On se plaint sans arrêt que le hip-hop Eastcoast peine à sortir la tête du raz-de-marée Dirty South depuis un moment. Mais on oublie presque souvent que la Westcoast non plus n’a pas été épargnée, actuellement se situant dans une période de désintéressement flagrant. Comptons ensemble le nombre de rappeurs de la Côte Ouest signés en maison de disque : Snoop Dogg et The Game chez Geffen, Problem, le petit nouveau signé chez Universal Republic, puis Murs chez Atlantic (mais il ne fait pas de rap westcoast à proprement parler),… Sans compter bien sûr Dr Dre dont on attend avec une patience extrême son Detox et son protégé Bishop Lamont prévus pour 2009 au train où vont les choses. Le passé demeure glorieux mais dans le présent, il ne reste qu’une poignée de têtes d’affiche.
Jusque fin 2006, Daz Dillinger se trouvait aussi dans cette situation puisqu’il était signé chez So So Def (distribué par EMI-Virgin), où il avait d’ailleurs sorti son fameux So So Gangsta avant de se faire évincer pour mauvais résultats de ventes. Très malin dans le business, il avait toutefois gardé un pied dans le milieu indépendant via ses sociétés DPG Recordz et Gangsta Advisory. Only on the Left Side a démarré son enregistrement tout de suite après son départ de major, encore a-t-il fallu qu’il galère pour trouver un distributeur. Entre temps, il sort le très passable Gangsta Party, pas pour redonner confiance si j’en crois les différents avis perçus. Mais après une signature expresse chez Fontana Music, petit label affilié à Universal Music (où a signé Killer Mike), Daz peut enfin sortir son 11e album et prouver que le DPG est là pour demeurer.
La tradition veut que les sorties Westcoast se déroulent pendant la période estivale afin de mieux profiter de cette musique venue de la côte pacifique ensoleillée. En Juillet 2007, Dillinger nous avait envoyé son single « My Summer Vacation » pour nous raconter son tour des Etats-Unis dans les ghettos des grandes villes. Un peu plus d’un an après, Only on the Left Side sort le même jour que Raw Footage d’Ice Cube pour donner un gros coup de chaud à notre été. Comprenez ‘chaud’ dans son ambiguïté : haute température et tension typiquement gangsta.
Le ciel n’est pas bleu tous les jours mais ce sont les couleurs du gang des Crips que porte haut Daz sur cet album, dont l’intronisation se fait violente dès le départ avec « Squeeze », averti par des claviers, suivi de quelques coups de feu, puis un beat ultra-nerveux entraîné par des synthés purement G Funk. C’est ce qui s’appelle « mettre la pâtée ». ‘Keep it gangsta’ reste l’éternelle devise de Daz Dillinger, avec les sujets classiques qui vont avec : les traînées, les coups d’un soir, l’herbe et le low-ridin à l’heure de la Bay Area avec « Dip, Drop, Stop, Dip », autre extrait de cet opus. Keak Da Sneak, reconnaissable à sa voie de sorcier atteint d’un cancer du larynx, est l’invité logique de ce titre qui ne sonne pas du tout Hyphy, plutôt du rap westcoast conventionnel et laid-back à souhait.
Les amateurs d’ambiance californienne spécifique du gangsta rap seront servis avec une plâtrée de tracks à s’écouter tranquillement au volant, fenêtre baissée et coude à l’air, ou au bord d’une piscine soleil couchant, comme « Meal Ticket » feat Krayzie Bone, de la bonne ‘bionic’ avec « Blaze Up The Weed », « Me & My Cuzzin’ » avec le cousin Snoop, « Who I Be », « Dip Drop Stop Dip » à tester en voiture (si possible avec de bons amortisseurs) et « This Iz How We Live » avec l’ami Kurupt pour une spéciale Dogg Pound.
Les nouveaux beats de Daz sont redoutables, passant de travers dans un style sudiste à la sauce DPG, du gangsta crunk pour ainsi dire qu’on peut s’écouter sur « I’m Da Dopeman », « This Is How We Do It » et des passages au ralenti fréquents (pour ne pas dire pas screwed and chopped) sur la plupart des titres. Daz montre les crocs « Only on the Left Side », sur lequel il sample un extrait de « Drop It Like It’s Hot » de Snoop Dogg pour représenter sa couleur fétiche, pour ensuite jouer les chiens en rut sur « Do Ya Thang » et le terrible « This Weekend » avec Soopafly. Enfin, il montre patte blanche sur « Regretz » (feat Tyrese & Nicole Wray) et par après se ressaisit sur « Who I Be ». La collaboration avec Obie Trice aboutit à un résultat intéressant, à en juger « My Wayz R Shady ».
En tout état de cause, les productions de Only on the Left Side sont très bonnes. Daz reste égal à lui-même, on n’attendait pas moins de sa part. Véritable as du clavier depuis plus de quinze ans, il fait évoluer sa patte caractéristique en se mettant à la page, avec des up-tempos enragés typés trap muzik tout en gardant des vibes bien laid-back comme on adore. Une autre ombre au tableau, l’intrusion de Swizz Beatz sur « I’m So Hood » est correcte, plus ou moins supportable selon les jours. Mais avec ou sans ça, Daz signe ici son meilleur albums depuis Tha Dogg Pound Gangsta LP.
C’est le skeud West Coast que j’attendais le moins et au final c’est loin d’être le moins bon des 3 ( Game & Cube ).
Agréable surprise aussi vu que j’avais écouter aucun son pratiquement avant que le LP soit dispo et j’ai plutot bien aimé ce nouveau album de Daz
N’empêche c’est hallucinant de voir de nos jours comment Daz est oublié des auditeurs rap car l’album pas grand monde en parle alors que Daz reste quand même une figure au niveau d’la West Coast …
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