Qu’on le veuille ou non, Beyoncé est devenue l’artiste féminine de r&b contemporain la plus convoitée de notre génération. Et Beyoncé, ce sont les mags ‘people’ qui en parlent le mieux, pas forcément les critiques rédigées pour B’Day. On est ravi d’apprendre que la vie de Beyonce intéresse la presse à potins, les VIP et starpoufs du samedi soir et les ménagères. Après son mariage avec Jay-Z, un vrai secret de polichinelle, on ne parlait plus que du concept du troisième album de Beyonce Knowles-Carter, I Am… Sacha Fierce. Elle a voulu mettre les bouchées double, elle a appliqué les choses à la lettre pour parler de sa double personnalité : double-album, deux singles différents sortis simultanément, deux fois plus de matraquage médiatique. En plus de prendre un virage pop, tant qu’à faire, va-t-elle aussi être enceinte de jumeaux comme Jennifer Lopez ? Direction sur sa page Myspace officiel pour se délecter de détails croustillants sur ce nouvel album et profiter de l’écoute de l’album gratuitement en avant-première.
D’abord, on lisait dans la presse que Beyoncé se tâtait entre un album à l’accent country folk et de la dance, au grand dam des puristes. D’après ce que j’en lis entre les lignes de son myspace, elle a choisi l’alternative de faire le grand écart plutôt que l’un ou l’autre. « Ce double-album me permet de prendre plus de risques et de sortir de moi-même, ou devrai-je plutôt dire montrer encore plus mon visage, et montrer une facette de moi que seuls mes proches connaissent. » Vous l’aurez compris, ce troisième album qu’elle considère comme « textuellement parlant, mon meilleur album », c’est la chanteuse qui en parle le mieux.
I Am… @@1/2
Le premier disque, I Am, est plus axé « chansons folk et alternatives, avec de la guitare acoustique… quelque chose de différent de ce que je chante habituellement. » A l’image de son single « If I Were A Boy », qui ressemble à un tas d’autres chansons aux mélodies pop qui passent à longueur de journée à la radio ou la télé. Drôle de coïncidence de voir Beyonce dans un costume de policier, on dirait un des rôles de J-Lo au ciné (je ne me rappelle plus du titre de ce navet. « Halo » continue en ce sens. D’ailleurs pour l’anecdote, ce morceau écrit par Ryan Tedder était à l’origine destiné à la chanteuse britannique Leona Lewis (qui fait de la black pop et non du r&b, comme Rihanna).
Pour ce qui est des berceuses super gnangnans à la gratte acoustique, « Disappear », « Satellites » et « Ave Maria » sont plus pop que pop/soul. « Broken-hearted Girl » change d’instrument pour passer à du piano/violon hyper classique, une chanson co-produit par Stargate et Babyface. Visiblement, Beyonce a voulu transmettre son aspect débordant d’émotions à travers ces chansons très personnelles. « I Am décrit qui je suis sous mon maquillage, loin des lumières et derrière tout le théâtre de la vie de star, explique l’intéressée. Je voulais que les gens écoutent des chansons aux textes plus forts et des morceaux sensibles. » Force est de reconnaître en tout cas qu’il a fait des progrès impressionnants au niveau des interprétations et de la maîtrise de sa puissance vocale. Néanmoins, c’est peut-être beau, de qualité et très bien travaillé, les amateurs de r&b vont tirer la tronche : ce CD est tout sauf R&B. Avis aux amoureux des comptines pop/folk et de variet’.
Sacha Fierce @@
OK, ce long moment de profond ennui derrière nous, passons au second disque en commençant par savoir qui est donc son personnage Sacha Fierce. « Sacha Fierce est mon alter-ego, commente-elle. Il y a une autre personne qui fait surface lorsque je me mets au travail ou quand je monte sur scène. […] C’est un peu mon opposée parce qu’il arrive parfois qu’on ait pas envie de réfléchir, juste de se sentir bien. C’est une partygirl, une bootylicious. »
Pour « Single Ladies », l’autre single destiné aux clubbers, Tricky Stewart & The-Dream ont tenté de copier Swizz Beatz : un beat dancefloor improvisé, pas de mélodies (comme la plupart des vieux tubes des Destiny’s Child), avec encore une fois un gros travail sur la voix. Remarquez dans son clip comment Beyonce fait miroiter sa bague en diamant offerte par Jay-Z. Après, c’est la cata. Parce que Rihanna et Timbaland ont lancé la mode de la dance aux Etats-Unis, voilà que Beyonce s’y met avec « Radio » et « Sweet Dreams ». Oui, c’est de la dance music, avec les synthés techno et tout les trucs artificiels qui vont avec. Du coup, on finit par apprécier « Diva » et sa vibe lourdement sudiste produite par Bangladesh. C’est une sorte de « A Milli » version r&b féminin. Dans la même veine Lil Waynisante, « Video Phone » paraît plus épuré mais pas moins réchauffé. Cinq pistes, fin du disque. Rageant.
Deluxe Edition @@@
11 chansons seulement répartis sur 2 CDs (de 5 et 6 titres ni r&b, ni soul) pour la version standard, c’est maigre, trop maigre. Qui plus est, sans aucun featuring, pas même Jay-Z. Ensuite, choisir entre un disque de pop/folk ou d’électro-pop/dance, soient autant de morceaux qui vont sûrement bénéficier de fréquentes rotations en radio, bonjour l’escroquerie. Quel intérêt de séparer des chansons par genre ? Allons voir alors la version Deluxe avec des assortiments supplémentaires (majorée au niveau du prix). Deux pistes en rab pour le CD I Am… : « Smash On You » et « That’s Why You’re Beautiful », si vous en voulez encore des éternelles ballades pop/folk. CD Sacha Fierce. Quand on écoute « Hello », on est perdu. Vu le style, ce morceau aurait dû se retrouver normalement sur l’autre CD, pareil pour « Scared of Being Lonely ». Il faut attendre « EGO » avant d’écouter enfin une chanson aux traits de soul music moderne. C’est pas du luxe.
On vient d’apprendre à nos dépends avec I Am Sacha Fierce que la maturité artistique ne rime pas toujours avec une évolution naturelle des choses. B’Day avait déjà marqué une dérive vers la pop/r&b, I Am… Sacha Fierce maintient ce cap. En fait, sortir des sentiers du r&b revient à faire de la pop ou de la musique pour les clubs. Les fans de Dangerously In Love seront une nouvelle fois déçus de la tournure des choses, à croire que B garde ses immenses capacités de soul singers pour ses rôles au cinéma, tels que Dreamgirls et prochainement Cadillac Records qui sortira dans les salles américaines en Décembre.
Que les choses soient claires : Beyonce a changé de catégorie musicale, passant de la soul/r&b à la variété, puisqu’elle a tenu à en faire pour ce troisième album. Est-ce qu’elle va réellement finir comme un mélange entre Jennifer Lopez et Rihanna à ce rythme-là… Je sais que j’exagère, je ne lui souhaite pas ce sort, loin de là. Je respecte son choix, c’est tout à son honneur et sincèrement, elle restera toujours une grande artiste à mes yeux. Mais malgré cette concession, ça ne change pas le fait que le rhythm’n blues ‘populaire’ tourne pas rond, c’est moi qui vous le dit !



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