A l’occasion de sa série Legend Has It… démarrée avec l’excellent Victory de Slick Rick, Nas a fait appel au légendaire -forcément -Raekwon pour lancer le deuxième missile. Rae s’est alors mis au travail pour balancer The Emperor’s New Clothes et faut avouer qu’il n’a pas forcé…
La carrière de Raekwon est incompréhensible, un vrai yo-yo. Ou plutôt si, il y a une certaine logique : dès que RZA est présent à la production, l’album est très bon voire excellentissime. Sinon, ce n’est pas la peine de compter sur un projet artistiquement abouti. Rae est un surdoué du flow et du récit qui a cette mauvaise tendance à se reposer trop facilement sur ses lauriers. Résultat des comptes, après la très bonne suite d’Only Built 4 Cuban Linx en 2009, Shaolin vs Wu-Tang a rencontré des fortunes diverses et pire, ses deux précédents opus (F.I.L.A. et The Wild) sont absolument anecdotiques, au point que je les ai moi-même reniés. C’est désolant de constater à quel point Corey Woods s’entête à en faire le minimum. De base, le niveau devrait être celui de ce Emperor’s New Clothers, où il s’occupe du service minimum.
Il est parfois facile de se dire que, parce que c’est Raekwon, parce que c’est Nas derrière, parce qu’il y a pas mal de membres du Wu d’investis dedans, cela va être un album du tonnerre. Alors qu’en fait : ce sera juste un ‘ça va’. Parce qu’il n’y a pas RZA? Non je ne serai pas l’homme qui va se réjouir d’avoir raison (quoique…), mais qui sera quand même satisfait de la qualité du produit, alors que la générosité et le côté gourmet ont régressé depuis des années. Il va bien falloir se contenter de ça de toute façon. « Bear Hill » et les trois collaborations avec son comparse de toujours Ghostface (dont l’extrait « 600 Schools ») ne m’ont pas fait lever un seul sourcil. Ce sont des bons gros beats avec de bons samples de soul music et un bon Raekwon au niveau avec son flow toujours incroyablement fluide, mais dont les histoires sont moins intéressantes que par le passé. Au point que le morceau super-classe « 1 Life » (produit par la JUSTICE League) fait tâche, quelle ironie. Et pour un super lyriciste comme lui, faire plusieurs titres qui ne passent pas la barre des trois minutes, c’est un peu la honte…
Sinon quelques tracks s’en tirent avec mieux des honneurs comme « Omerta » avec un couplet de Nas carrément (h)au(t) niveau servi par un instrumental de Nottz. Et même si ce titre fait écho dans ma tête à « All I Got Is You » de Ghostface, « Debra Night Wine » avec Marsha Ambrosius fera l’affaire. On peut saluer aussi la performances sous pression de Benny The Butcher et Conway the Machine, qui font mieux que d’habitude pour se mettre au niveau, et qui rallongent le temps d’écoute. Mais je dois être honnête avec moi-même et avec vous, question de respect. The Emperor’s New Clothes n’est qu’un échantillon de ce que Raekwon est capable de faire en mode ‘normal’, sans chercher la difficulté. Après huit ans d’absence, c’est frustrant. Il y a eu des come-backs qui resteront dans les annales en 2025 (Clipse, Slick Rick, Mobb Deep…), ce 8e opus solo de Raekwon n’en fera sûrement pas partie. Et pour la note, sachez que je suis plutôt généreux, ça valait un peu moins.
LA NOTE : 13,5/20


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