L’année 2005 fut courronnée en beauté par le nouveau disque de la Reine du Hip-Hop Soul, ‘The Breakthrough’. Après deux opus un peu boudés (‘No More Drama’ et ‘Love & Life’ produit par Diddy), Mary J Blige revient à un style qui lui correspond nettement mieux et qui lui permet de s’exprimer pleinement. Et les scores de ventes significatifs aux Etats Unis (plus de 700 000 disques vendus la semaine de sa sortie) témoignent bien de la satisfaction des fans de la belle.
On est rassuré en premier lieu de retrouver une Mary J Blige resplendissante, débordante de vie et d’énergie (qu’elle avait pas mal gaspillée sur son précédent album). On repense dès lors au très mélancolique et magnifique chef d’oeuvre ‘Mary’ sorti en 1999, la même aura mais plus positive désormais. Pas de Dr Dre pour un éventuel single mais d’autres producteurs renommés comme Brian Micheal Cox, Will.i.am des Black Eyed Peas (« About You »), Darkchild (« Enough Cryin »), Jimmy Jam & Terry Lewis (« Can’t Get Enough »)… et même le prodige 9th Wonder, avec une production plus élaborée que son registre habituel (« Good Woman Down »).
Clin d’oeil au R&B des années 90, un brin de nostalgie aux accents de new jack (« Gonna Breakthrough »), on peut même surprendre Mary J en train de rapper sous l’alter-ego Brook Lynn (bien trouvé le nom en plus) ! Même parfum avec « Baggage », avec un petit côté Mary Jane Girls au refrain. Qu’il est bon de regoûter à un véritable rythm’n blues urbain épuré de sonorités electroniques et des beats saccadés! Les ballades redeviennent elles aussi digne de ce nom (« Be Without You »), toujours avec ce petit quelque chose d’introspectif qui incite à revenir dans le passé. Sur « Take Me As I Am » par exemple, la boucle de violon et piano est la même que celle empreintée déjà par Jay-Z sur son classique « Dead Presidents ». Ce même Jay-Z que l’on retrouve en featuring de luxe pour faire les backs de « Can’t Hide From Luv » mais sans lâcher de couplet, dommage! Bémol aussi concernant « MJB Da MVP », reprenant l’instrumental de « Hate It Or Love It » de The Game, à l’identique, mais ne conservant que la parties du refrain de 50 Cent. Plutôt curieux surtout lorsqu’elle fait la rétrospective de ses succès (en chantant) sur ce morceau.
Faisons abstraction de ces petits défauts pour mettre plus en valeur la force de ‘The Breakthrough’: les ballades et slow-jamz. Et pour cela, il faut arriver en fin de disque. Même s’il s’agit toujours de parler d’amour, cela ne revient pas toujours à n’en voir les bons côtés, comme le suggère le dramatique « Ain’t Really Love », regorgeant de désespoir et froideur, ou l’embrouille conjugale avec Dave Young sur « Alone ». Une chanson qui prend aux tripes et lourd de sensibilité: « Father In You ». Un sujet très délicat et émouvant qui est d’autant plus amplifiée par la voix de Mary J, c’en est marquant. Dans un registre plus pop, la reprise de « One Love » des U2 avec le chanteur Bono, pour la bonne cause, demeure assez bonne. Le musicien Raphael Saadiq compose deux très belles chansons, la première, très soulful (« I Found My Everything ») fait étinceler la voix de Mary J Blige telle une Aretha Franklyn. La seconde se trouve en bonus track de choix: « So Lady » clôt ce disque sur un très bonne note.