Pharoahe Monch « Desire » @@@@


Depuis la fin de la période de gloire chez Rawkus, nous n’avions presque plus eu d’écho de Pharoahe Monch depuis son single « My Life » avec Styles P en 2002. Après une longue traversée du désert, ne survivant pendant quatre années que par quelques featurings au compte-goutte ça et là, l’ex-membre des Organized Konfusion revient huit ans après Internal Affairs.

Dire qu’un second album était attendu tenait du doux euphémisme, surtout lorsqu’il réapparaît en trombe l’été dernier sur The Shining de J Dilla, avant lâcher quelques semaines plus tard son premier extrait au titre évocateur, « Desire », qui deviendra l’intitulé de son deuxième opus. Sur cet instru triomphal signé Alchemist, boosté par les vocalises surpuissantes de Showtyme (et non K-Ci comme certains l’ont cru), Pharoahe montre avec panache qu’il a gardé du poil de la bête : « I am the poetical pastor/ Slave to a label but I own my masters/ Still get it poppin’ without artist and repertoire/ Cause Monch is a monarch only minus the A&R ». Vous l’aurez compris, personne ne dicte la direction artistique de Pharoahe Monch, il est sa propre entreprise, et c’est une très bonne chose.

Mais sa maison de disque SRC Records aura repoussé le délai de livraison de six mois, pour que finalement Desire puisse voir le jour au début de l’été 2007. Pour combler cette attente supplémentaire, ont succédé deux autres morceaux de haute teneur, le soulful « Push » (qui nous familiarise à nouveau avec l’aspect chant du MC) et l’énergique « Let’s Go », très rock’n roll. Tout a l’air de bien s’annoncer à ce moment, et la lueur d’espoir s’amplifie quand le clip de « When The Gun Draws » défile devant nos yeux : Pharoaphe raconte l’histoire d’une balle de pistolet dans ce thriller glauque produit par Mr Porter (aka Kon Artis des D12). Puis au moins de Juin, c’est la libération, l’instant tant désiré, un gospel fédérateur nous amène aux guitares électriques de « Free », le morceau d’ouverture de cet album enfin arrivé à nos oreilles. Et Pharoahe Monch nous le fait savoir en portant haut et fort cette voix unique lorsqu’elle se met à sermonner, et qui devient off-beat lorsqu’il faut rapper. Et le second single officiel « Body Baby », avec son style entraînant bien rétro, fera assez vite oublier cet accueil sabordé. Mieux vaut tard que jamais comme on dit. Et le résultat est évidemment à la hauteur du soulagement.

La Soul est un élément omniprésent sur Desire, que l’on retrouve sous plusieurs formes. Cela peut être l’âme (‘soul’ en anglais) d’une balle sortant d’un barillet (« When The Gun Draws »), il peut s’agir d’un message caché à la conscience collective comme sur la version revisitée de « Welcome To The Terrordome » des Public Enemy, ou alors sous sa forme personnifiée au travers d’Erykah Badu sur « Hold On ». Et bien évidemment, elle se caractérise aussi sous forme de samples soulfuls, c’est le cas du nocturne « Bar Tap » (sur une production de Black Milk) et du très intimiste « So Good », qui reprend magnifiquement « My Place » de Tweet. Avec un tel dénouement au fil de l’album, on s’attend à un ‘happy ending’. Coup de théâtre, Desire s’achève sur un polar en storytelling : Pharoahe Monch établit une mise en scène en trois actes (une « Trilogy » en chronologie inversée avec le chanteur nusoul Dwele au milieu) pour commenditer et masquer l’assassinat de sa propre femme et de l’amant qui partageait son lit. Le MC a-t-il vendu son âme au Diable? La suite au prochaine épisode !

(écrit le 3 Aout 2007 sur Rap2K.com)

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