Quand j’ai écouté pour la première fois ce Kingdom Come, ça m’a procuré le même effet que les précédents disques de Jay-Z : un certain dépaysement, un temps d’adaption à la nouvelle forme sonore (signée Just Blaze et Dr Dre, ainsi que les Neptunes, Swizz Beatz et un très bon DJ Khalil). Bref, c’est comme s’il n’avait jamais pris sa retraite qui n’aura duré que deux ans. Quoique, une fausse retraite puisqu’il a sorti deux albums collaboratifs, un second (cuisant échec) avec R Kelly et un autre mash-up avec les Linkin Park. C’est bel et bien réel. Comme Jordan, il est revenu dans le game. C’est le retour du roi de New-York dans un costard de président du Hip-Hop. Call it a come-back.
D’après un commentaire publié le 3 Décembre 2006
Direct, j’ai accroché à l’entame « Prelude », « Oh My God », « Show Me What You Got » sur les instrus monstrueux de Just Blaze jusque « Kingdom Come » (qui sample génialement « Superfreak » de Rick James), « Hollywood » avec sa future femme Beyoncé bien que superficiel comme titre, les morceaux produits par Dr Dre (surtout « Trouble » et « Minority Report » avec Ne-Yo qui ressasse la catastrophe humanitaire de Katrina). Mais j’ai eu du mal à digérer « Do you Wanna Ride » (feat John Legend), Kanye ne m’a pas habitué à ce genre de prods. Au final, ça le fait! « Kingdom Come » aussi c’était pas évident d’aborder mais c’est devenu une de mes préférées. Par contre la prods des ‘Tunes et Usher (bien que je sois un de leur fan) gâchent un peu l’ensemble. J’aurais préféré une prod de Timbaland à la place. Swizz Beatz a pondu pour une fois une sacrée prod (« Dig A Hole ») et DJ Khalil m’a bien étonné avec le superbe « I Made It ». Chris Martin c’est pas mal, sans plus (« Beach Chair »), mais quitte à faire du rock, autant refaire quelque chose du genre « 99 Problems ».
Dire que c’est la suite de The Black Album, je ne suis absolument pas vraiment d’accord. Avant c’était la facette de Jay-Z le rappeur, maintenant j’ai plus l’impression que le Président de Def Jam, Shawn Carter, a pris le dessus sur son alter-ego pour devenir super-ego-man. Il adore parler de lui et s’écouter! Cela rend l’album plus personnel encore, lorsqu’il aborde un peu la vie qu’il mène, celle de grand patron. « Lost Ones » qui parle de ses anciens amis (avec la très mignonne Chrisette Michele), « Trouble », « Do You Wanna Ride »… il parle beaucoup de sa vie actuelle, et de celle passée, presqu’une vie de politicien… Le seul point commun avec The Black Album, c’est que Jigga est quasiment en solo (aucun feat de rappeurs j’entends), les chanteurs ne sont là que pour faire les refrains. Jay-Z sait qu’il est devenu un personnage intouchable, tout comme Dr Dre qui mixe entièrement son album (finalement la rumeur de leur collaboration était bien tangible), il est sur un piedestal. J’aime bien sa comparaison avec Bruce Wayne en tout cas, et ses punchlines font très mal, il n’y a qu’à écouter « The Prelude ». C’est bien d’ailleurs que ses lyrics ont été retranscrits dans le livret.
Question flow et lyrics justement, malgré son égo qui a beaucoup gonflé comme son compte en banque, il a continué d’évoluer tranquillement et fait toujours parti des meilleurs. C’est clair que ses apparitions en featurings nous donnait envie qu’il revienne. Et finalement il a craqué, il est vraiment de retour! Avec Dr Dre en plus (qui a décidé de faire parler de lui cette année 2006). J’aime beaucoup ses prods, c’est hyper travaillé. Le dramatique « Minority Report » on dirait un film avec ses effets sonores, quelle tristesse ce titre ! « 30 Something » c’est du Dre tout craché, avec un petit coté laid-back. Certains critiqueront ses prods en disant ‘ouais il y a trop de piano’ ou ‘ses prods se ressemblent’, mais il faut reconnaitre le travail des accords et des arrangements quasi parfaits. Et puis, comparez ce qu’il a fait entre 2002 et là, vous sentirez la différence. Il s’améliore encore niveau finition, c’est dingue.
Son retour est justifié avec Kingdom Come et les scores de vente hallucinants (un démarrage de plus de 600k copies physiques vendues aux US) plaident en sa faveur. Certes son disque est moins ‘hood’ que les précédents mais il ne peut plus revenir en arrière, ses albums évoluent avec ses responsabilités, l’âge,… Là c’est carrément du Hip Hop de luxe (avec son package visuel). Jay-Z porte la cravate, a de grandes responsabilités en tant que PDG, sa facette de hustler-entrepreneur appartient au passé. Ce n’est plus le même homme et il faudra se faire une raisn. La question est : reste à savoir pour combien de temps il va rester avant d’entamer une retraite définitive.