Après l’échec très vite consommé du premier volet, Jay-Z entend bien renouer avec le succès avec ce Volume 2 de la trilogie ‘Life’ moins d’un an après. Si Reasonable Doubt, la référence, a connu un immense succès critique, Hard Knock Life est son égal en terme de succès commercial. Les résultats sont colossaux : plus de six millions d’albums vendus à travers le monde (5 fois platine aux US en moins de deux ans), soit plus que la somme des ventes des deux premiers albums, et surtout une victoire au Grammy Awards catégorie Album Rap en 99. Roc A Fella Records devient désormais une usine à hits, un label qui commence à peser de plus en plus lourd. Quant au rappeur, il va pouvoir enfin triompher d’une renommée internationale.
Retrospective écrite en Aout 2004 revue en 2016
Tout comme le premier volet, DJ Premier gère l’introduction de ce second volume, « Handle It Down« , mettant en avant-plan le poulain Memphis Bleek pour un morceau solo. Jigga apparaît sur le single qui le rendra connu internationalement, avec ce choeur d’enfants chantant « It’s a hard knock life for us… ». Ce refrain est devenu un véritable hymne ghetto (c’était écrit dans le titre). Premier grand succès. Deuxième succès majeur, un autre gros tube : « Can I Get A… » avec le jeune rappeur fraîchement signé chez Def Jam, le fameux Ja Rule (qui se vantait que si l’album a cartonné c’était grâce à lui), et Amil (« can I get a woop woop! »), la protégée de Roc A Fella. La production est signée par le hitmaker en devenir Irv Gotti. Troisième carte maîtresse, des producteurs en vogue justement, à commencer par Swizz Beatz des Ruff Ryders. Swizzy avait dominé l’année 98 pour son travail avec DMX sur It’s Dark and Hell is Hot (l’autre rappeur ‘hot’ de cette année là, lui aussi signé chez Def Jam) ou même Busta Rhymes. Avec l’apport du leader de la meute de conducteurs sauvages, il signe la bombe orageuse « Money, Cash, Hoes ». Tonnerre de beat, succession de rapides decrescendo de synthétiseurs comme des éclairs, les coups de scratches caractéristiques, grognements de DMX. Ce titre aura droit à un remix plus terrible encore, « More Money, More Cash, More Hoes » avec ses deux artistes Memphis Bleek et Beanie Sigel. Swizz Beatz se retrouve également derrière les instrus de « If I Die Tonight » et « Coming of Age« . L’autre designer sonore de choix appelé pour Hard Knock Life n’est autre que le génial Timbaland. Là encore, il se procure le tubesque « Nigga What, Nigga Who » avec son mentor Jaz-O, où Jigga en profite pour accélérer son flow technique en adéquation avec le tempo de ce beat bien bounce. Et puis un petit 2e pour la route, « Paper Chase« , avec sa protégée moins officielle Foxy Brown, qui connaît aussi son petit succès.
Ne comptant à l’origine qu’une douzaine de titre, chacun d’eux est devenu à sa façon incontournable, que ce soit « A Week Ago » avec le pimp westcoast Too Short (bitch!) ou ce gros morceau qu’est « Reservoir Dogs« , invitant le trio The Lox ainsi que Sauce Money (une habitude depuis Reasonable Doubt) et Beanie Sigel (le nouveau rappeur de chez Roc A Fella) rapper sur une boucle archi-connue, puisqu’il s’agit du sample de guitare ‘wah-wah’ du thème de ‘Shaft‘ d’Isaac Hayes. Merci Erick Sermon pour ce sample.
Apparemment tous les éléménts étaient présents pour préméditer truster les charts et chaînes musicales : des producteurs ‘trendy’, des featurings ‘hots’, une pointe de ‘bling-bling’ (confirmé par la bonus track « Money Ain’t A Thang » avec Jermaine Dupri), des refrains ‘catchys’, mais surtout une bonne dose de flow spontané signé Jay-Z. Hard Knock Life restera le plus grand succès de Jigga en terme de ventes, avec ses hits dancefloors ou streets, et surtout incontournables.