Bizarre des D-12, la fameuse bande à Eminem, c’est le gros tas de graisse de Detroit un peu débile, délirant, dépravé, déprimé (et déprimant), dégonflé, déroutant, dérangé (et dérangeant), dégoûtant, déglingué, déconseillé aux adolescents, décalé, déphasé par rapport à la vie et aux beats, débite de façon imprévisible, la mine déconfite, rappe délibérément et dégoulinant de lyrics dégueulasses. Après un début avec ‘Attack of The Weirdos’, sorti en indépendant bien avant le premier disque des Dirty Dozen, il en est de même pour ce premier solo officiel ‘HanniCap Circus’, un album personnel dans la mesure où il reflète vachement bien le personnage.
Note: Je crois avoir été l’un des rares à avoir été amusé par ce rappeur décrié.
Bizarre avait laissé un avant-goût morbide sur « Just Like U », extrait de ‘D-12 World’. Premièrement, si vous vous attendez à un disque mélancolique et sombre comme ceux des D-12, vous vous mettez un doigt dans le cul. Deuxièmement, vous pensiez sincèrement que son solo ne tiendrait pas la route ? C’est comme Cendrillon à Amytiville. Troisièmement, vous n’aimez pas les textes trash bien glauques, se référer au premièrement. Quatrièmement, il n’y aura pas de cinquièmement. Parce que d’abord, Bizarre est très loin d’être si stupide qu’il en a l’air. Il suffit de croiser en louchant son regard de psychopathe. Comme son choix de ne pas faire partie du roster de Shady Records, de peur de faire trop peur au grand public.
Bizarre a pu compter tout de même sur quelques producteurs de pointe ; Hi-Tek, Eminem, Denaun Porter pour ne citer que les plus connus. En invités : Swifty, Raphael Saadiq (!!), Big Boi des OutKast et le crooner pornolyriciste Devin the Dude sur « Porno Bitches ». Si « Rockstar » est le premier single, le véritable morceau de rap/métal c’est « I Need A Friend », jouant l’autodérision dans son personnage de boulet transi. Ce gros hippopotame hypochondriaque coiffé d’un bonnet de douche (« Doctor Doctor » feat Obie Trice & Dion) remercie Dieu pour sa beuh quotidienne (« Gospel Weed Song ») sur des sonorités parfois westcoast et laid-back (« Ghetto Music »). Là où il reste le plus malsain, c’est dans les morceaux qui parlent de relation homme-femme ou de drague (« I’m In Love Witchu », « Fuck Your Life »). Son flow souvent off-beat et proche du parlé surprend toujours autant, un argument récurrent des haters.
Bizarre est évidemment un rappeur à prendre au 2e (voire 3e) degré de brûlure. Pas la peine de se fâcher lorsqu’il reprend de façon satyrique et hilarante « Today Was A Good Day » d’Ice Cube tournée en « Bad Day » (prod Erick Sermon). ‘HanniCap Circus’ peut paraître une suite de morceaux aussi monstrueux que chelous, les skits tombent aux bons moments pour reprendre son souffle et repartir dans de nouvelles mésaventures bien cradingues pleines d’humour noir.
N’est pas Bizarre qui veut. Pas la peine de dire qu’il raconte de la merde, c’est que vous en avez dans les oreilles. De toute façon, cherchez pas à le faire chier, Bizarre vous emmerde. Si t’aimes pas son ‘HanniCap Circus’, tu peux le foutre où je pense, l’effet reste le même : ça fait du bien par où ça passe ! En tout cas la question est posée : Bizarre est-il le réinventeur du gore-core ou juste du très mauvais goût ?