Hi-Teknology 2 avait marqué un léger tournant dans la carrière de Hi-Tek (à ne pas confondre avec notre Hi Tekk national, moitié de La Caution), dévoilant le nouveau stade de son évolution en tant que producteur et affirmer sa notoriété d’après la foule d’invités conviés sur ce projet d’envergure (à l’échelle indépendante). Un an après ce retour, pour battre le fer tant qu’il est chaud comme dit le dicton, il enchaîne direct avec Hi-Teknology 3 sous-titré ‘Underground’, un 3e volet passé quasi inaperçu dans l’Hexagone. Et pour cause, l’album n’a été distribué qu’en Angleterre, a été peu promotionné par Babygrande et n’a pas pleinement convaincu les critiques hip-hop américains. En lisant les reviews, je baignais dans l’incompréhension, je me demandais comment après avoir confectionné un remarquable second opus, il ait pu décevoir tant. Comme on n’est jamais mieux servi par soi-même, je suis allé chercher ma réponse.
En scrutant scrupuleusement le dos du CD, je commence à comprendre le choix de la désignation ‘underground’ : beaucoup de nouvelles têtes, des chanteurs soul/r&b, des valeurs sûres et quelques vétérans. J’avais précédemment entendu parler de Snoop Dogg et Sean Kingston aussi mais ils ne figurent pas dessus. Par préférence, j’entame l’écoute par « My Piano » avec la doublette Shaolin Ghostface/Raekwon et Dion, tous les trois très bons, et « God’s Plan » qui officialise la signature des Outlawz (l’ancien groupe de 2Pac) sur Cashville Records, le label de Young Buck. Ça fait toujours plaisir d’entendre Kurupt sur des projets ‘hors-Westcoast’ comme sur « Back on the Grind » feat Dion à nouveau et Riz. Artiste récurrent de ces deux derniers volets de Hi-Teknology, on le retrouve une troisième fois sur le remix de « Step Ya Game Up » des Little Brother. L’instru est identique à celle présente sur Getback des LB, sauf que Dion pose un couplet supplémentaire afin qu’on puisse en déguster auditivement sa voix suave. Il serait quand même grand temps que ce chanteur soul signé chez Aftermath sorte un disque prochainement.
Ensuite, je me suis dit que ça serait intéressant de voir ce que valent les petits nouveaux, non sans appréhension. Dans les arguments justifiant la faiblesse de cet album, j’ai cru lire que ces rookies en question n’étaient pas si doués que ça. Effectivement, je le confirme, ça ne vole pas bien haut. Rien qu’avec Cross qui passe le test en premier sur « Ohio All Stars » (avec aussi en featuring Chip The Ripper, Showtime & Mann), et à en juger ses lyrics, faut croire que The Game lui sert d’exemple : « I’ve got the flow like ‘Pac/ I’ve got the weight like Biggie/ I’ve got the muscles like I fuck with 50/ I’ve got the rock, just like I was with Hov’/ I’ve got the quarter, but I’m not Weezy/ I’ve got the snow, but I’m not Jeezy/ I’ve got the birds flying but I’m not in the Byrdgang. » Amusant comme egotrip. Rem Dog lâche « I’m Back » alors qu’il arrive de nulle part, Push Montana se prend pour un psychopathe et mis à part M-1 des dead prez sur « Handling My Bizness », le reste m’a laissé indifférent. Où Hi-Tek a-t-il déniché ces gars ? Et je ne parle même pas des beats qu’il leur a refourgué, ils dépassent tout juste la barre du niveau correct. Maintenant je sais pourquoi Hi-Teknology 3 n’a pas marché, là au moins je suis fixé.
Ce que je retiens de positif sur ce disque, c’est qu’Hi-Tek se débrouille fort bien avec les artistes soul/r&b, surtout qu’il a le flair pour recruter des talents, comme l’anglaise Estelle sur « Life to Me », sa protégée Jonell s’essayant à la nusoul avec « Know Me » et bien sûr Dion, se retrouvant la reformation des Reflection Eternal avec Talib Kweli sur « Time », très satisfaisant. Son passage chez Rawkus semble devenu de l’histoire ancienne pour lui, n’en déplaise aux nostalgiques de la belle époque du label, mais dix ans après Train of Thoughts, ça ne serait pas du luxe d’accueillir une suite digne de ce nom. Un dernier commentaire sur son fabuleux instrumental « Come Get It », quelque part entre hip-hop lounge technologique et musique de pub pour des produits electro-ménagers (sorry pour la comparaison). Ma note pour Hi-Teknology 3 : 3@, logique.