mort le temps que l’orage passe, puis galanterie oblige, on l’a fait repousser après la sortie Rated R de son ex-chérie exhibo. Il n’était pas question d’y voir une compétition entre les deux anciens tourtereaux. Graffiti n’a pas pour vocation de partir en mission de sauvetage mais il faut bien recoller les morceaux avec son public majoritairement féminin et gagner sa place sur les playlists des radios pour peu qu’elles veuillent bien de lui. Et ce, sans l’appui de Sony qui ne cherche pas trop à le défendre contre le blacklisting.
Ce serait une grosse erreur de faire l’impasse sur cet opus pour ces raisons. Certes son acte est indéfendable et préjudiciable mais ce serait injuste de toiser un artiste sur la voie du rachat. Cela équivaudrait à sous-estimer ses capacités, car rien que son single « I Can Transform Ya » témoigne de son potentiel artistique réel. La production de Swizz Beatz est géniale (oui c’est encore possible!), inspirée des effets sonores sophistiqués des Transformers, un Lil Wayne qui fait sa star de ckeu-ro, et un Chris Brown qui commence à trouver son style. « What I Do » est également un bon morceau produit par les Runners avec Plies, rappeur spécialisé en crossovers r&b, pareillement à « Wait » avec Trey Songz et Game. Une chanson qui a fait couler beaucoup d’encres sur les blogs people bien avant la sortie de l’album est « Famous Girl ». Sur un instru de Ryan Leslie, Chris Brown joue sur le name-dropping en faisant allusion à Rihanna sans la nommer.
Dans la musique, soit on crée une mode, soit on la suit et sur ce point Christopher fait encore le grand écart. Il fait du rhythm’n blues dansant et novateur, très bien, il chante plusieurs ballades tristes virant vers la pop/variété (en avance-rapide : « Sing Like Me », « Crawl », « Lucky Me », etc…), ça passe encore bien que tout le monde s’y met en particulier chez les dames (Beyoncé, Alicia Keys,…), mais suivre cette fâcheuse tendance à sampler de l’eurodance, lui non plus n’y réchappe pas : « Pass Out » reprend le hit préféré des danseurs d’aerobics « Call On Me » de Eric Prydz. Ouch… Et c’est réalisé par Brian Kennedy, qui collabore également avec Rihanna sur son dernier disque. Re-ouch. Et c’est programmé pour être le prochain single. Pourtant quand on prend le 80s revival « Y.I.A. » conçu par Free School (qui a travaillé sur l’album de Kid Cudi), curieusement les choses se déroulent mieux. « I’ll Go » est également une bonne petite ballade sympathique bien emmenée par une mélodie de piano enjouée. Comme quoi on peut trouver une perle parmi toutes ces ritournelles pop ou électro.
« Girlfriend » avec Lupe Fiasco est l’International Bonus Track, ils auraient mieux foutu d’y mettre « Pass Out » en European Bonus Track à la place. Ou pas. Quoi qu’il en soit « Girlfriend » part dans un trip électro-hop-r&b hasardeux et flou. La chanson qui donnera vraiment envie à toutes ses ex-fans de se réconcilier avec Chris Brown derrière une porte close – et je terminerai là-dessus – est sans nul doute le très sensuel « Take My Time » avec monsieur Tank, pour le ménage à trois. Profitez-en mesdemoiselles il est de retour sur le supermarché du célibat !

Répondre à dk Annuler la réponse.