Comme le dit Johnny Hallyday dans sa chanson, on a tous quelque chose en nous du Tennessee. Et pas seulement le blues. Nous, on a tous chez nous quelque sons rap de quelques gars de Memphis, obligé. Depuis le temps que le duo 8Ball & MJG et les Three 6 Mafia consolident leur statut de légendes urbaines depuis plus d’une dizaine d’années, ces deux groupes qui ont littéralement marqué le paysage Dirty South ont été officiellement accueillis dans le panthéon des légendes vivantes. C’était d’ailleurs le titre de l’album de 8Ball & MJG (Living Legends) sorti en 2004. Avec Ridin’ High, leur second album chez Bad Boy South, on s’était dit ‘toujours plus haut’. Et non, déception, ils sont tombés bien bas… Voici le récit d’une triste dégringolade.
Tout avait l’air de bien commencer avec une grosse pièce du boucher, « Relax And Take Notes » feat Project Pat, un titre en référence à cette rime de Notorious BIG dans « Dead Wrong », samplée pour l’occasion. Ce n’était que la partie submergée de l’iceberg, parce que la bonne moitié de l’album se situe en dessous du niveau zéro (relativement en deçà de la moyenne). Beaucoup de titres paraissent vidés de leur substance, sans saveur, aux mélodies minimalistes ou à l’inverse saturés de synthés ennuyeux, où ne subsistent que les bass beats et les variations des flows monstrueux des rappeurs (survoltés il faut le dire). Quel gaspi d’énergie, le très bon Living Legends passe pour un classique à côté de ce disque. Parmi les sauveteurs envoyés sur place, ce ne sont ni Pimp C, ni Yung Joc qui vont éviter le naufrage, mais Killer Mike (« Runnin’ Out Da Bud ») et Al Kapone, en fier représentant de la scène underground de « Memphis ». Et lorsqu’un morceau paraît potable, par exemple « 30 Rocks » et son refrain screw, Diddy débarque pour un sabotage en bonne et due forme. Le comble, ça reste le titre éponyme « Ridin High », dont on se demande si l’instru n’a pas été récupéré sur le dernier disque de Ciara. Le comble du comble, c’est que le producteur de la chanteuse r&b, Jazze Pha, sauve les meubles avec le smooth « Pimpin’ Dont Fail Me Now » feat Juvenile, que l’on pourrait suggérer comme un futur single potentiel.
Après « Stay Fly », les Three 6 Mafia renvoient l’ascenseur sur le morceau r&b « Cruzin », mais même, c’était le featuring de trop pour eux. Un roulage à plat en plus floué par la voix fluette et candide de Slim des 112, pas de bol. Après avoir gobé quelques comprimés de Spasfon, nous arrivons enfin à la fin de Ridin’ High, « Get Low » et son antonyme « Stand Up » ferment la marche avec un espoir de survie. 8Ball & MJG se sont engouffrés dans le creux de la vague sudiste, avant de se faire aspirer par la lame de fond des charts. « What comes up must come down », ça fout le blues.
(chronique écrite le 20 Mai 2007 sur Rap2K.com)