Bon, bon, bon… doucement. Avant d’écouter quoi que ce soit, je lis sur HipHopDX que The Ecstatic est le meilleur album de Mos Def depuis Black On Both Side, Big Ad sur MSN m’avait confirmé cet avis très favorable. Autre part, sur le blog SoulBrothaMusic (si je me souviens bien), je lis que Mos Def s’est encore planté avec un album presqu’aussi mal fini que True Magic. Stop l’agitation, temps de réflexion.
Il est vrai que le goût d’inachevé de True Magic nous était resté en travers de la gorge, pourtant je l’ai gardé chez moi ce disque, malgré son aspect de CD jetable. Parce que j’aime beaucoup Mos Def qu’il soit rappeur ou acteur (S’il vous plaît, Rembobinez de Michel Gondry est un petit chef d’oeuvre). Cependant il était hors de questions que Mos Def resalope un album après ce qu’il nous a pondu la fois dernière. Oh non… Et ben si.
Que je m’explique. Que Mos Def fasse appel aux producteurs fétiches de Stones Throw (les frangins Madlib et Oh No, Georgia Ann Muldrow et Dilla), c’est une super idée. Qu’il leur prenne des instrumentaux pré-existants comme il a été démontré dans la chronique de Soul Brotha, c’est du recyclage pur et simple.
Quand The Ecstatic démarre avec « Supermagic », une entrée en matière rock et énergique, je me suis dit que ça y est, le Mos Def qu’on a connu il y a dix ans refaisait surface avec son flow inimitable et ses rimes poétiques, que j’avais affaire avec le ‘super True Magic’ qu’on nous avait promis. Il faudra attendre les deux derniers morceaux du disque pour que Mos Def retrouve ses anciennes sensations, d’abord avec « History » avec Talib Kweli sur une jolie prod soulful de J Dilla, prélude d’une reformation des Black Star, et « Casa Bey », ambiance très seventies avec un rap de Mos au top.
Le reste de l’album n’a fait que conforter mon pressentiment, celui d’une déception. Comme ce fut le cas pour True Magic, de la colère en plus envers l’artiste, toujours talentueux au demeurant, c’est que je lui en veux terriblement pour avoir saboté un album une seconde fois de suite. Une fois je veux bien pardonner, la seconde, y a pas moyen. J’aurai dû m’en douter en m’apercevant que les autres producteurs participant à Ecstatic étaient les mêmes que son prédécesseur : Mr Flash, Preservation,… Au fait, où sont les prods de Kanye West dont on nous a parlé il y a quelques mois ?
J’apprécie des titres comme « Quiet Dog Bite Hard » que j’ai pu voir interprété sur scène lors de son passage parisien en Octobre 2007 et « Pistola » avec son sample ensoleillé. Mais le gros de l’album m’a laissé une impression de fâdeur. L’instru des Neptunes, de Chad Hugo pour être exact, « Twilight Speedball » est déconcertante, pareil pour « Life In A Marvelous Times » avec des synthés insipides et des violons qui débarquent de nulle part. C’est dommage que Mos Def gaspille son talent de cette façon. Dieu sait que j’ai essayé de trouver des qualités à des morceaux comme « Wahid », « Embassy » mais les instrus paraissent vieillots, surannés. Parfois j’ai envie de comparer ça avec du vin bouchonné. Si quelqu’un y trouve un quelconque charme, tant mieux pour lui (sans vouloir être méchant). Quand je pense comment je me suis emmerdé ferme en passant « No Hay Hada Mas »…
C’est bien gentil d’avoir fait appel à Slick Rick, grand maître es lyricisme, pour poser sur « Auditorium » mais quelle en est l’utilité de poser sur un beat de Madlib qui n’est prévu pour ? C’est ça le souci avec les instrumentaux dépouillés des frères Jackson et Georgia Ann Muldrow (« Roses »), ils ne sont pas du tout prévu pour être rappés dessus, comme s’ils ont été créés dans le seul but d’être des instrumentaux sans voix ou de ne laisser que des parties chantées comme avec Georgia. Mos Def parvient tout de même à ajuster son flow sur le rythme ou les chants sur les mélodies, il est hyper fort pour ça, ceci ne donnant l’impression pour ces titres que d’être des freestyles très inspirés. Heureusement que la fin de l’album est sauvée.
Ça ne me plaît pas. Si j’ai mis un @@@, c’est bien par gentillesse, parce que le talent brut de Mos Def paie, même s’il a fait mieux par le passé. Puis comparé au dernier Busta (où j’ai mis la moyenne), c’est quand même plus intéressant. Je constate simplement qu’il ne sait pas choisir des instrus convenables, ceux-là ne mettent en rien en valeur sa créativité. Certes les beats de Oh No et Madlib sont géniaux, c’est juste qu’ils ne correspondent pas au style de Mos Def, désolé. La faute n’incombe pas à un manque d’inspiration. J’ajouterai aussi que l’ambiance un peu trop spéciale ne nous évoque pas les rues de Bed Stuy, Brooklyn. Vraiment, je suis mécontent. The Ecstatic m’a laissé sur un goût très amer. Désormais Mos Def excelle dans l’art de nous frustrer.

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